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Nord-Kivu : des femmes brisent le silence sur les violences conjugales

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Créé le 15 -04-2011 à 01h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |  ACTUALITE | RDC | Mis à jour le jeudi 15 -04-2011 11h05 | AFRIQUE REDACTION  PAR : SYFIAGRANDS LACS

 

STOP AU GENOCIDE EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO


Encouragées par une nouvelle loi condamnant les violences conjugales, les femmes battues du Nord-Kivu sont de plus en plus nombreuses à traduire leurs maris devant les tribunaux. Mais faute de moyens et face à la lenteur de la Justice, très peu vont jusqu'au bout de la procédure.
 "J'en avais marre des actes de violence de mon mari qui ne s'occupe plus du foyer et ne paye pas les frais scolaires des enfants. De plus, nous ne dormons plus dans le même lit. Nous vivons ensemble, mais nous ne sommes plus mariés. Pour me défendre des sévices qu'il me fait subir, j'ai décidé de porter plainte, même si cette démarche est inhabituelle. Je n'ai pas d'autre choix, quoi qu'en pense la belle-famille", explique une jeune femme de Goma, à l'est de la RD Congo, venue crier sa détresse au tribunal.

 

 Une mère de cinq enfants vient elle aussi faire une déposition contre son mari. "Il y a quelques mois, il m'a agressée physiquement et m'a coupé le doigt. J'en suis restée handicapée. Il a fui à Bukavu avec nos cinq enfants et je me retrouve seule. C'est insupportable !", lance-t-elle au greffier en chef qui la reçoit.

 Une police spéciale

 Les plaintes de victimes de violences conjugales se multiplient à Goma, depuis la promulgation, en 2006, de la loi sur les violences conjugales, modifiée et complétée en 2009. Cette loi distingue les litiges relevant du civil et ceux qui sont traités au pénal. "Les plaintes que nous recevons sont de deux ordres : d'une part, les désaccords en matière de garde des enfants, de pension alimentaire ou la séparation de corps traités au tribunal civil et, d'autre part, les coups et blessures aggravés, relevant du greffe pénal", explique Luc, greffier au tribunal de grande instance de Goma.


 Selon Delphin Bisimwa, agent au greffe du tribunal, avant la promulgation de cette loi, les violences sexuelles et conjugales étaient traitées comme de simples faits sociaux et leurs auteurs n'étaient pas punis. "Aujourd’hui, c’est un délit puni par la loi, ce qui encourage beaucoup de femmes à traduire leurs maris en justice", ajoute-t-il.


 Il existe d'autres recours juridiques, depuis la mise en place, par l'État congolais, d'une Police spéciale pour la protection de l'enfant et de la femme dans le Nord-Kivu. L'unité de Goma, opérationnelle depuis trois ans, mène des enquêtes, établit des procès-verbaux, informe les femmes sur leurs droits et les encourage à porter les affaires de violences domestiques et de maltraitance devant les juridictions de la province. "Nous recevons beaucoup de femmes qui viennent se plaindre contre leur mari, mais rares sont celles qui acceptent que leurs époux soient traduits en justice", explique le Major Bodeli Dombi, inspecteur adjoint de cette Police spéciale, qui ajoute que la plupart de ces épouses souhaitent plutôt une médiation de cette police.

 S'armer de patience

 Malgré ces avancées sur le plan juridique et judiciaire, très peu d'actions aboutissent à des condamnations en justice. Les femmes ne vont que très rarement jusqu'au bout de la procédure. "Certaines se découragent à cause de la lenteur de la Justice et des multiples formalités à remplir pendant la procédure. D'autres n'ont pas les moyens financiers pour assurer leur défense", explique Félix Byenda, responsable du greffe civil au tribunal de Goma.

 

 

"Dans de nombreux cas, la Justice suit son cours, mais les victimes, une fois la plainte déposée, ne donnent plus signe vie", ajoute-t-il. Certaines femmes affichent toutefois leur volonté de dépasser l'étape de la peur. "Aujourd'hui, nous essayons de briser le silence, afin que cessent les violences dont nous sommes victimes. Nous devons juste apprendre à être patientes face à la lenteur de la Justice. Même s'il faut attendre cinq ou six ans", confie Cynthia Ilunga Mulala, membre de l'ONG Actions et initiatives de développement pour la protection de la femme et de l’enfant (Aidprofen).


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