Créé le 19-11-2011 à 23h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le vendredi 18-11-2011 à 23 H 00| AFRIQUEREDACTION PAR: LA RENAISSANCE
Dans notre édition numéro 00, nous avons publié en une un dossier sulfureux, faisant état du détournement de plusieurs millions de dollars au sein de l’OCC, Office
congolais de contrôle. Notre dossier était particulièrement documenté, et nul démenti ne pouvait en être fait. Une enquête supplémentaire, et nous apprenons que la maffia s’est installée dans cet
office avec des soutiens très puissants qui la protège. Ainsi, concernant le dossier des détournements à l’agence OCC de Boma au Bas-Congo, le comité de gestion que dirige le DG Albert
Kasongo Mukonzo, a diligenté, sous la pression des syndicalistes, une «Commission d’audition centrale», afin d’instruire le dossier disciplinaire à charge de M. Mavula Nagahosa, chef de l’agence
de Boma, et consorts. La note est référencée DG/AKM/013/2010-EN, et est datée du 11 mars 2010. La commission est présidée par Mpeti Eliya Botema, avec Batubenga Ngindu comme secrétaire
rapporteur. Elle comprend également les agents ci-après Mbo Ipan, Kalande Mota, Dianzodila, Luhembwe Lukonzola, Matungulu Kola, Mabenze Gbey, et les syndicalistes Fortunat Ndambo, Matudidi, Bosco
Mwehu, Shora Shematsi, et Okit’Odimba. Mais pour que la farce soit complète, cette commission ne descendra pas sur les lieux du crime. Elle devra se contenter d’auditionner les personnes
incriminées à Kinshasa. Une première. En gros, la commission établit tous les délits que nous avons rapportés dans notre article. Mais comme si on leur avait copieusement mouillé la barbe, c’est
au niveau des sanctions qu’ils vont se montrer d’une complaisance frisant la complicité. Pour M. Mavula : 15 jours de mise à pied ; pour son adjoint Selubanzi : 15 jours de mise à pied ; pour le
chef du service administratif et financier Kitenge : 7 jours de mise à pied, pour l’adjoint au service administratif et financier Luzangayamo : 7 jours de mise à pied. On croit rêver ! Des
millions de l’Etat sont détournés, et c’est cela les sanctions qui sont proposées. Et Kasongo lui-même, en tant que DG ne peut même pas s’assumer.
Dans sa dernière conférence de presse au Palais de la nation, à la question de savoir pourquoi il ne sanctionnait pas les détourneurs, Joseph Kabila a demandé les
preuves. En manque-t-il vraiment ? Nous en doutons, car dans ce dossier, des sources crédibles nous ont rapporté que l’ANR a convoqué tous les membres du comité de gestion pour les verbaliser. Et
puis, la ministre du Portefeuille, Jeannine Mabunda Lioko Mudiayi, est intervenue pour signifier au comité Kasongo Mukonzo que les sanctions prises contre les détourneurs étaient ridicules, et
exiger leur «mise à l’écart». Depuis lors, le comité Kasongo Mukonzo n’a rien fait contre eux. Pourquoi ? Dans le dossier des badgeuses, qui mouille fortement le DGA Christian Wolf Kimasa,
candidat député à Kinshasa 1/Lukunga pour compte du PALU, c’est la justice qui s’en est mêlé. Pour protéger les voleurs. Le dossier avait, en effet, été transmis à la justice pour se donner bonne
conscience, comme si le DG Kasongo, au regard des prérogatives qui sont les siennes, ne pouvait pas décider seul. Et là, surprise : on apprend par une lettre du PGR Flory Kabange Numbi que le
dossier a été classé sans suite. En effet, il écrit au procureur général près la Cour d’appel, pour lui demander «d’instruire le nouvel Officier de police judiciaire de la Direction des
renseignements généraux et Services spéciaux du classement sans suite du dossier intervenu à votre niveau ou, au besoin, vous faire communiquer les procès-verbaux dressés par cet officier de
police judiciaire». L’affaire est ainsi classée sans suite. Et la vie peut continuer son cours normal à l’OCC où, pourtant, des millions ont été engloutis. Kabila, pas toujours au
courant?
Pour rafraîchir la mémoire de nos lecteurs sur ce dossier incroyable, nous republions ci-après notre article de l’édition 00.
