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Une politicologie du futur de la République démocratique du Congo : la refondation de l’Etat

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Crée le 30-12-2011-12h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le vendredi  30-12-2011     13H05  AFRIQUE REDACTION PAR:LE POTENTIEL

Le futur de la RDC comme utopie créatrice d’espérance ou mobilisatrice de l’effort de construction nationale peut-il exister en dehors d’un projet politique? L’acceptation empressée de notre part à participer à cette Conférence sur le futur de la RDC sous l’angle de nouvelles problématiques ou pistes de recherche ne nous a pas empêché de demeurer intrigué par le thème qui nous rassemble ici. L’espérance congolaise en un avenir meilleur ou radieux de dignité humaine, de prospérité, de bonheur et de mieux-être, contiendrait–elle des spécificités ou particularités dignes des curiosités intellectuelles et scientifiques? Lobi lobi (kuna), l’expression lobi désignant invariablement le passé et le futur (Lobi eleki, lobi ya lobi ou lobi ekoya, lobi kuna) ne nourrit pas de fantasmes et ne serait pas avant tout un horizon imaginaire: une utopie. C’est un temps, une hantise. Mais envisagé dans une perspective d’un projet politique, d’une politique du devenir national, le lobi lobi prend alors de marques d’une utopie d’une espérance politique. La réunification du pays après les guerres d’agression et de rébellion ; l’après dialogue national ou encore l’après l’allègement de la dette extérieure peuvent justifier que l’expression lobi s’énonce comme une perspective, une promesse d’un autre avenir. En cela la recherche scientifique pourrait être concernée par le concours d’informations et d’éclairages nécessaires et utiles aux décisions et mesures concernant les voies de réalisation.

La conviction, mieux, la croyance qu’un Etat fort à vocation de puissance régionale au cœur de l’Afrique engendrera un nouveau destin congolais existe comme utopie mobilisatrice et la science politique congolaise y est souvent sollicitée. A l’occasion de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance de la RDC, il nous avait été demandé, par exemple, d’imaginer la RDC post cinquantenaire en termes de quelle politique pour quel Etat (Cepas) ; de RDC puissance régionale (CGC). Bien avant cela, le professeur allemand Schulz Manfred, auteur du livre collectif «Les acteurs du développement de la RDC », nous demandait une contribution axée sur la nouvelle géopolitique du développement de la RDC.

On y ajouterait une autre contribution à un autre colloque tenu à Lubumbashi en 2003 et organisée par l’Université Libre de Bruxelles (section flamande) en collaboration avec l’Université de Lubumbashi centré sur la géopolitique de l’Afrique centrale et la stabilité régionale.

Et comme on peut le constater, le futur de la RDC serait avant tout celui de l’Etat porteur et instigateur, et sa problématique scientifique emprunterait à celle de Nicolas Machiavel de l’Unité de l’Italie et aussi à celle gorbatchévienne de la Perestroïka, vues neuves.

La refondation de l’Etat congolais, à partir de contraintes globales à son existence pérenne et à son rôle historique et géopolitique, tel me semble devoir constituer à ce jour la problématique futuriste non pas pour fantasmer et mystifier mais plutôt pour saisir les tendances de l’évolution générale et globale de la politique mondiale qui détermine le devenir du Congo, des origines coloniales à nos jours, de libertés conditionnées. Aussi, nous proposons-nous de rediscuter avec vous de l’essentiel de toutes nos contributions réunies dans «La RDC de demain : quelle politique pour quel Etat», mais avec une conclusion revue et réadaptée.

Comment refonder un Etat au Congo (RD) dans un monde global où le rôle central historique et géopolitique de l’Etat alimenterait des opinions aux légitimités conjoncturelles controversées? Un autre avenir du Congo, avenir de paix, de progrès, de prospérité, de développement, de puissance ou de sens, avenir différent de celui de l’Etat léopoldien colonial et post indépendance, serait-il possible?

