Crée le 08-02-2012- 02h55 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le mercredi 08-02-2012 - 04H01 AFRIQUE REDACTION PAR : ARTV - Ne Mbenza-Makanda-Maduda..
Le dernier acte en date est cette réaction d’outre-mer sur la fiabilité du scrutin. De Washington à Londres en passant par Paris, le refrain est
le même : «le scrutin est entaché d’irrégularités graves». Une interpellation.
Dans un communiqué remis à la presse, l’ambassadeur de Grande-Bretagne en RDC, M. Neil Wigan, «exhorte la CENI à publier tous les procès-verbaux et les résultats affichés par les bureaux de vote,
afin de permettre une enquête complète, juste, exhaustive et transparente de tous les différends par la Cour suprême de justice. Le Royaume-Uni réitère également son appel pour que toutes les
allégations de fraude, de violence et d’intimidation liées aux élections soient traités avec le grand sérieux».
Le diplomate britannique saisit cette opportunité pour souligner les efforts consentis par son pays dans le cadre d’une assistance significative pour les élections en République démocratique du
Congo. Laquelle assistance a mis un accent particulier sur l’enrôlement des électeurs, l’éducation civique et la mise en place du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication, CSAC.
Une façon de dire subtilement que la Grande-Bretagne a un droit de regard sur le bon déroulement des élections pour avoir dépensé l’argent de ses contribuables.
Il invite enfin tous les candidats et leurs partisans à «poursuivre pacifiquement leurs objectifs politiques et, d’autre part, aux agences de l’Etat et d’exécution de la loi de respecter les
droits de tous les citoyens à la vie, à l’intégrité physique, à la liberté de réunion et d’expression telle que garantie par la Constitution de la République démocratique du Congo».
De son côté, Washington n’est pas demeuré en reste au lendemain de la publication des résultats provisoires des législatives. Dans une déclaration reprise par RFI et captée vendredi matin à
Kinshasa, le secrétariat d’Etat adjoint aux Affaires africaines juge «le scrutin entaché d’irrégularités». Selon Donald Yamamoto, du bureau africain du département d’Etat américain : «Les
élections ont été gravement entachées d’irrégularités et ont manqué de transparence».
Même son de cloche au secrétariat d’Etat américain où Mme Hillary Clinton, secrétaire d’Etat américaine, demeure ferme et ne change pas de discours : «Les élections ont été entachées de graves
irrégularités avec un manque de transparence et qu’elles n’ont pas été à la hauteur des progrès démocratiques observés lors de dernières élections africaines». Un autre diplomate américain,
Daniel Baer, présent jeudi à l’audition de Hillary Clinton devant la Commission sénatoriale américaine précise : «Sans un engagement fort du gouvernement de la RDC envers la démocratie et les
droits de l’Homme, peu de choses durables sont possibles».
La France, de son côté, par le biais du porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, M. Bernard Valero, attend que les «correctifs nécessaires soient apportés avant les prochains
scrutins».
Quant à l’Union européenne, l’importance «qu’elle attache à ce que tous les efforts soient faits pour assurer la transparence et la crédibilité du processus électoral. Tous les contentieux
doivent être réglés pacifiquement et par la voie légale. Il appartient à la CENI d’exercer pleinement ses responsabilités et à la Cour suprême de justice de traiter les recours électoraux avec un
maximum de transparence, d’impartialité et de rigueur juridique».
INTERPELLATION
Ces déclarations sont sujettes à plusieurs interprétations. Emises sur un ton diplomatique, elles invitent à plus de réflexion, à une lecture sereine pour mieux interpréter la pensée des autres.
Car, le caractère «souverain» de chaque Etat ne le dispense pas de certaines observations pertinentes qui règlent les relations internationales. Au risque de vivre en autarcie.
Ce qui est vrai, c’est que ces déclarations qui viennent de rompre le silence de la communauté internationale sur sa réaction par rapport aux dernières élections n’apportent encore aucun élément
nouveau sur la reconnaissance officielle du scrutin qui vient de se réaliser en RDC. Elles demeurent imperceptibles. Il y a là une attitude attentiste comme quoi la balle se trouve dans le camp
de la Cour suprême de justice pour que les «allégations de fraude, de violence et d’intimidation liées aux élections soient traitées avec le plus grand sérieux», comme l’a si bien souligné le
diplomate britannique.
Mais aussi sur la nouvelle dynamique de l’Assemblée nationale et la désignation du futur Premier ministre. Selon certaines indiscrétions dans les milieux occidentaux, l’on attend un «Premier
ministre capable d’apaiser les tensions dans le pays» (sic).