Cela aura été la profession de foi de la décennie. Venant du président de la République en personne, frais émoulu et blanchi sous le harnais du suffrage universel,
pour une fois, ça ne saurait être des slogans creux à la manière Mobutu-Parti Etat. « Mais, nous ne pouvons atteindre cette ambition qu’à la condition qu’un changement plus profond et substantiel
intervienne dans notre perception de l’action publique ». La voix est ferme et le message n’est nullement altéré par cet accent british qui lui sied si bien. Il poursuit : « Pour cela, avec
l’accord de tous, j’annonce, aujourd’hui, la fin de la recréation, afin que le Peuple puisse se consacrer entièrement au travail et ce, dans la paix et la tranquillité ». Puis « Il en est de même
de la lutte contre l’impunité et l’immoralité politiques qui sont malheureusement enracinées dans le sol politique congolais. Il y a un fléau qui est à la base du ralentissement total de notre
développement. Je veux parler de la corruption. La lutte contre la corruption sera également un des segments prioritaires de mon mandat. Car la corruption, qui est un profit illégal et
individuel, porte atteinte à la crédibilité du Gouvernement et à la légitimité de la démocratie. Elle est aussi une autre forme de criminalité que je combattrai avec la dernière énergie ». Et
pour conclure « J’entends avertir que les prisons de l’Etat seront ouvertes à tous ceux qui se mettront en travers de la loi ». Afin que nul n’en ignore, l’opération « Tolérance zéro » a été
lancée dans la foulée, dans le but bien compris de relancer la morale publique. Si les écuries d’Augias doivent bien être nettoyées, il importerait de jeter un coup d’oeil à l’Office congolais de
contrôle, OCC, où avant « Tolérance zéro » semble bien être égal à après « tolérance zéro»
« Ahurissant ». Le mot n’est pas trop dur pour décrire ce qui se passe à l’OCC. Il a pourtant été prononcé par le très sobre Nestor Diambwana, connu pour son sens
de la mesure. Dans son bureau lambrissé de l’avenue du Port, Gombe centre-ville, s’empilent des rapports toujours plus alarmistes. Et qui démontrent, mieux que mille clichés combien notre Office
de contrôle est géré : un bien sans maître par excellence, laissant ainsi libre cours à la prédation, au trafic d’influence, bref, à la liquidation pure et simple de l’entreprise où, pour la
première fois depuis bien longtemps, des agents ont appris à supporter les arriérés des salaires.
Au centre du scandale, l’indolence - et l’incapacité - du comité de gestion que dirige l’ADG Kasongo Mukonzo. Au final, des millions en monnaie forte partent ainsi
en fumée. Pour les sept premiers mois de 2009, pas moins de trois millions de dollars américains ont été engloutis rien qu’à l’agence de Borna, l’une des plus juteuses de l’office. Rien moins
qu’un génocide financier. Si c’est de cette manière que sont gérées toutes les entreprises du portefeuille – rien, a priori, ne permet d’en douter – ce que ce pays n’a aucune chance de survie.
Erreurs d’imputation, forte propension à payer des collations en violation de la grille officielle en la matière, recours systématique à la surfacturation des biens et services, soustraction
frauduleuse des fonds par recours aux achats des biens et services fictifs, la liste des techniques d’une mécanique organisée pour saigner à mort l’OCC est loin d’être exhaustive. Si Diambwana
est atterré, l’ADG Kasongo Mukonzo, ainsi que son ADGA, Wolf Kimasa, neveu de l’ancien Premier ministre Antoine Gizenga et, donc, cousin de l’actuel Adolphe Muzito, ne sont en rien
effrayés.
Bible de la bonne gouvernance
Comme cette pression venue de la représentation du personnel aux fins de voir clair dans la gestion de l’agence de Boma, dans l’Ouest du Bas-Congo. Ainsi exigé
ainsi fait, une commission d’audit interne est mise en place. Elle est dirigée par Prosper Otokatoka, directeur et chef de département d’audit interne, et comprend également Tshaba Tshinzela,
sous-directeur et chef de division comptabilité ainsi que Alulea Menguiwa, auditeur interne. Elle est chargée, en gros, de vérifier le respect de la note de service n°ADG/LMK/MONG/030/2006 du 3
mai 2006. Cette dernière, édictée à l’époque par l’ancienne ADG Louise Mayuma Kasende, nommée depuis dircaba du chef de l’Etat, réglemente la gestion financière de toutes les entités de l’office.