Comment y parviendrait-on? Par la consolidation de la démocratie après de longues années de guerre, et de pratiques de pouvoir d’inspirations insurrectionnelles et criminelles ? Par le renforcement sans lendemain des résultats des capacités des structures et des acteurs, objet avoué de la coopération avec l’Union européenne et la Banque mondiale ? Par la stabilité des institutions ainsi que la planification d’un avenir de paix interne et externe, œuvre d’une diplomatie régionale multilatéralisée ou par la mise en place réussie des réformes institutionnelles dont la décentralisation ou la régionalisation politique, économique et militaire? Serait-il possible de réunir toutes ces approches dans une problématique unique qui ne soit pas globaliste ? Et puisque fondamentalement, forces et faiblesses de l’Etat congolais découlent de son insertion dans le système des relations internationales, situation connue en son temps par l’Italie de Nicolas Machiavel, la politicologie congolaise devrait se spécialiser avant tout dans les nouvelles perspectives des études globales.

C’est dire que, contrairement aux tendances dominantes de la recherche sur le Congo RD, tendances pessimistes d’un Etat fantôme, fictif ou encore sous tutelle de Bob Kabamba (1), de Jean-Claude Willame ou de Banza Malale du retour à l’authenticité juridique de l’Etat congolais léopoldien (2), il devra plutôt s’agir de capter et de capitaliser les efforts de la Communauté de bailleurs de fonds du maintien du Congo dans le monde global par une problématique de globalisation des voies de l’avenir et du devenir institutionnels du Congo RD. A la suite de Emile Bongeli Yakelo ya Ato dans La mondialisation, l’Occident et le Congo-Kinshasa (2011), de l’Abbé Prof. Richard Mugaruka M., dans Convertissez-vous et croyez au message du salut (3 Tomes) consacrés aux réflexions sur le rôle des Eglises dans la refondation de l’Etat, dans la restauration d’un Etat de droit en RDC (2011), une approche de politique globale du futur de la RDC devra viser à guérir ce pays de son double mal d’immobilisme politique et institutionnel et de l’hétéro détermination de son destin, conséquence de son déficit de souveraineté interne et externe, par le réexamen de ses voies d’insertion au système mondial par la prise en charge des contraintes externes qui n’auront pas jusqu’ici favoriser l’affirmation et le développement des capacités à être une nation souveraine; il devra s’agir de désanthropologiser les recherches sur la RDC au profit d’une approche plus géopolitique.

La géométrie de l’utopie congolaise

Pour imaginer la République Démocratique du Congo de demain, l’on pourrait partir des tendances observées de l’évolution générale de l’Afrique et du monde ou de la dynamique particulière des institutions nationales. Pour notre parti, nous voudrions ce jour tenter une esquisse de géopolitique congolaise, qui de l’avis de Dominique David de la Revue Etudes, janvier 20051 s’entendrait comme la manière dont un pays voit le monde et se voit dans le monde. Cette géopolitique congolaise se construit dans notre esprit à partir de l’expérience récente du montage démocratique russe et du leadership de Vladimir Poutine.

Pour sortir la Russie du degré zéro, Poutine aura mis en place un pouvoir d’apparence démocratique sur fond de tradition autoritaire; opter pour un libéralisme économique fait du retour de grands groupes d’Etat; et s’est aligné sur l’Occident sans perdre la perspective de la puissance russe.

Poutine se voulait un leader normalisateur tandis que la Russie ambitionnait de revenir une nation normale et normalisée. Le président russe était perçu comme un gestionnaire d’un portefeuille de garanties de type économique et de type politique, garantie d’une économie ouverte avec, cependant, des réformes juridiques sous le regard d’un Etat stabilisateur et acteur via le système fiscal (impôt) qui permettait à l’Etat d’exister; garantie politique d’un Etat rassuré se faisant prévisible, le pouvoir central stable et l’image nationale reprenant les couleurs, facteur psychologique capital pour un peuple si profondément humilié après l’effondrement des années 80 ; il fallait, par exemple, à travers la guerre de Tchétchénie, éviter la désintégration du pays.

