Le sujet est sur toutes les lèvres. Les commentaires varient d’un camp à l’autre, d’un observateur national à son collègue international, autour de l’existence des
bureaux de vote fictifs, vrais ou faux. Raison suffisante pour que la CENI, à trois jours de la fin de la campagne électorale, apporte la clarification nécessaire.
Dans l’une de ses dépêches Radiookapi écrit textuellement ceci : «Au Kasaï Oriental, quelques partis politiques et candidats aux élections législatives du 28
novembre 2011 accusent la CENI d’avoir inséré beaucoup de bureaux de vote fictifs sur sa cartographie. Les candidats qualifient de fraude électorale le fait que des bureaux de vote soient placés
dans des résidences des candidats de certains partis politiques. Léon Mulumba Kanyinda, candidat à la députation pour la circonscription électorale de Tshilenge, cite quelques bureaux de vote :
«Parmi ces bureaux de vote que nous retrouvons dans les résidences de candidats, il y a le bureau n° 20-640, n° 20-639 et le bureau n° 20-641 qu’on a placé dans des résidences de candidats. Les
membres de ces bureaux sont les frères de ces candidats-là».
La CENI est aussi accusée d’avoir affecté quinze bureaux de vote dans une école qui n’a que 6 salles de classes. La plupart des établissements scolaires repris par
la CENI n’existent pas sur terrain, à en croire le candidat Léon Mulumba Kanyinda : «Il y a aussi le bureau n° 20-658 qu’on a placé dans l’Institut Dibika, une école qui n’existe pas. Cette
institution n’existe pas à Bena-Kalenda».
De son côté, la CENI/Kasaï Oriental a demandé aux candidats de bien interpréter la cartographie des bureaux de vote et de dépouillement déjà publiée. Cependant, «le
secrétaire exécutif provincial de la CENI, Emile Dimoke, affirme avoir demandé aux chefs d’antenne de délocaliser rapidement tous les bureaux de vote placés dans des résidences privées». Fin de
citation.
Presque au même moment, l’ASADHO, organisation de défense de droits de l’Homme lance un appel pressant à toutes les parties impliquées dans l’organisation des
élections apaisées, crédibles et transparentes. Plus particulièrement à la CENI, en ce qui concerne des accusations portées contre elle. Accusations liées à l’existence des bureaux de vote
fictifs. A ce sujet, l’ASADHO invite la CENI «à assurer la transparence des élections du 28 novembre 2011 en supprimant les bureaux de vote fictifs».
Auparavant, un candidat à la députation nationale, sur une chaîne locale de télévision, a exprimé ses inquiétudes autour de l’existence de ces bureaux de vote
fictifs. Il avait pris soin d’alerter la CENI que dans la ville de Kinshasa, il existerait plus d’une centaine de bureaux de vote fictifs. Fait qui serait dû, selon la CENI, à une erreur dans la
mise en place de la cartographie des bureaux de vote.
On ne saurait passer sous silence ce reportage de RFI captée à Kinshasa, dans l’avant-midi du lundi 21 novembre, toujours autour de ces bureaux de vote. De nombreux
électeurs ont difficile à retrouver leurs bureaux de vote et que la plupart des sites mentionnés sur la cartographie sont aujourd’hui transformées en des résidences privées.
La CENI interpellée
Ces faits placent la CENI devant ses responsabilités à telle enseigne qu’elle est invitée à agir vite et bien dans le but d’éclaircir cette situation. Jusque-là, on
ne peut accuser la CENI de cette tentative de vouloir favoriser la fraude. Elle s’est inspirée certainement de l’héritage des bureaux lui légués par la CEI de l’abbé Apollinaire Malumalu pour
tabler sur cette cartographie qui soulève présentement de nombreuses interrogations et suscite des inquiétudes.
Ces sites qui, autrefois, servaient d’école il y a de cela cinq ans, sont transformés aujourd’hui en résidences privées. Si la bonne foi de la CENI a été trompée,
elle a l’obligation morale de réagir vite et d’apporter toutes les précisions utiles dans cette optique de conforter sa crédibilité, de renforcer la confiance envers les partenaires et les
protagonistes en vue des élections crédibles, transparentes qui doivent se dérouler sous un climat apaisé.
On comprendrait que s’il s’agissait seulement d’une ville qui était concernée, la CENI ne se tracasse outre mesure. Or, les réclamations fusent de partout. Ce qui
n’est pas de nature à crédibiliser l’action de la CENI. Raison valable pour que la CENI convoque une conférence de presse dans les meilleurs délais dans le but de rassurer tout le monde afin de
continuer toujours à mériter la confiance que lui témoignent jusqu’à ce jour des partenaires nationaux et internationaux pour le travail abattu. Le silence pourrait lui être
préjudiciable.
Mais interrogé à chaud sur ce point hier mardi 22 novembre, le président de la CENI, Daniel Ngoy Mulunda, a nié l’existence des bureaux de vote fictifs. Que toutes
les dispositions sont prises pour que les anciennes écoles qui ont servi de bureau de vote, aujourd’hui transformées en résidences privées, ne soient plus retenues. En ce qui concerne les « 3 000
000 bulletins» déjà placés dans les urnes, le Pasteur Ngoy Mulunda a déclaré que la CENI se réserve le droit de poursuivre en justice l’organe de presse qui s’est permis de publier cette «fausse
information».
La part des partis politiques
Dans cette clarification, les partis politiques devraient également assumer leurs responsabilités. Celles de dénoncer dans les meilleurs délais les vraies
irrégularités, toujours dans cet élan d’organiser des élections crédibles, transparentes et démocratiques. Pas question de verser dans des accusations fortuites, sans preuve, afin de couvrir ses
propres insuffisances. Telle attitude constitue une violation flagrante de la Constitution, de la Loi électorale et du Code de bonne conduite.
En fait, les élections crédibles ne sont pas seulement une affaire de la CENI, mais également des partis politiques. Pour contrer toute tentative de fraude,
tricherie, il revient aux partis politiques de disposer de témoins dans tous les bureaux de vote pour que leur présence contribue également à la transparence et au libre choix. Si les allégations
autour de l’éloignement des bureaux de vote, surtout dans les provinces, pourraient s’avérer exactes, la seule façon de contrer la tricherie consiste à disposer de témoins dans ces bureaux de
vote. Pas question de laisser le terrain vide à l’adversaire capable du meilleur et du pire. On ne prépare pas les élections en offrant des tee-shirts, de la boisson mais en disposant de témoins
pour veiller à la régularité des opérations de vote.
Au demeurant, les élections ne se préparent pas seulement par la CENI, mais également et surtout par les partis politiques, les plus intéressés. Les élections,
c’est comme une compétition où les acteurs peuvent marquer des buts, même à la main. Si l’arbitre n’est pas correct et soutient mordicus qu’il n’a pas vu la faute, ce but risque d’être
validé.
Aussi, faut-il mettre tout en œuvre pour ne pas avaliser les irrégularités. Dans ce cas d’espèce, seule la présence des témoins dans chaque bureau de vote est à
même de mettre à nu des pratiques malveillantes qui conduisent toujours à des dérapages violents.
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A 3 jours de la fin de la campagne électorale - Bureaux de vote fictifs : la clarification s’impose
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