Au terme de cette note de service, toutes les banques se doivent d’ouvrir un compte intitulé « Fonctionnement » qui sera géré au niveau des entités - directions et agences. Les comptes
précédemment opérationnels deviennent des comptes « Production » destinés à l’encaissement journalier des recettes réalisées et dont la gestion est sous la responsabilité des membres du comité de
gestion. Précision de taille : ces recettes réalisées doivent être versées dans les 24 heures suivant leur perception dans les comptes « production ». De même, il est fait obligation d’envoyer,
au plus tard le 25 du mois, le planning de trésorerie du mois prochain. Enfin, il est formellement interdit aux entités de procéder à tout contrat de marché avant l’approbation du plan de
trésorerie par la délégation générale. En clair, une Bible de la bonne gouvernance, cette note de service. Si Mme Kasende voyait combien elle est foulée aux pieds, elle s’arracherait ... les
mèches.
Car, le rapport d’audit qui est venu de Boma, jusqu’à ce jour gardé secret, détaille des techniques maffieuses dignes de l’arnaqueur du siècle, l’américain
Bernard Madoff, et révèle une gigantesque délinquance financière érigée en mode de gestion à l’OCC. On commence ainsi par des « erreurs d’imputation » qui feraient pouffer de rire n’importe quel
élève de troisième secondaire, option commerciale administrative. Mais qui dans ce cas, visent plutôt à embrouiller sciemment la piste de la maffia en cas de contrôle. Ces erreurs, volontaires ou
involontaires, portent sur plusieurs centaines des pièces comptables totalisant une valeur de plus de 353 033 dollars américains !
Ce qui, bien entendu, « pose le problème de la fiabilité des états de trésorerie, des rapports d’activité ou des états d’exécution des budgets produits par cette
agence ».
Plantureuses collations
A Boma, c’est avec boulimie que le chef d’agence, Omer Mavula, qui porte son appartenance au PALU, le parti du Premier ministre, comme d’aucuns portent le trophée,
et ses collaborateurs s’accordent des plantureuses collations. Une propension à ce point fort que le montant cumulé des collations payées pendantes sept premiers mois de 2009 s’élève à près d’un
million de dollars américains, alors que la masse salariale pour la même période se chiffre à seulement ... 662 284 USD Ce n’est pas tout. Sur l’ensemble du million des collations, seuls 117 560
USD sont justifiés, avec détails sur les personnes ayant touché quoi et pourquoi : Orner Mavula, chef d’agence : 21 800 USD ; Selubanzi, chef d’agence adjoint 19 355 USD ; Eddy Kitenge, chef du
service administratif et financier : 16 545 ; Luzayangamo, chef du service administratif et financier adjoint : 12 875 ; Umba Kabangu, secrétaire exécutif 4 850 USD Yamba, secrétaire du chef
d’agence : 5 595 ; Mavula Amisi, chef des relations publiques : 5 420 USD Kambinga, chef de service : 3 920, ainsi que 27 200 USD pour le personnel d’appoint. Sur les plus de 800 000 dollars
américains, rien moins qu’une épaisse fumée …
Ce n’est pas tout. La mission d’audit « a également constaté dans le chef des dirigeants de l’agence une forte propension à pratiquer la surfacturation dans les
opérations d’achat des biens et services ». Quelques exemples le démontrent : achat de 22 thermodensimètres à 250 dollars américains la pièce, alors que pendant la même période, le même article a
été acheté à 125 dollars américains ; achat de 240 bottes de paille à 10 dollars américains dans un poste frontalier (sic) ; achat de 10 000 papiers en-tête de l’OCC au prix de 1,5 dollars la
pièce, alors qu’ils sont gratuitement imprimés au secrétariat de l’agence achat de 10 chevrons à 130 dollars américains la pièce alors que le chevron coûte généralement ... 7 dollars américains !