Il est un fait que cette attitude des partenaires extérieurs conditionne la réévaluation de la coopération internationale, dans un sens comme dans l’autre. Ce qui aura un impact soit négatif,
soit positif sur les investissements. Et bien entendu, le programme de développement de la RDC s’en ressentira dès lors que tout budget annuel est tributaire des appuis budgétaires
extérieurs.
Mais le vrai problème réside dans la poursuite du processus électoral. Il faut dès lors restaurer le climat de confiance envers la CENI ainsi que les autres institutions de la République. Car, si
rien n’est fait dans ce sens pour sauver le processus électoral, il est possible que la CENI éprouve de nombreuses difficultés, au plan interne, pour organiser les élections provinciales,
municipales et locales. Elles pourraient ne pas avoir lieu comme en 2006. Ce qui se traduirait par une violation de la Constitution, une grave perturbation du processus de démocratisation en
République démocratique du Congo.
Encadre
Déclaration de Neil Wigan, ambassadeur britannique, relative à la publication des résultats provisoires des élections législatives (02 février 2012)
« La Commission électorale nationale indépendante (CENI) de la République démocratique du Congo a publié, le 2 février 2012, les résultats provisoires complets des élections pour l'Assemblée
nationale de la RD Congo. J'exhorte la CENI à publier tous les procès-verbaux et les résultats affichés par les bureaux de vote, afin de permettre une enquête complète, juste, exhaustive et
transparente de tous les différends par la Cour suprême de Justice. Le Royaume-Uni réitère également son appel pour que toutes les allégations de fraude, de violence et d'intimidation liées aux
élections soient traitées avec le plus grand sérieux.
Le Royaume-Uni a apporté, d'une part, une assistance significative pour les élections en République démocratique du Congo, visant à encourager une participation large et efficace, en mettant
l'accent sur l'enrôlement des électeurs et l'éducation civique. Avant la tenue des élections provinciales plus tard cette année, tous les acteurs, y compris la CENI et le Conseil supérieur de
l'audiovisuel et de la communication (CSAC), devraient passer en revue les leçons apprises lors des élections présidentielle et législatives afin de prendre des mesures correctives.
Le Royaume-Uni demande instamment, d'une part, à tous les candidats et à leurs partisans de poursuivre pacifiquement leurs objectifs politiques et, d'autre part, aux agences de l'État et
d'exécution de la loi de respecter les droits de tous les citoyens à la vie, à l'intégrité physique, à la liberté de réunion et d'expression telle que garantie par la Constitution de la
République démocratique du Congo».
Déclaration locale de l’Union européenne suite à la publication des résultats des élections législatives du 28 novembre 2011 en RDC
La Délégation de l'Union européenne en République démocratique du Congo, en accord avec les chefs de missions des Etats membres de l'Union européenne accrédités en RD Congo, a fait ce jour la
déclaration suivante : L'Union européenne a pris note des résultats provisoires des élections législatives, annoncés par la CENI le 26 janvier et le 1er février 2012. L'Union européenne rappelle
l'importance qu'elle attache à ce que tous les efforts soient faits pour assurer la transparence et la crédibilité du processus électoral. Tous les contentieux doivent être réglés pacifiquement
et par la voie légale. Il appartient à la CENI d'exercer pleinement ses responsabilités et à la Cour suprême de Justice de traiter les recours électoraux avec un maximum de transparence,
d'impartialité et de rigueur juridique.
L'Union européenne encourage tous les acteurs et toutes les forces politiques à entamer un dialogue permettant d'agréer le cadre nécessaire pour mener un débat démocratique, y compris à travers
le bon fonctionnement de l'Assemble nationale. Elle les appelle à jouer pleinement leur rôle dans les institutions et dans le respect du cadre constitutionnel. Il revient en particulier aux
autorités de créer les conditions favorables à l'établissement d'un tel dialogue.
L'Union européenne continuera à apporter son appui au processus politique afin que le retour progressif à la stabilité de la RD Congo puisse se poursuivre. Elle souhaite que les leçons soient
tirées des premières phases du cycle électoral et des dysfonctionnements et irrégularités sérieuses relevés à cette occasion. Il est très important que les élections locales et provinciales
puissent se tenir dans de bonnes conditions et dans un délai raisonnable et que les mesures nécessaires soient prises pour garantir la crédibilité de prochaines élections. L'Union européenne est
prête à participer à ces efforts, en prenant notamment comme base les recommandations de différentes missions d'observation électorale, dont celle de l'UE.