La République Démocratique du Congo aura connu ce destin russe du degré zéro qui aurait dû justifier des efforts de sortir des logiques anciennes du pouvoir d’Etat et d’opérer de meilleurs choix de politique extérieure, les guerres de l’Est déstabilisatrices et désintégratrices du pays, l’admission au programme PPTE ainsi que le régime de tutelle de la transition 1+ 4 ayant été ces facteurs d’humiliation stimulatrice du devoir d’un sursaut d’orgueil national. C’est cette toile de fond qui a aidé à étoffer la présente présentation qui tente une synthèse des lectures optimistes et pessimistes du temps et de l’espace congolais.

Notre thèse principale, c’est la quasi absence de perspective de reconstruction de l’Etat, pari difficile, parce que, au-delà des institutions, la politique congolaise manque de relais politiques et sociaux. La société démocratique congolaise ne serait pas comme toute société de ce type dotée d’institutions relativement transparentes demandant un réseau d’organisations qui interprètent politiquement, de manière relativement stable, les attentes collectives à destination du pouvoir.

Les partis politiques congolais ne fonctionnent pas réellement comme de segments de la puissance publique mais plutôt comme des écuries présidentielles ou des appareils de négociations de l’allégeance au pouvoir en place. La Société civile et les partis politiques en République Démocratique du Congo fonctionneraient de manière quelque peu atypique.

Le chemin de l’espoir de la République Démocratique du Congo serait dans une sorte de dilemme entre le devoir de réformes et l’impératif de la renaissance, sujet de notre contribution intitulée: « La question congolaise (2005). Mais le plus inquiétant demeure la tendance prononcée à la banalisation de la question de l’armée nationale ou de la politique de la défense nationale et de la sécurité régionale dans un contexte régional et mondial pourtant incertain. La négligence par des élites dirigeantes d’origine militaire de ces questions spéciales de souveraineté nationale, pendant et après une longue période de transition imposée par le contexte des guerres civiles et régionales, serait un mauvais déclencheur de la volonté de puissance ne fut-ce que nationale et surtout de croissance politique.

La République Démocratique du Congo de demain sera-t-elle un Etat ou un Espace économique désouverainisé, un marché régional de l’économie mondiale? Sinon, alors, une République Démocratique du Congo différente de lax République du Zaïre et aussi de la RDC kabilienne serait-elle un horizon imaginable? Cette interrogation qui hante plus d’un esprit constitue désormais un champ de réflexions fertiles. Philémon Mukendi invite à réinventer l’espoir là où Kä Mana estime qu’il nous faut inventer la République Démocratique du Congo. Une République Démocratique du Congo affranchie du formatage néo-colonial et néo-libéral faute de moyens de s’en approprier à l’instar du Burkina Fasso et de la Côte d’Ivoire d’Houphouët Boigny. Arnaud Zacharie et Bob Kabamba établissent l’équation de la reconstruction: reconstruire un Etat au bord de la faillite dans un nouveau monde multipolaire. Choisir entre le destin d’un espace minier contrôlé par le capital étranger et le destin d’une puissance régionale limitée constituerait le nouveau dilemme congolais qui structure aujourd’hui les voies d’un avenir incertain.

Cette question de savoir quelle politique pour quel Etat avait déjà été soulevée en son temps par Patrice-Emery Lumumba en termes de menaces qui pesaient à l’orée de l’accession à l’indépendance nationale sur l’avenir politique du Congo. En la reprenant ce jour, à l’occasion de la conférence sur le futur du Congo RD post-électorale, il s’agira non pas de scruter l’horizon d’un ciel chargé de nuages de pluie et de menaces d’orages, mais d’affronter l’incertitude d’un destin national devenu aléatoire au regard de tendances générales de l’évolution globale et systémique du monde. Que devient la RDC dans un monde global de nouvelles puissances mondiales émergentes et envieuses de ses ressources naturelles? Le Congo RD peut-il s’inscrire dans le courant actuel de nations émergentes comme l’Inde et la Chine qui capitalisent leur passé dans les conquêtes de leur futur? L’utopie congolaise serait-elle un château de cartes ou de feuilles?

