Selon les données récentes sur la situation épidémiologique, le choléra continue à sévir le long du fleuve Congo. Le monitoring de l’OMS relève 7.232 cas avec 405
décès, à la date du 25 octobre 2011. La province de l’Equateur est la plus affectée avec 2.927 cas et 159 décès. Dans la Capitale, Kinshasa, 577 cas ont été enregistrés dont 26 décès. Les
partenaires continuent à aider le gouvernement dans la lutte contre la pandémie. Il y avait, à la date du 24 septembre 2011, environ 6.234 cas de choléra enregistrés en R-dC. Et la tendance est
haussière en dépit d’un ralentissement observé il y a peu. Selon des experts en santé, le retour des pluies qui fait craindre e pire, est pour quelque chose dans cette évolution de l’épidémie. En
vue de renforcer la surveillance épidémiologique, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recruté trois épidémiologistes pour appuyer le ministère de la Santé publique. L’OMS est active dans
la coordination de la lutte et la surveillance de l’épidémie grâce notamment à ces 3 épidémiologistes déployés dans les provinces de Bandundu, Equateur et à Kinshasa. Cette intervention se sent
également dans la sensibilisation et dans l‘apport des médicaments et équipements nécessaires pour la lutte contre la maladie. L’UNICEF, quant à elle, est active dans les domaines de l’eau,
l’hygiène et l’assainissement, en collaboration avec les ONG internationales telles que l’OXFAM, Solidarité, tout en fournissant également des intrants. Médecins sans frontières et Coupy prennent
actuellement en charge les centres de traitement de choléra. De nombreux autres partenaires tels que la Croix-Rouge de la R-dC, Médecins du monde, Alima interviennent aussi dans la
sensibilisation et l’éducation en matière de santé, la prise en charge de cas ainsi que dans l’assainissement. Il est aussi important de noter que la lutte contre le choléra passe également par
des efforts individuels que chacun de nous, dans nos foyers, dans nos quartiers, fait pour respecter les règles de base en matière d’hygiène. La préoccupation majeure demeure donc la
sensibilisation des enfants sur les mesures d’hygiène, notamment le lavage des mains avec l’eau et du savon après avoir été aux toilettes, avant de toucher les aliments, avant et après les repas,
ou encore de faire la cuisine et de servir les repas chaud, sans oublier les précautions à prendre après tout contact avec le malade... À cela s’ajoute la prévention, dans les îlots de Kinshasa,
sans compter les dispositions pendant la saison des pluies. En effet, le retour des pluies risque d’empirer une situation qui tend à se stabiliser. D’après l’OMS, les pluies abondantes peuvent
notamment augmenter le niveau de certaines sources d’eau contaminée, augmentant ainsi le nombre des cas. Elle appuie également l’installation d’une unité de traitement du choléra (UTC) dans
l’enceinte de l’Hôpital général de référence de Kintambo pour parer l’augmentation des cas avec le retour de la saison pluvieuse. Selon le tableau de surveillance de l’épidémie, les provinces
touchées sont le Bandundu, l’Équateur, la province Orientale et Kinshasa. A l’Équateur où l’épidémie sévit le plus, plus de 2.000 cas dont plus de 116 décès ont été enregistrés et 8 zones de
santé sur 20 touchées continuent à rapporter des cas. Quant à la ville de Kinshasa, seules les communes de Limeté (quartier Kingabwa) et Maluku continuent à notifier des cas alors que le nombre
des cas enregistrés s’élève à plus de 399 cas dont 25 décès.
DES ÉTUDES À L’EST.
Le choléra est une maladie contagieuse provoquée par le microbe vibrio cholerae.
se manifeste par une diarrhée de 20 à 40 selles liquides par jour, accompagnée des vomissements et d’un affaiblissement rapide du malade à cause d’une perte massive
d’eau. Après une phase d’études à l’Est de la R-dC, des études médicales ont permis de détecter 7 villes comme principaux foyers de propagation du choléra. En juillet 2007, la Fondation Veolia
Environnement a accordé un premier soutien financier aux études menées par deux médecins: l’un r-dcongolais, Dr Didier Bompangue, et l’autre français, professeur Renaud Piarroux de l’université
de Besançon qui travaille depuis à l’université de Marseille. Leurs deux équipes ont entrepris de lutter pour éliminer le choléra en R-dC. Cette infection intestinale sévère, qui cause des
vomissements et des diarrhées foudroyantes, est en effet responsable chaque année de milliers de morts. Entre 2000 et 2005, on estime qu’environ 3.400 personnes en sont mortes dans les seules
provinces orientales du Kasaï et du Katanga. Durant 5 ans, les deux médecins collectent des informations essentielles pour comprendre comment cette maladie se propage à un moment donné. En effet,
alors que la bactérie du choléra réside de façon endémique dans les eaux stagnantes - bras morts des rivières, mares, abords de lacs, estuaires...
-, on ne comprend pas bien pourquoi l’on passe d’une situation endémique à une épidémie meurtrière en quelques semaines. Agir aux niveaux technique, médical et
pédagogique. Les études menées avec persévérance, et souvent dans des conditions très difficiles, ont permis d’identifier 7 villes foyers d’émergence et de diffusion de ces épidémies dans l’Est
de la R-dC. De nombreux acteurs sont alors sensibilisés à la nécessité d’agir: des médecins épidémiologistes du ministère de la Santé publique, l’ONG Solidarités et Veolia Veoliaforce. Un plan
stratégique d’élimination de la maladie durant la période 2008- 2012 est validé par le gouvernement r-dcongolais. La première des villes dans laquelle se déroulera le programme dénommé
«Environnement pour la Santé» est Kalemie, située sur le rivage du lac Tanganyika. Les actions sont de trois ordres. Au plan technique, les infrastructures de production et de distribution d’eau
seront rénovées et renforcées au plan médical,les malades seront tous pris en charge afin d’éviter une nouvelle propagation de la maladie. Enfin, au plan pédagogique, des mesures de
sensibilisation à l’hygiène seront développées au sein de la population. Veolia Veoliaforce participera aux travaux dans l’usine de production d’eau potable et sur tout le réseau d’adduction
d’eau. Deux missions ont eu lieu courant juillet 2008 et début 2009 regroupant l’ONG Solidarités, le Dr Didier Bompangue et des experts de la Veoliaforce. Cette mission a pour but de chiffrer les
travaux à réaliser sur les installations hydrauliques et de définir les mesures prioritaires pour le renforcement des activités de veille épidémiologique. Ce programme pilote qui doit se dérouler
sur 3 ans sera ensuite transposé dans les 6 autres villes foyers d’infection: Bunia, Goma, Uvira, Bukavu, Bukama et Kasenga. Devant l’ampleur des besoins, de grands acteurs humanitaires seront à
leur tour mobilisés l’OMS, l’UNICEF, d’autres ONG ainsi que d’autres universitaires r-dcongolais, belges et français.
Nzila Mungenga Senda