Crée le 10-02-2012- 16h15 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | TAGS: RDC, ETIENNE TSHISEKEDI, JOSEPH KABILA, VIOL RDC, FDLR, MASSACRE, ELECTIONS RDC, CENI, AFRIQUE. Mis à jour le vendredi 10-02-2012 - 20H40 AFRIQUE REDACTION PAR : LE SOFT
La Céni fait face à un problème moral. De son attitude future dépendra l'avenir du processus de démocratisation du pays. Le problème? Les résultats du scrutin
législatif qu'elle a publiés, répondent-ils vraiment aux normes et aux procédures de compilation édictées par elle-même, et tiennent-ils compte de tous les cas de contestation des candidats
?
La Commission électorale nationale indépendante a annoncé qu'elle se livrera pendant la deuxième quinzaine du mois de février à une auto évaluation de la première
opération du processus électoral, à savoir les scrutins présidentiel et législatif du 28 novembre 2011. C'est un secret de polichinelle que cette opération a été, entachée d'innombrables
irrégularités. Et c'est frappant pour les Législatives... La plupart des missions d'observation électorale doutent de la crédibilité des élections. L'Église catholique de la R-dC appelle à la
démission du bureau de la Céni au cas où elle ne prendrait pas en compte toutes les preuves tangibles des flagrances aux dernières élections. Le commun des R-dCongolais pense qu'il faut tout
recommencer pour sauver l'image du pays... Il reste que la Céni se mette désormais du côté du bon sens en tenant compte de tout ce qui lui est fait comme critique. Du coup, se pose la question de
savoir si la Céni, après son auto-examen, va se remettre en question! Toutes les critiques, toutes les préoccupations enregistrées, jusque-là, ramènent à une seule réalité : la responsabilité
morale de la Céni dans l'organisation des élections du 28 novembre 2011. Question: celle-ci est- elle engagée?
LA DERNIÈRE LIGNE DROITE.
Conformément à l'alinéa 2 de l'article 73 de la loi électorale, les candidats qui ont d'éventuelles contestations, devront désormais se référer à la Cour suprême de
justice faisant office de la Cour constitutionnelle. La CSJ a deux mois pour éplucher les recours dans le cadre du contentieux électoral. Logiquement, il devrait y en avoir en masse, selon des
observateurs, au regard des dénonciations (de fraude, tricherie, corruption, bourrage d'urnes, etc.) des candidats. S'agissant spécialement de ces dénonciations en rapport avec les procédures de
compilation où nombre de candidats croient être délibérément victimes de manipulation par les agents commis dans les centres locaux de compilation des résultats, mais aussi par le bureau de la
Céni, le président de la Céni, Daniel Ngoy Mulunda Nianga, a déclaré que son institution «faisait siennes toutes les préoccupations des acteurs politiques toutes tendances confondues». Ce qui
justifie le train de mesures que le bureau de la Céni a arrêtées pour... se faire bonne conscience. Par exemple, tirant les conséquences des actes de violences perpétrés contre ses installations
ou ses agents par les candidats ou leurs militants et tenant compte des cas avérés de substitution des résultats de certains candidats dans les CLCR, le bureau de la Céni a décidé de «se réserver
de proclamer les résultats provisoires et de proposer à la Cour suprême de justice l'annulation des élections législatives» dans certaines' circonscriptions. Notamment à Kiri (Bandundu), Ikela
(Equateur), Punia (Maniema), Masisi (Nord-Kivu), Kole et Lomela (Kasaï oriental), Demba (Kasaï occidental). Par ailleurs, le bureau de la Céni a décidé de déférer devant la CSJ «les candidats
ayant proféré des menaces ou posé des actes de violence à l'endroit des agents électoraux, ou encore ceux ayant commis des actes de destruction et autres voies de fait, sur les installations de
la Céni». Il s'agit d'Alphonse Ngandu Katunda et Biayi Mutoke pour «coups et blessures, injures publiques et menace de mort contre les agents électoraux le jour du scrutin et pendant toute la
période de traitement des résultats dans la circonscription de Ngandajika»; Delly Sesanga Hipungu Dja Kaseng Kapitu pour «pillage et violence provoqués par lui et ses partisans dans des bureaux
de vote, destruction des documents et matériels électoraux le jour du vote et pour destruction des installations de télécommunication (V-SAT) de l'antenne locale de la Céni dans la
circonscription de Luiza»; Jean Beya wa Kabenga pour des «actes irréguliers constatés par le PV de l'OPJ de la Police nationale congolaise de, Dibaya»; Sévérin Bamany Mobely pour «incidents et