Pour emprunter l’expression à Gabi Hesselbein dans son récit analytique de la construction de l’Etat, essor et déclin de l’Etat congolais, la question sous examen pourrait s’énoncer autrement en termes de « que faire pour inverser les tendances inexorables au déclin de l’Etat congolais, hier effondré et aujourd’hui en refondation ? » Il s’agirait, dans ce cas, de procéder à l’examen des conditions et des capacités du Congo et des Congolais d’assumer la vocation géopolitique de l’Etat congolais léopoldien, nation pivot de l’équilibre régional en Afrique centrale (1) ou encore celle frantz fanonienne d’une politique géostratégique régionale de l’Afrique combattante et militante.

Rien ne permet aujourd’hui de croire qu’il soit possible de refonder un Etat et surtout un Etat développeur; mais il serait possible que les puissances intéressées aux ressources consentent à l’existence d’un Etat gardien des conventions internationales. La pertinence de l’approche de la refondation de l’Etat tiendrait à la question stratégique de celui à qui revient le droit d’initiative: est-ce le Congo ou la Communauté internationale? Et comment apprécier l’influence de la coopération dans cette affaire?

C’est en ce sens que l’avenir congolais post-cinquantenaire donnerait lieu à plusieurs regards croisés entre ceux qui, comme Jean-Claude Willame, Marie-France Cross et François Misser partisans d’une République Démocratique du Congo Etat sous tutelle, craignent le pire et ceux qui, comme Colette Braeckman et Philémon Mukendi, espèrent une nouvelle version de l’indépendance du pays en mal endémique du nationalisme et aussi en mal d’ouverture désordonnée au monde global, double mal dû à la carence ou aux faiblesses de l’Etat.

Le caractère souverain de l’Etat est souvent occulté dans ce débat alors qu’à notre avis, le principal mal structurel de la République Démocratique du Congo est ce déficit de souveraineté à la fois économique et géopolitique. Lequel aurait dû infirmer la thèse du nationalisme des Congolais, nationalisme dépourvu de doctrine et de politique et surtout absent dans l’ouverture au monde en termes de politiques.

Le pays du majestueux et puissant fleuve, pays rimant avec chaos, pays de paradoxes et de scandales mais dont les violences contre son intégrité physique n’aboutissent jamais à la remise en question de l’unité nationale, serait le type achevé d’un Etat hydrographique, délibérément construit en référence au bassin de son fleuve éponyme et sans la moindre considération envers le substrat humain, un territoire immense sans aucune unité humaine avait-on dit, comme pour montrer l’absurdité des théories politiciennes sur le Congo qui, faute d’Etat rationnel, ne peut développer que de faux réflexes d’exigence de justice et de dignité.

Ce pays au destin national incertain et qui serait, d’après d’autres observateurs toujours en quête de nation, un pays résistant. La question aujourd’hui serait de savoir comment opérer la mutation et convertir l’économie de résistance au complot de balkanisation et de partition en économie d’action de conquête des libertés et de rang sur l’échiquier de politiques nationales et mondiales désormais. Quelle instance en prendrait la décision d’envisager autrement que par de simples réformes la problématique de la refondation de l’Etat congolais. A l’époque de la Convocation de la nation congolaise au Dialogue national en terre sud-africaine, nous estimions qu’il était possible d’inventer un autre avenir congolais de paix par et/ou grâce au choix d’un modèle institutionnel approprié. Nous pensions suggérer le modèle institutionnel allemand post-conflit. Mais, face aux enjeux électoraux de l’après transition Sun¬Citard du modèle atypique du partage des responsabilités d’Etat [1+4], nous avions commencé à redouter la perspective d’une évolution institutionnelle hors schéma institutionnel modelé sur l’Etat devant la persistance de la tendance au déclin de celui-ci, à l’intérieur d’un espace que l’on aménageait pour accueillir les grandes affaires d’argent et de commerce. La République Démocratique du Congo nous paraissait désormais destinée à la Hongkongorisation de son avenir géopolitique.

