Créé le 01 -12-2011 à 01h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le jeudi 01-12-2011 00H 40| AFRIQUEREDACTION /artv
“Groupe
Épiphanie” ASBL
Bruxelles, le 30 Novembre 2011
Objet : Processus électoral 2011 en RDCongo.
- Aux Services des Relations Internationales de l’UE.
- Aux Chancelleries Occidentales à Bruxelles.
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Excellences,
Messieurs,
Nous savons que vous suivez de près la situation qui prévaut actuellement en République Démocratique du
Congo, plus précisément en cette période électorale.
Nous saluons les efforts individuels ou collectifs de vos Gouvernements et Institutions, sans
oublier ceux de vos citoyens à titre personnel ou associatif, pour soulager le désarroi du Peuple congolais et surtout contribuer à la mise en route d’un processus démocratique doté
d’institutions performantes et animé par des personnes crédibles.
Nous sommes conscients que la véritable responsabilité de ce processus incombe au peuple congolais
lui-même qui doit assumer son droit à l’autodétermination tel que stipulé à l’article 1er du Pacte international relatif aux
droits civils et politiques du 16 février 1966 : « Tous les peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes. En vertu de ce droit, ils déterminent librement leurs statuts politiques et
assurent librement leur développement économique, social et culturel ».
Nous ressentons cependant la crainte de voir ce droit piégé par des enjeux géopolitiques et
géostratégiques. Cette crainte est amplifiée par les échaudements qui ont précédé et émaillé le scrutin présidentiel et législatif de ce lundi 28 novembre 2011. Au cours de cette journée de vote,
plusieurs cas de fraude, de violence et mort d’homme ont été enregistrés ; de bureaux de vote ont été incendiés ; certains bureaux n’ont pas ouvert pour insécurité, manque de matériel
électoral ou autre raison ; des bulletins disponibles ne reprenaient pas les noms des candidats ; des bulletins cochés à l’avance au profit de certains candidats ont été saisis ; des
témoins brutalement chassés des bureaux des votes, etc. De façon globale le peuple congolais a donc participé à cette élection dans des conditions d’inégalité et de manque de liberté
déplorables. La couverture et le reportage médiatiques, même internationaux, ont été partisans. La loi électorale a été suffisamment violée, notamment en ce qui concerne des biens et
des services de l’Etat pendant la campagne électorale.
Les élections plébiscitées comme devant se dérouler dans la transparence, dans un esprit démocratique et
de liberté, se sont donc déroulés sur fond de mensonges, de corruption, de tricherie, de violence et mort d’hommes. Elles présagent des lendemains incertains sinon douloureux pour les populations
dont les espoirs de changement risquent de se volatiliser comme des chimères. A la carte, il faudrait craindre la séduction de la population par des schémas en vogue dans certains pays africains
et du Moyen Orient.
A voir les choses de plus près, la situation que le Congo traverse donne la nette impression d’être la
conséquence de toutes ces années de guerre qu’il a connues sans que la justice et le droit viennent l’en tirer.
- Depuis 1993 jusqu’à ce jour, plusieurs rapports de l’ONU rédigés sur la violation grave des droits de
l’homme, sur les crimes économiques, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité n’ont jamais été suivi de sanctions judiciaires à l’endroit des auteurs qui y sont
dénoncés.
- Le rapport Mapping publié le 1er octobre 2010 avait suscité quelques brins d’espoir
chez plusieurs Congolais comptant sur la justice internationale et le conseil de sécurité pour mettre fin à l’impunité sévissant dans toute la région des Grands Lacs en général et dans le pays en
particulier. Plus d’une année après, ce rapport n’a été suivi d’aucun effet juridique.
- Dernièrement, au cours de ce mois de novembre, le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de
l’homme a élaboré un rapport sur la violation des droits de l’homme et des libertés fondamentales en période pré-électorale dans notre pays. Ce rapport indique clairement la responsabilité des
gouvernants sortants du pays dans cette violation. Au niveau international, il n’a été suivi d’aucune interpellation sérieuse.
- Le jugement que les missions diplomatiques portent sur la situation du pays et les acteurs politiques
est parfois entaché de subjectivité avérée laissant même croire que les dés sont déjà jetés et les parties déjà jouées.
Nous souhaiterions voir vos Pays et vos Instituions :
- se mettre du côté du droit et des victimes dans le respect bien entendu des instruments juridiques et politiques qui régissent les relations entre
les nations ;
- porter des jugements de valeur qui pointent des vrais auteurs plutôt que ménager la chèvre et le choux quand ce n’est pas sur le choux que se
déversent les condamnations et les interpellations ; il en va aussi du sens d’honneur de vos systèmes démocratiques ;
- prendre soin de ne pas cautionner les résultats d’un processus électoral largement entaché
d’irrégularités quel qu’en soit le gagnant, mais encourager le peuple congolais à le reprendre pour mieux s’en approprier.
Tout en souscrivant à l’objectif de
la mission d’observation des élections de l’Union Européenne en République Démocratique du Congo qui consistait à légitimer le processus électoral, dissuader la fraude, créer la confiance auprès
de la population et la récupération du processus par le peuple, nous vous prions d’agréer, Excellences et Messieurs, l’assurance de nos sentiments distingués.
Président,
Secrétaire,
Gilbert
YAMBA
Alphonse KANYIINDA