violences provoqués par lui dans certains BVD de la circonscription de Yumbi». Il s'agit aussi de Fidèle Likinda Bolom'Elenge pour «violences provoquées par lui et ses partisans dans des bureaux
de vote, destruction des documents et matériels électoraux le jour du vote» et pour «coups et blessures volontaires contre le' chef d'antenne locale de la Céni dans la circonscription d'Ikela»;
Jean Marie Gapemonoko Lobodumba pour «incitation à la haine et menaces avec usage d'armes à feu dans la circonscription de Kungu»; Félix Bosekota Mbana pour «pillage et violence provoqués par lui
et ses partisans dans des bureaux de vote, et au CLCR dans la circonscription de Boende»; Jean Claude Baende Etafe Eliko pour «violences provoquées par lui et ses partisans dans des bureaux de
vote, dans les circonscriptions de Mbandaka, Makanza et Bikoro»; Kalombo Tshinkenke, Lukono Sowa, Kamba Tshishimbi, Mulamba Mushame et Ibrahim Mujiani pour «avoir perpétré des violences dans la
circonscription de Demba spécialement à Bena Leka en molestant publiquement Mme Ngalula Kalala»; et Dieudonné Nkishi Kazadi pour «avoir été à l'origine des violences, des menaces et des actes de
pillage des BVD et matériels électoraux». Même si certains d'entre eux (comme Delly Sessanga, Jean Claude Baende, Jean Marie Gapemonoko) sont élus, a précisé Ngoy Mulunda, «la Céni se réserve de
les proclamer élus et s'en remet à la justice jusqu'à ce qu'un jugement soit rendu en vue de leur validation ou invalidation et pour toutes autres poursuites appropriées».
MONTRER PATTE BLANCHE.
Mais cela suffit-il de dédouaner la Céni de toutes les critiques sur les irrégularités constatées?
«L'Assemblée nationale ne dispose que de 500 sièges à pourvoir et qu'il est normal que les contestations prennent de l'ampleur car sur 18.865 candidats enregistrés,
18.365 sont censés perdre et sont donc à tort ou à raison des potentiels contestataires», se justifie Ngoy Mulunda. Qui en appelle à «une éthique électorale congolaise qui devra amener les
acteurs politiques à reconnaître avec fair-play les résultats issus des urnes». Et pour se faire bonne conscience: «Au- delà de la formation qui a pourtant été bien assurée par des formateurs
qualifiés, les agents incriminés sont certes des agents Céni, mais sont dans la plupart des cas des temporaires, recrutés parfois pour deux semaines et sur qui la Céni n'a malheureusement pas
d'emprise ni sur le plan administratif ni sur le plan de la paie qui est assurée par le projet PNUD PACE. La Céni entend soumettre à la prochaine évaluation le mode de recrutement de cette
catégorie d'agents jouant pourtant un rôle crucial mais sans lien contractuel solide. Toutefois, il y a à regretter que la plupart des corrupteurs se sont malheureusement recrutés parmi les
18.865 candidats à la députation nationale.
Ce fléau de corruption mérite d'être combattu pour donner de chance à ceux qui ont réellement mérité la confiance du souverain primaire». Aveu d'échec ou
d'impuissance? Le politologue Jean Marie Kidinda estime que les travaux d'auto évaluation de la Céni - qui réuniront autour des membres de son bureau, les cadres de la Céni et les experts de
l'assistance électorale internationale : MONUSCO, PNUD/PACE, IFES, NDI, ECF/SADC et autres membres du Comité de partenariat - ressemblent plutôt à une sorte de palabre à l'ombre des politiciens.
«Les ratés du départ n'ont pu que conduire à une crise de confiance à l'arrivée. Si ces travaux d'auto évaluation n'ont pas pour objectif de proposer un ensemble de solutions destinées à
renforcer la cohésion nationale, sanctionner les tricheurs, la suite ne pourra qu'être hypothéquée», fait remarquer le professeur Kidinda.
La suite, ce sont les élections provinciales, municipales et locales. La Céni a annoncé le report à une date ultérieure du début de l'opération de réception et
traitement des candidatures à la députation provinciale, initialement prévue le 23 janvier 2012. Un calendrier électoral révisé sera publié après la session d'évaluation du processus. «À quoi cet
exercice aura- t-il servi si la Céni ne fait pas amende honorable, ne se remet pas en cause? Autant dire que si on veut que la population aille encore voter, maintenant qu'elle a le sentiment
qu'on lui a volé ses élections par la Céni, c'est sur ce point capital de la responsabilité male de cette dernière qu'elle doit désormais travailler», souligne Jean Marie Kidinda.
TONY NGANGA