Pour y échapper, il y avait urgence d’inventer une nouvelle géopolitique régionale du développement de la souveraineté, obstacle à son développement institutionnel, la République Démocratique du Congo de demain paraissant en tout point de vue différente du Congo de nos rêves et de celui du combat de ses héros nationaux.

Le Congo du monde global et du Pacte de Nairobi de l’après les guerres de la Région des Grands Lacs en République Démocratique du Congo, de la première guerre mondiale africaine, des guerres du Kivu et des guerres régionales des opérations conjointes du traquage des forces négatives ougandaises et rwandaises est un nouveau et autre Congo dont il nous faut apprendre les caractéristiques géopolitiques. Et aussi choisir un avenir national autonome et différent de celui résultant autrefois des rapports de forces mondiales du contexte de la guerre froide ou de celui récent du choc des civilisations pourrait être la politique d’un Etat panafricaniste mondialisé et globalisé.

Une vision panafricaniste du destin géopolitique de la République Démocratique du Congo aurait besoin d’une politique congolaise d’intégration régionale, aujourd’hui absente. Concrètement, il pourrait s’agir pour les congolais de refaire le chemin de la décolonisation pour identifier les étapes de l’appropriation du destin qui n’auraient pas bénéficié des investissements historiques réels ou encore qui auraient échappé à notre attention nationale comme, par exemple, le devoir de construction idéologique et économique du nationalisme ; pour réinterroger l’économie du choc de notre indépendance nationale avec l’apprêté de la guerre froide dans une Afrique divisée idéologiquement pour une politique stratégique de coopération internationale et surtout ; pour évaluer l’impact des guerres d’agression des années de l’indépendance à nos jours et aussi de toutes les autres guerres et rebellions armées sur la capacité de notre Etat à assumer nos volontés d’indépendance et surtout à s’élever en stature de puissance nationale, régionale et mondiale ; et pour découvrir les liens du système colonial avec les nouveaux systèmes de pouvoirs post-coloniaux, à savoir le régime Mobutu, les régimes Kabila, le régime de transition 1 + 4 et enfin le régime des coalitions majoritaires issu des élections démocratiques. Qu’ont-ils en commun et qu’est-ce qui les sépare en vue de politique de libération nationale ?

Ce triple exercice pourrait nous renseigner sur les difficiles et dramatiques conditions de notre naissance au monde comme Etat, lesquelles auraient jusqu’ici rendu vaines nos velléités d’indépendance. La nature coloniale de nos modes de gestion de l’Etat et de la société pressentie en son temps par Young Crowford serait certes explicative des difficultés de gouvernance à la base de l’immobilisme institutionnel.

Pour une colonie non préparée à la gestion des responsabilités politiques et au gouvernement de la nation, n’avait-il pas fallu s’accorder un temps d’apprentissage des exigences d’une gestion responsable de l’avenir, un temps de transition qui aurait permis de nous approprier l’Etat colonial dans son efficacité administrative et territoriale, dans l’efficacité de son système de production de biens et de création des richesses?

La République Démocratique du Congo au même titre que la République de Guinée Conakry constituent des exceptions dans la marche vers l’indépendance de nouveaux Etats africains pour n’avoir pas bénéficié de l’assistance ou de l’accompagnement des anciennes puissances métropolitaines sur la scène internationale. La passation des pouvoirs n’aura pas été un rite d’initiation à la puissance ou au leadership international. Le mode de fonctionnement du régime Mobutu ainsi que ses logiques de pouvoir ont-ils reçu un traitement redresseur? Sinon comment conditionnent-ils aujourd’hui l’avenir national?

