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Kolwezi : des paysans tiraillés entre les champs et les mines

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Crée le 21-01-2012- 00h50 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le  samedi 21-01-2012    11H25   AFRIQUE REDACTION PAR : LE POTENTIEL

 

Les villageois de l’hinterland de la ville minière de Kolwezi, au Katanga, affluent à nouveau dans les carrières artisanales, depuis la hausse du prix du cuivre qui a permis la réouverture des comptoirs d’achat. L’agriculture en fait une fois de plus les frais.

Depuis les petites heures du 12 janvier, de fines pluies s’abattent par intermittence sur Kolwezi, à 300 km au Sud de Lubumbashi , dans la province du Katanga. La terre, argileuse, est glissante. Les populations qui se déplacent ne craignent ni les averses qui arrosent la ville, ni le froid qui pique le nez. Arrivée tôt dans la carrière artisanale dite "5 ans", près du lac Kabongo, Kon, une femme de 31 ans, défie le climat de ce jour. Courbée dans un puits par lequel de nombreux mineurs sont passés, elle creuse les pierres au moyen de sa bêche et les ramène à la surface avec un petit seau. "Il y a deux mois que nous sommes arrivés ici avec mon époux et nos quatre enfants. Nous venons de Kanzenze (50 km de Kolwezi, Ndlr) où nous cultivions", lance-t-elle, cherchant du regard un cycliste pour l’aider à acheminer ses pierres vers le lac pour le tamisage.

"Nous avons appris que les comptoirs d’achat de matières premières ont rouvert. C’est ainsi que nous cherchons des minerais ici chaque jour, enchaîne-t-elle. Des négociants viennent les acheter et vont les revendre dans les comptoirs." A quelques mètres, trois négociants habillés d’imperméables discutent avec un jeune homme d’une vingtaine d’années, le prix de son tas de pierres entassées sur le lieu. "350 FC le kilo", insiste le mineur, contre 250 que lui proposent ses acheteurs. La discussion est interminable. En fin de compte, c’est un autre mineur qui vient trancher l’affaire. "Donnez-lui 300 FC le kilo. Prochainement, nous irons nous-mêmes vendre aux comptoirs pour ne pas être tout le temps roulés."

REVERS DE LA MEDAILLE

La plupart de ces comptoirs d’achat des minerais bruts - cuivre et cobalt principalement - avaient fermé leurs portes ces dernières années, à cause de la chute sur le marché international des cours de ces matières recherchées. La reprise du marché qui a permis au cuivre notamment, de retrouver le niveau habituel de son prix (plus de 7 000 Usd la tonne), a favorisé la relance des comptoirs. Du coup, les petits paysans qui s’étaient entre-temps lancés dans l’agriculture, sont à nouveau attirés par les gains de l’exploitation artisanale des minerais. Venant de partout, ils prennent d’assaut les maisons de fortune en terre battue, couvertes de tentes ou de chaume qui forment de petits campements éparpillés ça et là dans les diverses carrières autour de Kolwezi. "Nous louons une maison à 4 000 FC (4,3 Usd) chaque semaine", raconte Kon. Revers de la médaille, outre les prix bas auxquels les négociants leur achètent les minerais, ces creuseurs n’ont plus assez de marge de manœuvre comme auparavant. "Beaucoup de carrières ont été vendues aux Blancs. Le peu d’argent que nous gagnons, nous pensons d’abord à manger, à payer le loyer…"

Deux enfants de Kon ne vont, du coup, plus à l’école. Depuis le retour des vacances de Noël, ils ont été chassés par manque d’argent. Leur mère rappelle que c’est maintenant la période de récolte dans les champs. "Leur père est allé chercher à manger au village", dit-elle.

PLUS DE RISQUES QUE D’AVANTAGES

Justin Mutomb lui, vient de totaliser 23 jours à Kawama, une autre carrière où creuseurs artisanaux, négociants, petits commerçants et professionnelles de sexe affluent en grand nombre. "Il n’est pas aisé de vivre dans une carrière avec tout ce qui s’y passe", reconnaît-t-il. Selon plusieurs sources, cette ruée vers l’exploitation artisanale des minerais à Kolwezi engendre l’exode rural, et la baisse du niveau de scolarisation. "Les gens ne cultivent plus dans les villages. Nombreux viennent en ville avec l’idée de s’enrichir vite", fait savoir Me Josué Kashala, du Centre d’aide juridico-judiciaire (CAJJ), une ONG membre de la société civile locale. Les enfants qui arrivent dans les carrières, finissent par abandonner l’école pour aider leurs parents à transporter les minerais.

Pour Pierre Kasonde, infirmier responsable du centre de santé de Musonoie, les creuseurs artisanaux gagnent bien peu au regard des dangers auxquels ils s’exposent. "Les matières qu’ils vendent contiennent de la malachite, du cobalt, du zinc, de l’uranium, du cuivre…, énumère-t-il. Mais dans les comptoirs, seule la teneur en cuivre est évaluée et payée à raison de 90 à 100 000 FC (97,8 à 108,6 Usd) pour 100 kg." L’uranium, présent dans ces minerais, est un produit radioactif avec lequel le contact permanent est déconseillé. "Il émet des rayonnements qui ont un effet néfaste sur les cellules jeunes, ce qui favorise les naissances d'enfants privés de certaines parties du corps", avertit-il.

Syfia Grands Lacs


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