Créé l10-12-2011 18h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le samedi 10-12-2011 18H00 AFRIQUEREDACTION :RTL.INFO
Les forces de sécurité étaient déployées en force samedi à Kinshasa au lendemain d'incidents qui ont accompagné l'annonce de la réélection du président Joseph
Kabila à la tête de la République démocratique du Congo (RDC), contestée par son rival Etienne Tshisekedi.
Selon des journalistes de l'AFP, la capitale de la RDC - "Kin", pour ses habitants - ressemblait à une ville morte, tôt dans la matinée, et restait sous haute
surveillance policière et militaire. Certains quartiers portent encore les stigmates des violences qui ont suivi l'annonce par la Commission électorale nationale indépendante (Céni) de la
victoire du président sortant Kabila (48,95%) sur le vieil opposant Etienne Tshisekedi, presque 79 ans (32,33%).
M. Tshisekedi, qui s'est proclamé "président élu", a écarté toute contestation par la voie légale, en déposant un recours auprès de la Cour suprême de Justice (CSJ), qui doit proclamer les résultats définitifs le 17 décembre.Dans le centre de la ville, à Bumbu, des civils armés de battes de base-ball ont été vus prêter main forte à des policiers qui procèdent à des interpellations musclées. Et, parfois, la police tire en l'air pour disperser des regroupements. Selon des sources hospitalières, une personne a été tuée par balle vendredi soir dans un quartier de la capitale, sans que l'on ne sache rien des circonstances de ce décès, qu'une source policière a toutefois démenti.
Aucun taxi ou véhicule ne circulait samedi et les rares habitants qui se sont aventurés hors de chez eux ont été contraints de marcher. Les stations d'essence sont restées fermées comme de nombreux magasins, dont quelques uns ont été pillés vendredi soir, notamment certains tenus par des Chinois. Sur la Radio télévision nationale congolaise (RTNC), un bandeau déroulant donne quatre "numéros verts", qui permettent d'appeler la police en cas d'incidents.
Des habitants ont cependant accusé les policiers de les voler, comme ce vendeur de pain qui assure que sa recette lui a été dérobée: "le gouvernement nous a dit de travailler calmement. Mais comment ils peuvent nous piller comme ça?", dit-il excédé. A Limete, dans la banlieue est de la ville, où l'opposant Tshisekedi réside, un témoin a affirmé à l'AFP que des militants de son parti, l'Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS), étaient armés de kalashnikov. C'est depuis ce quartier populaire que M. Tshisekedi s'est auto-proclamé vendredi "président élu", rejetant "en bloc" les résultats de la Céni et donnant son propre score: "54% des voix qui me sont attribuées contre 26% pour Monsieur Kabila", dans des déclarations à plusieurs médias, dont l'agence BELGA. Il a exhorté les Congolais "à rester soudés" derrière lui "pour faire face aux événements qui vont suivre", tout en demandant à la population de "rester calme et sereine".
Samedi matin, aucun incident grave n'était signalé dans le reste du pays, notamment à Lubumbashi (sud-est), le chef-lieu de la province du Katanga toujours sous haute surveillance. Depuis vendredi, la Cour suprême de Justice a pris le relais de la Céni et devra proclamer officiellement le vainqueur de la présidentielle le 17 décembre. Les candidats ont ensuite 48 heures pour déposer des recours. M. Tshisekedi a exclu tout recours devant la CSJ. "Je ne le ferai jamais", a-t-il dit en qualifiant la cour d'"institution privée de M. Kabila".
Depuis vendredi en fin de journée, la Céni a affiché sur son site internet les résultats de la présidentielle, souvent incomplets. Ainsi, le détail par bureaux de vote ne mentionne jamais le nombre d'inscrits. Inquiète des violences, la communauté internationale a appelé les responsables politiques au dialogue et à l'apaisement, et à utiliser "les moyens légaux" en cas de contestation des résultats. La Belgique, ancienne puissance coloniale, a annoncé vendredi "prendre note" de la publication des résultats provisoires complets par la Céni et appelé, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, tous les acteurs politiques à proscrire toute forme de violence.
Le Royaume-Uni s'est dit "préoccupé" par des soupçons d'"irrégularités" et a appelé la CSJ à examiner tous les recours "rapidement et de façon transparente". La CSJ a déjà fait l'objet de critiques. Fin novembre les missions d'observation de l'Union européenne et du Centre Carter ont dénoncé son "manque de transparence" en matière de contentieux électoral. Jusqu'au 28 octobre, la Cour comptait sept magistrats, mais le président Kabila en a nommé de nouveaux pour arriver à un total de 27.