La Hongkongorisation du destin national et international de la République Démocratique du Congo consisterait dans le renoncement à la vocation géopolitique africaine ainsi qu’aux rôles géostratégiques dans la politique mondiale du pays de Lumumba, faute de stratégie nationale d’influence et de conquête du monde, la préférence à l’immobilisme institutionnel condamnant notre destin national à subir l’autorité des lois et aléas de l’histoire mondiale.

Dans la perspective d’une nouvelle problématique politicologique sur le Congo en mouvance démocratique, et tirant prétexte de l’inconsistance et de l’impuissance des coalitions politiques au sein des institutions nationales et provinciales, la politique de l’espoir et d’un autre avenir de paix, de progrès, de dignité et d’humanité devrait être celle à même de stopper et d’inverser la tendance générale au déclin de la nation dans un monde en croissance, et aussi d’opérer définitivement une rupture avec l’immobilisme et l’impuissance institutionnels observés par la mise en place des nouveaux supports institutionnels au devoir du leadership national, régional et mondial qu’impose le nouveau contexte du monde global.

Il faut procéder au choix d’un avenir voulu, grâce à un projet national ambitieux d’insertion volontaire et responsable de la République Démocratique du Congo dans le monde global, preuve d’engagement et de détermination à marquer l’histoire nationale et aussi celle de la région de l’Afrique centrale… Et devant l’évidence des mutations géopolitiques qui s’annoncent dans cette partie du monde où la géostratégie du pétrole pourrait aboutir à la reconfiguration des rapports de forces et à la redistribution des cartes politiques, la République Démocratique du Congo devrait guérir avant tout de son mal atavique du déficit de l’autorité publique en vue d’un leadership d’Etat relationnel de type wébérien.

Une réflexion stratégique visant la redéfinition de l’intérêt national congolais pourrait être suscitée et porterait sur l’examen de forces et faiblesses de secteurs nationaux par lesquels la République Démocratique du Congo est connectée au système mondial global: Diplomatie et Défense nationale; Economie-monnaie et Finances; Science et Technologie; Culture et Société.

L’issue de cette réflexion pourrait donner lieu à la mise en place des structures de réformes institutionnelles à vocation de transformer les modes d’actions de l’Etat et des mœurs des populations; structures économiques et technologiques d’analyse de conjonctures économiques mondiales et du développement régional devant faire mieux que le COPIREP et l’ANAPI aujourd’hui impuissants à susciter un développement institutionnel et à mettre la nation congolaise et son économie sur orbite mondial. Le pays devrait aussi se doter d’une structure nationale de coordination stratégique des forces sociales de changements chargée d’œuvrer au quotidien à la consolidation de l’unité et de la solidarité nationales, vecteur de la nouvelle puissance nationale.

Et grâce à l’appui d’un Institut ou Centre national des relations internationales et de planification stratégique, capacité congolaise d’interactions globales et mondiales, comprendre les limites de l’action gouvernementale limitée à la routine administrative et déconnectée du mouvement ou de la dynamique sociale. L’évolution des institutions politiques doit être compatible et refléter la dynamique générale de la société et s’inspirer quotidiennement de l’évolution des rapports des forces mondiaux. L’on a dit quelque part qu’il était possible que l’Etat devienne compétent, savant ou stratège en tant que manageur. Un Etat orchestre en lieu et place d’un Etat piano.

La République Démocratique du Congo, notre pays, n’a pas été capable de se donner une politique de décolonisation autre que l’africanisation des cadres non préparés à la besogne, des cadres incapables de gérer l’avenir de la nation et de lui donner des ambitions. Et il n’est pas de tradition de formation permanente ou de recyclage du personnel dirigeant en dépit de nombreux programmes de renforcement des capacités. La débrouille demeure la règle.

