Créé l 14-12-2011- 03h13 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le mercredi 14-12-2011 03H21 AFRIQUE REDACTION PAR :Par Ghys Fortune DOMBE BEMBA (Talassa)
Comme tout le
monde a coutume de le dire, les erreurs sont humaines. Mais n’est-il pas important de rappeler également que toutes les erreurs commises ne produisent pas les mêmes effets, qu’ils soient directs
ou indicts ? Si d’autres erreurs ne constituent pas des dangers dans la vie d’une personne, d’un peuple ou d’une nation, certaines d’entre elles, sont par contre, de véritables sources de
malheurs.
Voilà pourquoi, les irrégularités constatées dans la récente nomination de M. David Martin OBAMI comme directeur général de l’Autorité de Régulation des
Marchés Publics et Rigobert Roger ANDELY, appelé désormais à présider aux destinées du Conseil de régulation, ne pouvaient que susciter des indignations parmi les légalistes et
semer la confusion au sein de cette structure.
En effet, par ces nominations faite avec empressement, M. SASSOU NGUESSO n’a-t-il
pas ainsi violé les textes fondamentaux régissant cette institution républicaine ?
Pour preuve, l’article 9 du décret
n°2009-157 du 20 mai 2009 portant attributions, organisation, et le fonctionnement de l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP), stipule : "Le conseil de régulation est
présidé par une personnalité élue par ses membres, parmi les représentants de l’administration pour la durée de son mandat".
Or, Rigobert Roger ANDELY n’a pas été élu par ses pairs, le 29
novembre 2011, date de la signature de tous les trois décrets pris par Denis SASSOU NGUESSO. C’est un véritable scandale, cela revient à dire que Denis SASSOU
NGUESSO peut nommer le président de l’assemblée ou du sénat.
Pire, M. Denis SASSOU NGUESSO fait-il semblant d’ignorer que M. Rigobert Roger ANDELY est trempé jusqu’au cou dans plusieurs magouilles et scandales financiers mis à nu ces derniers
temps, au niveau de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) ? Il n’est pas aussi moins important de signaler que cette nomination relève purement et simplement de l’arbitraire du fait
qu’elle n’obéit aux limites de la légalité, selon les experts.
"Dura lex, sed lex" la loi est dure, mais c’est la loi, comme le disent les Latins, parce que nul n’est censé ignorer la loi. Et par voie de conséquence, M. Denis SASSOU
NGUESSO qui est le premier magistrat du pays, ne devrait pas, par complaisance, affinité, tricherie ou sentimentalisme, se complaire à violer délibérément les lois et règlements en
vigueur chez nous.
M. Denis SASSOU NGUESSO a-t-il oublié ce
qu’il avait dit le 14 août 2009, lors de son investiture ? A cette occasion, il avait souligné avec force "qu’il devait être clair pour les gouvernants, que le peuple ne veut pas et ne doit
pas être conduit sur le Chemin d’Avenir par des dirigeants sans scrupule, ni vertu", tout en précisant que "le peuple ne veut plus et ne doit plus être mené par des hommes qui ne donnent
pas le meilleur d’eux-mêmes pour le servir". Mérite-t-il aujourd’hui, lui-même, la confiance que lui ont accordée les Congolais ?
Pourquoi donc, accuse-t-il
aujourd’hui un désintéressement, alors qu’il s’était engagé lors de son investiture, "à veiller avec davantage de rigueur à ce que les personnes qu’il doit nommer aux différentes
fonctions d’Etat, soient exemplaires, de bonne éthique et capables de faire respecter l’autorité importante de l’Etat et les règlements du pays" ? De ce qui précède, que pense-t-il
lui-même de la nomination de ANDELY comme président du Conseil de régulation ? Beaucoup de nos compatriotes se posent cette question.
Est-il crédible pour notre pays de nommer quelqu’un qui est poursuivi en justice pour détournement de fonds au niveau de la BEAC ? Comme l’affaire est encore pendante, n’était-il pas mieux qu’on
attende le verdict pour redorer le blason terni, afin que M. ANDELY qui doit parfois faire face à des bailleurs de fonds internationaux, soit plus
"crédible" et sans soupçon devant eux ?
Puisque la création des institutions telles
que l’ARMP, et l’Agence de régulation de postes et des communications électroniques (ARPCE) avait été dictée du FMI et de la Banque Mondiale, n’ont-ils pas raison ceux qui disent que M. Denis
SASSOU NGUESSO avait accepté leur mise en place pour inciter les institutions financières internationales à accélérer au profit du Congo Brazzaville, le processus inhérent à l’Initiative du Pays
Pauvre Très Endettés (IPPTE) ?