Au total, c’est une bagatelle de 24 200 USD qui sont cannibalisés. Mais le meilleur est à venir. Des fonds estimés à 283 726 USD sont frauduleusement soustraits par recours aux achats des biens
et services tout simplement fictifs. Pour cette catégorie, la mission a constaté qu’en règle générale, il n’y a ni PV de commission de marché, ni bons de commande, ni de trace de réception et
d’utilisation des biens « achetés », et la plupart des factures présentées n’indiquent même pas le nom du destinataire qu’est l’OCC. « Par ailleurs, la comparaison ou recoupement des factures
fournisseurs permet de constater que beaucoup d’entre elles ont été imprimées par les cadres de l’Office pour couvrir des détournements des fonds », note le rapport. Qui précise que ces factures
sont imprimées et établies dans les bureaux de l’Office soit par ordinateur, soit par une machine mécanique située au secrétariat du bureau de M. Eddy Kitenge.
Réseau de fausses factures
Le même qui a transformé l’agence 0CC en un réseau géant de fausses factures. Pour les sept premiers mois de l’année en cours, USD sont décaissés par l’agence sous
prétexte de payer les factures du fournisseur Imprimato pour achat des imprimés de bureau. Invité par la mission, le propriétaire de l’imprimerie Imprimato, M. Matondo N’Kongolo, est surpris de
se voir présenter des factures de son entreprise qu’il n’a jamais émises. L’homme ne reconnaît qu’un seul paiement USD suivant bon de caisse n° 19192/08 du 23 mai 2009. Le reste, c’est de la
Camorra. Alors que la mission clôturait son rapport le 23 octobre 2009, le 11 novembre Imprimato, par la main de son administrateur propriétaire, Matondo N’kongolo, écrivait à l’ADG Albert
Kasongo Mukonzo par lettre référencée 102! IMA/09, et dont l’objet est sans équivoque : « situation à l’OCC! Borna ». Noir sur blanc, l’entreprise d’imprimeries stipule : « Cette direction
(OCC/Boma) nous demande de leur établir des factures définitives avec mention payé pour couvrir les fonds décaissés d’une manière irrégulière et abusive, car on ne peut pas facturer sans avoir
fourni. Elles seront toujours considérées comme des fausses factures et cela nous incriminera dans une association des malfaiteurs ». Puis « En ce qui nous concerne, nous sommes disposés
d’exécuter les travaux repris sur les bonds de commande concernés en bref délai et quitte à l’OCC/Boma de nous payer les prix que nous fixerons en dehors de leurs prix exagérés ». Et enfin : « En
l’honneur de votre dignité, nous garderons une grande discrétion autour de cette affaire ». Sur combien porte, cette fois-ci, la maffia que l’imprimeur reconnaît sous tendue par des « prix
exagérés » ? Nul ne le sait.
L’OCC/Boma, c’est aussi une politique systématique de soustraction frauduleuse des fonds par des opérations coup de poing qui filent à la vitesse de l’éclair. Même
Lucky Luke n’y verrait que du feu. Le 10 mars 2009, la Jeep Hilux de l’OCC!Boma est introduite au garage CFAO de Kinshasa pour entretien. Un devis de travaux d’une valeur de 10 502 USD est établi
par Afrima. Sur base de ce devis, le bon d’engagement de dépense n°283232 du 27 mars 2009 d’un montant correspondant est établi en faveur d’Afrima. Le 22 mai, un acompte de 5 000 USD est débloqué
par l’OCC/Boma en faveur du fournisseur suivant bon de caisse n°19184 et remis en mains propres à M. Yamba, secrétaire d’Eddy Kitenge.
Mais, jusqu’au 15août2009, la dépense n’est pas justifiée. Et pour cause : le 23 mai, soit un jour après le décaissement de l’acompte de 5 000 USD, la jeep Hilux
avait été retirée de CFAO dans l’état où elle y était entrée ! Là, même le plus grand escroc Bernard Madoff, Bernie pour les intimes, n’y comprendrait plus rien. Cela prêterait à sourire si
l’ensemble de ces opérations de soustraction frauduleuse des fonds ne cumulait pas à plus de 230 000 dollars américains. Auxquels il faut ajouter 343 902 dollars américains d’achat des biens et
services non couverts par des pièces justificatives appropriées.
Comme tout ce qui permet de s’en mettre plein les poches est bon à saisir, la mafia utilise également le prétexte de formation du personnel. Par le biais de deux
séminaires allégués, Orner Mavula et sa bande ont sorti 82 264 dollars américains qu’ils ne peuvent justifier.