Une telle politique d’auto-prise en charge devrait se préoccuper de la gestion des effets, par exemple, des guerres d’agression qui auront eu des impacts nuisibles sur notre capacité à assurer notre croissance politique et institutionnelle. Commet à l’avenir contenir le déferlement des forces étrangères sur le territoire congolais et condamner la tendance à l’instrumentalisation de notre volonté d’indépendance nationale? Inventer, par exemple, une politique de décolonisation interne par la constitution d’une union politique des provinces donnerait de gages d’unité nationale renforcée et d’un nouvel Etat congolais souverain.

Nous avions autrefois soutenu que la réponse à la question de savoir quelle nature d’Etat pour la République Démocratique du Congo demain et aussi pour sa paix passait par l’établissement d’une Union politique des provinces, gouvernement transnational pour cause de refondation de l’Etat et de la République.

Une politique de réforme, de modernisation et de progrès économique serait le principal horizon du futur pour autant qu’elle aura mission de gérer en les canalisant les convoitises extérieures avec leurs corollaires de rivalités commerciales préjudiciables à l’indépendance, et aussi d’endiguer les ingérences étrangères multiformes à la a base de la Hongkongorisation de notre destin national.

U ne politique d’intégration sociale à vocation générale de construire l’identité nationale autrement que par la question de la nationalité congolaise devrait voir le jour et concerner la philosophie générale de la politique de l’éducation nationale. La République Démocratique du Congo a tout autant besoin d’un nouvel Etat souverain que d’une société fraternelle réconciliée et solidaire.

Le plus grand défi congolais dans pareilles perspectives, c’est d’être d’abord une société humaine à l’image de celle des autres. Et sa vocation géopolitique, pour être assumée au niveau régional, devrait sortir de la logique des communautés régionales à essence bureaucratique pour développer une politique nationale de régionalisation de l’économie congolaise. Au lieu de se complaire dans les présidences administratives de la CEEAC et de la SADC, l’avenir d’un rôle régional et international de la République Démocratique du Congo serait dans sa capacité à structurer son espace économique interne dans le sens d’un marché interne destiné à servir la cohésion et la cohérence stratégique nationale et aussi de se constituer en économie à vocation régionale produisant pour un marché élargi aux marchés des pays voisins. Ce qui impose de se donner des entreprises nationales à grande ambition et à vocation à transformer les communautés régionales transnationales des structures en entreprises compétitives plutôt que des administratives routinières.

Développer des capacités d’insertion au système mondial global serait une stratégie volontariste d’Etat rationnel se mêlant des jeux géopolitiques des nations du monde, contrairement, à l’illusion d’une nation souveraine par l’amélioration du climat des affaires, indicateur ou déclencheur du processus Hongkongorisant. A moins de compter aussi avec la main invisible d’Adam Smith.

Conclusion

Une perspective nouvelle de recherche en science politique congolaise sera celle qui prendra ses distances avec l’anthropologie et l’ethnologie d’inspirations coloniales qui s’évertuent à décrire les faiblesses et les limites des expériences d’organisation du pouvoir étatique sans ambition globale et bien souvent hors de contextes géopolitiques de leur institutionnalisation. L’Etat congolais n’a presque jamais paru comme un Etat rationnel mû par un brin de volonté de puissance et grâce à une stratégie volontariste se proposant de se mêler des jeux géopolitiques des nations du monde.

Ce n’est pas par l’amélioration du climat des affaires que la RDC parviendra à surmonter son déficit de souveraineté, le doing business servant même d’indicateur du processus de Hongkongorisation du destin national congolais. Travailler à réunir les conditions pour la RD Congo à améliorer sa stature internationale et à participer avec ses atouts et faiblesses à la gestion de l’interdépendance économique globale, telle nous semble la vraie perspective convenable à une utopie mobilisatrice… Refonder l’Etat congolais pour donner sens au nationalisme dont l’on gratifie malencontreusement ses élites dirigeantes et pour réagir et interagir à la contrainte de l’ouverture obligée au monde, c’est faire le choix stratégique d’assumer un destin géopolitique naturel.

Philippe BIYOYA MAKUTU KAHANDJA Directeur IPRIS


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