Il sied de rappeler que la
nomination très attendue du nouveau Directeur général (DG) de l’ARMP, M. David Martin OBAMI ne s’est pas faite aussi selon les règles de l’art.
En effet, l’article 47 du décret précité, stipule ce qui suit : "La direction générale est assurée par un directeur général, recruté par appel d’offres par le conseil de régulation,
sur la base de critères d’intégrité morale, de qualification et d’expérience professionnelle dans les domaines juridique, technique ou économique des marchés publics et délégations de service
public.
Le directeur général est nommé par décret du Président de la République, sur proposition du président du conseil de régulation, pour un mandat de trois ans renouvelable une seule
fois".
Comment, un président nommé en violation flagrante de la loi pouvait-il proposer un directeur général le même jour ? Des grincements de dents ont été ressentis,
ici et là. A qui la faute ?
Un air de clientélisme politique a plané
dans le processus de nomination de ce haut cadre, car, si le remplacement de Mme Annick MONGO à la tête de l’ARMP a été salué par tous et ne pose jusqu’à ce jour, aucun problème de fond, ce qui
est émeut de plus en plus l’opinion, c’est plutôt le caractère politico clientéliste qui, très souvent, chez-nous, entoure le choix de certains hauts cadres appelés à diriger des institutions
publiques très sensibles comme l’ARMP qui, avouons-le, devraient être des modèles d’excellence en matière de gestion transparente des marchés publics.
Il revient plus que jamais, aux
cadres placés à la tête des différents organismes publics en charge de la régulation, de faire montre de plus de transparence, de bonne gouvernance, de doigté professionnel et surtout de probité
morale. Pour ne l’avoir pas intériorisé certainement, Mme Annick MONGO a été virée sans une autre forme de procès. A qui le prochain tour ?
L’ARMP étant au centre de mille et une sollicitations de la part des uns et des autres, le tout nouveau DG, M. David Martin OBAMI a donc intérêt à restaurer l’image de sa
structure, en évitant de connaitre le sort drôlement ubuesque de l’ex "Mama Elombé", Annick MONGO qui, malgré quelques
"Gbagboteries" de triste mémoire a fini par plier ses bagages !
Personne n’ignore que le Conseil de régulation, a une très grande part de responsabilité dans la lutte contre certains fléaux les plus pernicieux et les plus pénalisants pour le
développement de l’économie nationale, dont la corruption, considérée en Afrique en général et au Congo Brazzaville en particulier, comme un facteur qui gangrène les
économies.
Il est certes vrai, selon les derniers rapports de Transparency International, que ce
phénomène s’est quelque peu atténué dans quelques pays africains, alors qu’il connaît encore une véritable recrudescence au Congo Brazzaville. Comment avec des gens comme M.
ANDELY qui ont déjà des antécédents de malversation des fonds publics, pourraient-ils mettre en place des mesures susceptibles de lutter contre la corruption et les détournements
des deniers publics dans un espace, comme l’ARM qui est appelé à gérer plusieurs milliards de francs CFA ?
C’est un secret de polichinelle, la
concurrence, la transparence et l’étique, sont les principes prônés par le nouveau code de marchés publics. Et l’éthique est au centre de toutes ces notions. Pour les appliquer, n’a-t-on pas
besoin des hommes et des femmes d’une probité morale sans faille ? Peut-on convaincre nos compatriotes que la nomination de M. ANDELY répond favorablement à ces exigences ? Si la réponse est
négative, qu’est-ce qui aurait poussé M. Denis SASSOU NGUESSO à agir ainsi ?
Est-ce un acte qui s’inscrit dans
le processus de sa politique de clientélisme au moment où tous les hommes politiques s’apprêtent à l’orée des prochaines législatives à multiplier les opérations de charme vis-à-vis des
populations ? M. Denis SASSOU NGUESSO a-t-il été induit en erreur ? Signerait-il les documents les yeux fermés ? M. Denis SASSOU NGUESSO a-t-il réellement des
conseillers ? Est-ce la conséquence de la tribalisation des postes ?
Selon nos informations, plusieurs diplomates des institutions de Bretton Woods sont très remontés contre le Congo Brazzaville.
Affaire à suivre...