D’abord, il y a cette « formation en bureautique » dont le coût fut évaluée à 5 000 USD. Petit problème la maison Micro Plus, qui est censée avoir organisé cette
formation ne reconnaît n’avoir formé qu’un seul agent qui a supporté lui-même les frais de sa formation, soit ... 50 dollars américains ! Ensuite cette « formation en leadership » ainsi que cette
« formation des agents d’exploitation» pour des montants respectifs de 31100 USD et 52 264 USD, dont on peine à connaître les agents bénéficiaires ... En définitive, sur une production liquide de
près de 6 millions de dollars américains, seule une quotité de 1,8 millions a été transférée au siège et aux autres entités. Le solde, soit près de 4 millions a été consommé localement de la
manière ci haut détaillée.
Comme dans les séries B
Mais le génocide financier à l’OCC ne se limite pas seulement à l’agence de Boma. Sur place à Kinshasa, rien ne s’inscrit dans la bonne gouvernance. Le 23 octobre
2008, le département des marchés se réunit sous la présidence du directeur des services généraux, M. Maniwele Bunde.
Objectif : choisir une entreprise devant livrer des badgeuses électroniques à l’office. Trois sociétés sont soumissionnaires : Congo Projects & Techno Futures
(CPTF) Congo Print Services (CPS) et Eurotec. Et la moins disante est CPTF qui, bien entendu, gagne le marché. Gros problème les soumissions de CPS et d’Eurotec ont été valablement réceptionnées
par le service courrier, le cachet de réception faisant foi. Mais celui de CPTF n’a laissé nulle trace nulle part Tout au plus porte-t-il les annotations «OK pour finalisation» signées de la main
de l’ADGA Wolf Kimasa en personne. Il n’empêche : CPTF gagne ce marché de 98 230 dollars américains, et son gérant, M. ShaLupaka Lungeny signe avec I’OCC un contrat dont les conditions sont les
suivantes : délai de livraison « immédiat » ; mode de paiement : 80% à la commande et 20% à la livraison ; désignation : réalisation et installation des badgeuses électroniques.
Entre les 21 novembre et le 6 décembre 2008, 78 584 dollars américains sont effectivement payés et réceptionnés par M. Malin Lungeny Malenga, agent au secrétariat
de l’ADGA Wolf Kimasa, sur présentation d’une procuration lui établi par le gérant de CPTF Sha Lupaka Lungeny. Près d’une année se passe ainsi sans qu’aucune livraison ne soit faite à l’OCC sur
le matériel commandé. Jusqu’au jour où la délégation syndicale décide d’écrire à l’ADG Albert Kasongo Mukonzo en date du 14 août 2009. Comme réveillé de sa torpeur, ce dernier diligente une
mission d’audit. Celle-ci comprend deux auditeurs, Emungu et Kambu. Sentant le danger, le directeur des services généraux, Maniwele Bunde, convie les deux auditeurs à se présenter à l’économat de
l’Office, le 17 septembre 2009, pour participer à la réception officielle des badgeuses électroniques commandées. Au jour et à l’heure convenus, les deux auditeurs sont présents sur les lieu5.
Sauf qu’il n’y a ni fournisseur, ni matériel à réceptionner Très vite, l’affaire vire à un mauvais film hollywoodien de série B. La mission d’audit se rend à l’adresse de CPTF, soit au numéro 103
de l’avenue Mutombo Katshi, commune de la Gombe. Et là : surprise ! La société CPTF est totalement inconnue. Mieux : les quatre numéros de téléphones repris sur ses papiers en-tête sont soit
erronés, soit non attribués. Mais enfin, quelle affaire !
De même, les documents CPTF ne donnent aucune indication ni sur le numéro de registre de commerce, ni sur le numéro d’identification nationale, encore moins sur le
numéro d’impôt. Et, cerise sur le gâteau, il se trouve que l’agent Malin Lungeny Malenga se trouve être le jeune frère de Sha Lupaka Lungeny, ancien agent viré de Global, une entreprise qui
travaille souvent avec l’OCC.
Si l’OCC est géré d’une manière aussi scabreuse, rien ne dit que dans d’autres entreprises c’est mieux. Avec ça, nul ne pourra s’étonner outre mesure que la RDC
soit en queue de peloton dans les rapports - dont celui de Doing business - traitant de la corruption, ni de la source de l’argent qui permet d’élever les buildings à Kinshasa
centre-ville.
Aristote KAJIBWAMI