Kinshasa était quadrillée mardi par les forces de l’ordre qui dispersaient les regroupements des partisans de l’opposition dans l’attente des résultats de la présidentielle en RD Congo où la Cour pénale internationale (CPI) suit la situation “de près”.
Les Congolais connaîtront peut-être mardi soir le nom du prochain président de la RD Congo, si la Commission électorale réussit à compiler tous les résultats à temps.
Le procureur de la CPI a rappelé mardi qu’il suivait “de près” la situation en RDC.
“Je tiens à réitérer les propos que j’ai déjà tenus le 11 novembre: nous suivons de près la situation sur place et nous ne tolérerons aucun recours à la violence”, a déclaré Luis Moreno-Ocampo dans un communiqué.
Dans la crainte de débordements violents à Kinshasa, les autorités congolaises se sont préparées dans la capitale, plutôt favorable à l’opposition qui conteste les résultats partiels de la présidentielle donnant le président sortant Joseph Kabila devant son rival l’opposant Etienne Tshisekedi.
Quelques convois de pick-up et de camions chargés de policiers circulent sur les grands axes. Environ 20.000 militaires, encasernés, sont présents dans la capitale, et des vedettes patrouillent sur le fleuve Congo.
Dans le quartier de Limete à distance du QG de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, le parti de Tshisekedi), la police est venue faire sporadiquement la chasse aux “combattants” de l’UDPS, surnom donné à ses partisans, pour éviter tout rassemblement, a constaté l’AFP. Mais il n’y a pas eu d’affrontements.
Au grand marché de Kinshasa, les étals vides se succèdent. “Il n’y a personne!”, se plaint un commerçant.
Organisé de façon chaotique, entaché d’irrégularités et de soupçons de fraudes, le double scrutin présidentiel et législatif à un tour du 28 novembre a été émaillé de violences meurtrières.
Entre le 26 et le 28 novembre, 18 civils ont été tués, dont 14 à Kinshasa, selon l’ONG Human rights watch, qui a mis en cause la Garde républicaine (GR, ex-garde présidentielle).
Depuis l’élection du 28 novembre en RDC, dont les résultats sont attendus dans l’anxiété par les Congolais, le président Joseph Kabila, qui a coupé tout contact téléphonique avec ses pairs, sait que, s’il est proclamé vainqueur, les Kinois qui ont voté Tshisekedi risquent de descendre dans la rue. Ses services de sécurité ont donc élaboré sept scénarios de crise.
Le plus dangereux pour lui : une marche des tshisekedistes sur le Palais de la nation. Pour y faire face, le chef de l’État sortant a déployé une ceinture de fer autour de la présidence : quatre mille hommes – pour la plupart katangais – de la garde républicaine, des chars lourds T-80 (achetés à l’Ukraine) et des canons bitubes montés sur véhicules rapides, rapporte le Magazine Jeune Afrique.
Sur le papier, c’est une force gigantesque que le peuple Congolais( s’il décide á la révolution, aux violences), n’a aucune chance de vaincre. Mais on pourrait en dire autant de tous les régimes tyranniques de l’histoire. Louis XVI, le Tsar Nicolas II et le Shah d’Iran disposaient d’appareils de répression beaucoup plus puissants que celui de Joseph Kabila. Et pourtant, à l’heure de vérité, ils se sont effondrés comme un château de cartes.
Le déploiement de cet arsenal répressif ne révèle pas une force, mais une faiblesse : sans la police et l’armée, le gouvernement est impuissant.
Napoléon remarquait qu’on peut faire beaucoup de choses avec des baïonnettes, mais qu’on ne peut s’asseoir dessus. La police et l’armée constituent une base trop étroite pour soutenir un régime impopulaire.
A leur grande surprise, les autorités constatent que l’appareil d’Etat ne peut pas mettre un terme aux manifestations.
Par Guylain Gustave Moke
Analyste Politique/Expert aux affaires africaines
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