Crée l -12-2011- 21h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le mardi 20-12-2011 22H30 AFRIQUE REDACTION PAR:AFRIKARABIA
Alors que tous les regards sont focalisés sur la réélection contestée de Joseph Kabila à la tête de la République démocratique du Congo (RDC), le dépouillement
chaotique des élections législatives a été suspendu par la Commission électorale (CENI). De nombreuses irrégularités sont également constatées sur ce scrutin. Une ONG congolaise dénonce la
"manipulation des procès verbaux" au Katanga, un responsable de la CENI au Kasaï est accusé d'avoir "publié les résultats avant la fin de la compilation" et en Ituri un chef d'antenne de la CENI
est jugé pour "tricherie".
A l'ombre de l'élection présidentielle, les élections législatives sont, elles aussi, entachées de multiples irrégularités. Lors de la présidentielle, les
observateurs électoraux internationaux du Centre Carter et de l'Union européenne ont estimé que la réélection de Joseph Kabila était caractérisée par de telles irrégularités qu'elle "manque
de crédibilité". Les observateurs de l'ONG de l'ancien président américain, notent que "40%" des résultats des Centres de compilation sont jugés "faibles". Quant à l'Union européenne et d'autres
observateurs internationaux ou locaux, ils ont également signalé des irrégularités le jour du vote, qui vont de la "désorganisation des bureaux de vote" au "bourrage des urnes". Les
élections législatives étant organisées le même jour que le scrutin présidentiel (le 28 novembre 2011), certaines ONG locales émettent de sérieux doutes sur la transparence et la crédibilité des
élections à la députation... pourtant cruciales pour le bon fonctionnement des institutions du pays.
Devant les problèmes de dépouillements rencontrés, la Commission électorale (CENI) a décidé de suspendre momentanément les travaux de compilation des bulletins de
vote. Le représentant de l'opposition à la CENI, Jacques Djoli veut "sauvegarder" le processus électoral : «nous avons déjà beaucoup de mal par rapport à ce qui s’est passé (des irrégularités
constatées lors de la présidentielle) et nous voulons cette fois-ci sauvegarder tant soit peu ce processus » a-t-il déclaré sur Radio Okapi, avant d'affirmer que cette décision était prise pour
«essayer de recadrer les agents, afin de traduire l’expression de la sociologie électorale telle qu’exprimée ».
Depuis le début de la compilation des résultats, certains agents de la CENI ont été accusés de falsifier les procès verbaux des bureaux de vote. 5 agents de la CENI
ont été arrêtés le 13 décembre au Nord-Kivu. Le 17 décembre, le chef d'antenne de la CENI à Kamonia, dans le fief d'Etienne Tshisekedi au Kasaï, a été accusé de publier les résultats "avant la
fin des travaux de compilation". Le 19 décembre, le responsable de l'antenne de la CENI à Djugu, en Ituri,a été déféré devant le Tribunal de grande instance de Bunia. Soupçonné de tricherie,
Jérôme Dhejo est accusé d'avoir acheminé des "kits électoraux" dans des bateaux rapides appartenant à un candidat à la députation.
Le Centre des Droits de l'homme du Katanga (CDH), une ONG congolaise, dénonce la "manipulation des procès-verbaux des résultats de la députation nationale dans les
Centres locaux de compilation (CLCR) de Lubumbashi et Likasi". Cette organisation s'étonne d'opérations "magiques" au profit de certains candidats qui n'ont pas obtenu de voix dans les bureaux de
vote et se retrouvent en tête des résultats dans les Centres de compilation. L'ONG congolaise relève de nombreuses irrégularités dans son secteur :
- "des agents électoraux invités à refaire des procès-verbaux sans la présence de témoins des partis politiques ou d'observateurs",
- "à Likasi, un candidat a été surpris en train de corrompre un chef de centre",
- un candidat ayant obtenu 35 voix, "s'est vu octroyer un total de 315 voix"... selon l'ONG, "il suffisait d'intercaler le chiffre 1 entre le 3 et le
5"...
- le Centre des droits de l'homme (CDH) du Katanga se demande également pourquoi les Centres de compilation de Lubumbashi et Likasi sont "restés fermés aux
observateurs et aux témoins ?"
Depuis l'arrêt des opérations de compilation au niveau national, la CENI n'a pas indiqué quand et comment ces opérations reprendraient ? Selon le représentant de
l'opposition à la CENI, Jacques Djoli, "la Monusco devra être présente dans tous les CLCR, en commençant par ceux de Kinshasa". Pour l'instant... c'est silence radio du côté de la Commission
électorale. Un silence assourdissant.
Christophe RIGAUD