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De l’élection de Georges W. Bush en 2000 au hold-up électoral au Congo. Pour en finir avec le mythe de « grandes démocraties »

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  Crée le 09-01-2012- 13h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le lundi 09-01-2012    14H35 AFRIQUE REDACTION PAR :JP EMBELU

Organiser nous-mêmes notre espace politique nous exige de déconstruire le mythe entretenu dans notre imaginaire au sujet  des pays considérés comme étant des « grandes démocraties » en nous réalisant qu’ils sont, pour la plupart, des « Etats manqués » et « des principautés de non-droit ». Qu’ils ont comme « présidents » des « petites mains » d’un système mercantile dérégulé politiquement , n’ayant réellement aucun pouvoir.
 
 
Enfermés dans un mythe des « grandes démocraties » que la réalité peine à déconstruire, plusieurs d’entre nous  auraient du mal à comprendre que certains donneurs de leçons de l’élection au suffrage universelle ne la pratique pas correctement chez eux. Et dans plusieurs pays dits de « vieille démocratie », ce sont les oligarchies d’argent qui placent leurs « petites mains » à la présidence pour en tirer des profits marchands mirobolants.  « Au mois de novembre 2000 s’est produit l’évènement peut-être le plus important du siècle qui commence. Alors même qu’il avait perdu les élections, George Bush Jr  a été porté à la présidence des Etats-Unis.
A cette fin, et du fait d’un verdict politiquement prédéterminé par la Cour suprême des Etats-Unis, le comptage des voix en Floride a été  empêché alors que, mené à terme et correctement vérifié, il aurait marqué la défaite du candidat Bush. » (L. CANFORA, L’imposture démocratique. Du procès de Socrate à l’élection de G.W. Bush,  p.31)  Le challenger de Bush, Al Gore, a qualifié cet arrêt de comptage de voix de  « coup d’Etat ». « Et, comme il s’agit des patrons de la planète (qu’ils ne sont plus ?), aucun organe de presse qui compte, dans une Europe stupéfaite, n’a osé proclamer haut et fort la vérité atterrante : une vérité qu’ils auraient hurlé s’il s’était agi d’un autre pays. » (Ibidem, p.33) Pourquoi le verdict des urnes était-il prédéterminé ?
Qui l’avait  ainsi voulu à l’issue de  « la comédie électorale » ?  Les oligarchies d’argent  ayant confié à Bush la mission de ne pas signer le protocole de Kyoto et de relancer « la guerre des étoiles » !  Bush devait s’engager dans la guerre contre l’une des puissances rivales des USA : la Chine.  « Dès le 30 janvier 2001, soit vingt jours à peine après l’entrée en fonction de Bush Jr, le Pentagone simulait la bataille virtuelle entre les Etats-Unis et la Chine à coups des missiles et de « bouclier spatial », en prévision d’un conflit non pas virtuel, mais réel, prévu, sous bénéfice d’inventaire, pour 2017. » (Ibidem, p. 34)

Apparemment, le hold-up électoral congolais n’aurait rien à voir avec ce schéma.  Mais quand nous nous rendons compte que nous avons fait confiance à une organisation américaine (Le Centre Carter)  pour observer « la comédie électorale » du 28, 29 et 30 novembre et qu’à l’issue de  ses observations, elle en  est venue à conclure que  les irrégularités observées n’avaient  aucune incidence sur l’ordre d’arrivée des candidats, il ne serait pas trop osé de conclure à la préméditation du verdict des urnes. Pourquoi ? « Dans les pays décisifs de la planète, les Etats-Unis (et leurs alliés) pilotent (de près ou de loin) les élections et fabriquent le vainqueur. » (Ibidem, p.35) Avec la complicité des élites autochtones compradores. En effet, le Congo est l’un des pays décisifs de la planète.

Les propos d’Herman Cohen  au sujet du « président sortant »   confirment l’hypothèse de Luciano Canfora. Ceux et celles d’entre nous qui ont visionné le documentaire intitulé « Le conflit au Congo. La vérité dévoilée »  partageront eux aussi cette hypothèse. 
« La stabilité » des pays des Grands Lacs assurée par les tyrans qui y règnent est indispensable au contrôle  que les USA et leurs alliés  tiennent à y exercer. Dans une large mesure, « la comédie électorale » de novembre 2011 fut un « piège à cons ».

Néanmoins, elle a constitué un appel supplémentaire à un certain éveil de la conscience populaire et collective dans la lutte pour la réappropriation de notre initiative historique.  Elle pourrait, à la longue, nous aider dans notre travail de déconstruction du mythe de « grandes démocraties ». Envahissant notre imaginaire, ce mythe nous pousse  à nous fier à des « oligarchies messianiques d’argent » et à des « anti-démocrates » et/ou à leurs « experts » comme gestionnaires de notre destin collectif. Il nous conduit à la démission et à l’irresponsabilité citoyenne.

