Crée le 25-01-2012-13h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le mardi 25-01-2012 - 13H00 AFRIQUE REDACTION PAR : CHEIK FITA
24 avril 2007, espace Matonge. Colette Braeckman en conférence devant un public congolais. PHOTO cheikfitanews
En date du 12 janvier dernier, nous avons publié une lettre d’indignation d’un groupe de Congolais, adressée à notre consoeur Colette Braeckman sous le titre : « HOLD-UP ELECTORAL DE KABILA. COLETTE BRAECKMAN SE FAIT REMONTER LES BRETELLES »
Notre consoeur a répondu à cette lettre.
À la lecture de cette réponse, l’on peut se poser une question :
Le fond et la forme de cet article de Braeckman faciliteront-ils oui ou non une convergence de vues entre la journaliste et la communauté congolaise?
Ci-dessous la réponse de Collette Braeckman
Bruxelles, le 24 janvier 2012
Cheik Fita
Quelques éléments de réponse à une poignée d’”indignés” congolais.
“J’ai bien reçu votre lettre exprimant vos sentiments d’ « indignation » à la suite de
mes articles et j’ai eu l’occasion de voir la large diffusion de votre prose sur Internet. Je salue aussi les diverses ONG et le sites qui relaient votre point de vue avec obligeance.
Quelques points ont retenu mon attention et je me permets de vous les communiquer.
1.Ayant suivi les derniers jours de la campagne électorale et le déroulement des élections à Kinshasa, j’ai pu constater, de visu, le climat de violence et de méfiance qui a marqué le dernier jour de cette campagne et le déroulement du scrutin. J’ai constaté le déployement des forces de sécurité, les provocations auxquelles elles ont été confrontées et les réponses, parfois violentes, qu’elles ont apporté. J’ai relevé aussi la dignité et le sérieux de la plupart des électeurs, la vigilance des observateurs, la bonne volonté de la plupart des responsables des bureaux de vote qui ont tenté de trouver des solutions aux nombreux problèmes qui se posaient. J’ai observé la réalité d’un « vote sanction », le désir de voir les conditions sociales s’améliorer au plus tôt et la critique généralisée d’une certaine corruption du système. Partout ces aspirations ont été exprimées de vive voix et elles se sont traduites dans les votes enregistrés dans la capitale.
2. N’ayant pas suivi les élections à l’intérieur du pays, je n’ai pu, pour me faire une idée
d’ensemble, que m’en remettre aux conclusions des principales missions d’observation : les Africains, les Européens, la Commission Carter. Si les observateurs africains n’ont pas
critiqué le déroulement du scrutin, en revanche les missions « occidentales » ont relevé des cas de fraude, d’irrégularités. En outre, de nombreux témoignages, confirmant des
scènes que j’avais pu observer moi-même dans la capitale, ont fait état d’actes de violence et d’intimidation commis par les partisans de M. Tshisekedi durant les opérations de vote. Cela aussi
fait partie des « irrégularités » et certains résultats enregistrés dans le Kasaï sont au moins aussi surprenants que des scores obtenus dans le Katanga.
Cependant, aucune de ces missions d’observation n’a remis en cause « l’ordre d’arrivée des candidats », ce qui signifie que M. Kabila aurait obtenu davantage de votes que son
challenger immédiat M. Tshisekedi. Cela fait de lui, arithmétiquement, le vainqueur des élections présidentielles. Seul Mgr Monsengwo a remis ce fait en cause, mais les chiffres qu’il avançait
ont par la suite été démentis. Dans d’autres pays, le vaincu félicite le vainqueur et se prépare pour l’échéance suivante. Tel n’est pas le cas au Congo…
3. Au vu des résultats obtenus par tous les candidats de l’opposition, je persiste à penser que
si trois d’entre eux avaient réussi à s’entendre et à présenter un front uni, un programme commun et une répartition équilibrée des postes, ils auraient eu une chance de l’emporter. Comme
ce ne fut pas le cas, à qui faut-il imputer les conséquences de ce manque d’unité ? Malgré le coup de force qu’a représenté le changement de la Constitution, où le scrutin à deux tours a été
représenté par un vote à un tour, l’opposition gardait une chance de modifier la donne, à condition de le vouloir vraiment et de mettre en place une stratégie adéquate.
4. Relatant la conférence de presse de M. Felix Tshisekedi (où les journalistes professionnels étaient en nette minorité par rapport aux militants et où la prise de parole commença avec un retard
de 45 minutes) j’ai jugé utile de rappeler, outre l’essentiel de ses propos, qu’il était le fils de son père. Reprenant une pratique éprouvée en la matière, aurais je du mettre ce fait en
doute ? Comment imaginer que cet élément d’information rappelé aux lecteurs pouvait être considéré comme une critique ?
5. En ce qui concerne la situation dramatique de l’Est du Congo, j’en ai déjà parlé souvent, dans des reportages, des articles, des livres et je le ferai encore. Je vous invite vivement à vous y
rendre à votre tour pour marquer sur le terrain votre solidarité avec ces populations qui souffrent.
6. Je vous remercie pour l’attention avec laquelle vous lisez mes articles, pour le ton correct de
votre mise au point, dont pour une fois les injures sont absentes, et je vous assure de tout l’intérêt que je porte au débat démocratique au Congo et plus largement, au développement de ce pays
qui m’est cher, à moi aussi.
Je vous confirme aussi mon intention de continuer à écrire librement sur des sujets d’actualité congolaise en dépit des menaces éventuelles, des intimidations et des procès d’intention, qu’elle
qu’en soit la provenance.
Bruxelles, le 23 janvier 2012.