Dans ce travail de déconstruction du mythe de « grandes démocraties », certains témoins de l’intérieur peuvent nous être utiles. Ecoutons par exemple Mme Mitterrand. Quand son époux accède au pouvoir en 1981, elle estime qu’il va devoir réaliser les idéaux socialistes en France. « Mais bien vite, j’ai commencé à voir que cette France juste et équitable ne pouvait s’établir, confie-t-elle à Hernando Calvo Ospina. Alors  je demandais à François : Pourquoi maintenant que tu as le pouvoir ne fais-tu pas ce que tu avais offert ? »  François Mitterrand répondit « qu’il n’avait pas le pouvoir d’affronter la Banque mondiale, le capitalisme, le néolibéralisme. Qu’il avait gagné un gouvernement mais non pas le pouvoir. »

Qu’est-ce que Danielle Mitterrand à tiré comme leçon de cette réponse ? «  J’appris ainsi, dit-elle, que d’être le gouvernement, être président, ne sert pas à grand-chose dans ces sociétés soumises au capitalisme. J’ai vécu l’expérience directement durant 14 ans. Même s’il (Mitterrand) essayait d’éviter le côté le plus négatif du capitalisme, les rêves ont commencé à se briser très rapidement. »   Elle fut étonnée de constater la  capacité nocive des « bulldozers »  du marché  contre les fondements mêmes de la culture française.

« Pourquoi, se demanda-t-elle, un gouvernement qui se disait de gauche ne pouvait-il pas répondre aux attentes qu’il avait créées durant tant d’années dans l’opposition, tant au niveau national qu’international ? Devait-on accepter les impératifs d’un système mercantile jusqu’à la soumission ? » Malheureusement pour elle, les réponses à ces questions  étaient positives.

La soumission de son pays   à l’Administration américaine coiffant le système mercantile fut pour elle une honte. Et quand Hernando Calvo Ospina lui pose cette question : « Mme Mitterrand, si cela arrive en France, vous devez bien savoir ce qu’il en est  sous d’autres latitudes… » Elle répond : «  Je ne suis pas anti-Etats-Unis, mais  je suis avec le peuple de ce pays et non avec l’Administration qui le gouverne. Celle qui se sert de ce peuple pour tirer des bénéfices qui servent à quelques-uns. Durant toutes  ces années de ma vie, spécialement après la Seconde Guerre mondiale, j’ai pu voir comment les Etats-Unis foulaient aux pieds la liberté et la démocratie des autres pays, particulièrement les pauvres.
Ronald Reagan désigna comme terroriste le gouvernement sandiniste du Nicaragua, quand les terroristes, c’était son Administration et cette « contra » qu’il finançait. »  Pendant ce temps, le président du Nicaragua confia une mission à Mme Mitterrand : « Daniella, dis à François qu’il ne peut pas nous laisser tomber ; que l’Europe démocratique ne peut pas nous abandonner… » Le message fut transmis à Mitterrand. « Et il n’a pu rien faire : les Etats-Unis avaient décidé que les sandinistes devaient s’en aller avec leurs plans de développement social, pour faire place au néolibéralisme et au retour de la misère pour le peuple. Tandis que nous, renchérit  Daniella, nous étions  en train de fêter le Bicentenaire de la Déclaration des droits de l’homme. » Hypocrisie !

« L’Europe frigide » soumise aux USA a, depuis  longtemps, renoncé à la défense de la démocratie et des valeurs humanistes. Du point de vue structurel, elle a opté pour le marché contre la démocratie. Le mythe de « grandes démocraties » n’est plus entretenu que dans les têtes de ceux et celles d’entre nous que l’école et l’université ont réussi à soumettre à l’hégémonie culturelle du marché occidental. Pourtant, en Occident, à gauche comme à droite, chez les républicains comme chez les démocrates, tout le monde est soumis au pouvoir des oligarchies de l’argent et à la violence structurelle que cette soumission génère. Les actuelles mesures d’austérité imposées aux populations  sont un témoignage patent.
 
Il est curieux de constater que, dans l’interview  évoquée ci-haut, Danielle Mitterrand vante les révolutions cubaines et vénézuéliennes  avec des preuves à l’appui. Lire cette interview et les deux derniers livres de Pierre Péan (Carnages. Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique, Paris, Fayard, 2010 et  La République des mallettes. Enquête sur la principauté française de non-droit, Paris, Fayard, 2011)  permet de comprendre qu’en France, après Mitterrand, les choses n’ont pas bougé dans le sens de l’instauration d’une « grande démocratie ».
Au contraire, Sarkozy a fait de ce pays « une principauté française de non-droit. » Si nous ajoutons à ces deux livres ceux écrits par Eva Joly (Notre affaire à nous tous, Est-ce dans ce monde-là que nous voulons vivre et La force qui nous manque) et  Alain Badiou (De quoi Sarkozy est-il le nom ?), nous arrivons à tout un tas de témoignages donnés de l’intérieur et prouvant que la France n’est pas « une grande démocratie ». Le pays étasunien auquel il est soumis est qualifié par Noam Chomsky d’Etat manqué traversant depuis des siècles un grave déficit démocratique et violant, à temps et à contretemps le droit humanitaire international. (Lire Les Etats manqués. Abus de puissance et déficit démocratique, Paris, Fayard, 2006)

Organiser chez nous « une comédie électorale » en comptant sur « les experts » de ces Etats-maqués et de ces « principautés de non-droit » abusivement nommés « communauté internationale » participe de la reproduction du système mercantiliste de la mort. Les exemples de l’Amérique Latine devraient davantage nous inspirer. Nous devrions comprendre que l’Occident n’a plus grand-chose à offrir au monde. Au contraire, il participe à son dérèglement. (Lire A. MAALOUF, Le dérèglement du monde. Quand nos civilisations s’épuisent, Paris, Grasset, 2009) Relire l’histoire de notre propre « dérèglement » tel qu’induit par cet Occident et nos propres élites compradores serait un pays vers la guérison spirituelle indispensable à la déconstruction du mythe de « grandes démocraties » et à l’organisation de notre espace politique par nous-mêmes et pour nous-mêmes.
 
J.-P. Mbelu

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