Crée le 14-03-2012- 13h10 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONLE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le mercredi 14-03-2012 - 14H00AFRIQUE REDACTION PAR : OBSERVATEUR
C’est finalement confirmé. Comme annoncé antérieurement dans nos colonnes, le Fonds Monétaire International (FMI) va organiser les 22 et 23 mars une conférence
internationale sur la gestion des ressources naturelles en Afrique Subsaharienne à Kinshasa. Pour ce faire, cette institution de Bretton Woods bénéficie de la collaboration du gouvernement de la
RDC, de la Banque mondiale, d’UKaid,… et d’autres bailleurs de fonds intéressés par cette problématique. Pour des raisons évidentes, Kinshasa, capitale de la RDC, a été choisi pour servir de
cadre à cette rencontre africaine et internationale de haut niveau sur la problématique de la gestion des ressources naturelles en Afrique au sud du Sahara et des recettes issues de cette
exploitation.
Le choix de la capitale de la RDC par le FMI pour abriter cette conférence africaine peut se comprendre car notre pays dispose d’un potentiel minier énorme et les
mines sont un secteur porteur de croissance économique. C’est tout un symbole. Le sol et sous sol de la RDC regorgent notamment de : diamant, or, coltan, cassitérite, cuivre, cobalt, pétrole, gaz
méthane, bois,…Pour les succès des travaux qui auront lieu au Grand Hôtel Kinshasa, les ambassades de la RDC à l’étranger sont mises à contribution pour faciliter aux participants les formalités
d’obtention de visa.
Selon les informations disponibles auprès du FMI, la conférence a pour vocation de dresseun bilan des analyses et des réflexions du FMI sur la gestion
macroéconomique des recettes tirées des ressources naturelles. La conférence vise notamment à expliquer comment le dialogue de politique générale du FMI et ses conseils ont évolué dans le cadre
des programmes mis en œuvre par les pays d’Afrique Subsaharienne. Elle va débattre des politiques et administrations fiscales ainsi que des cadres réglementaires propices à une bonne gestion des
ressources naturelles, procéder à un échange de vues avec les représentants du monde universitaire et les responsables politiques de la région.
Les participants attendus à cette rencontre vont provenir de plusieurs pays africains et pays membres du FMI, ainsi que des organisations internationales
intéressées. Nombre de participants étrangers ont déjà rempli le formulaire d’inscription à cette conférence auprès des services du FMI.
Gestion macroéconomique des ressources naturelles
Pour la première journée des travaux, le mercredi 21 mars, le thème retenu est : « la gestion macroéconomique des ressources naturelles ». A tout seigneur, tout
honneur, le coup d’envoi des travaux sera donné par le ministre des Finances de la RDC, Matata Ponyo, qui va adresser aux participants un mot de bienvenue. Quant à l’intervention d’ouverture
intitulée : « le défi de la gestion des ressources naturelles dans les pays à faible revenu », elle sera prononcée par Antoinette M. Sayeh, Directrice du Département Afrique au FMI.
Dans la foulée, il est prévu une première séance sur « les Flux liés aux ressources naturelles et politiques macroéconomiques », sous la présidence du
ministre des Finances, Plan et développement économique de l’Ouganda, Maria Kiwanuka. Le panel de cette séance sera constitué notamment de Catherine Pattillo, conseillère au département de la
stratégie, des politiques et de l’évaluation du FMI et d’Anthony Vanbles, professeur des sciences économiques de l’Université d’Oxford. A ce niveau, selon le FMI il sera question de la gestion de
la manne issue des ressources naturelles en conjoncture favorable et les coupes qu’il faut opérer lorsque les périodes fastes touchent à leur fin. Ces coupes constituent d’importants dossiers
pour les pouvoirs publics, au même titre que les questions liées au « syndrome hollandais », à la compétitivité internationale, à la coordination des politiques monétaires (notamment sous
l’angle des réserves) et budgétaires. C’est cette séance qui va donner le ton de la conférence en faisant d’entrée de jeu un état des lieux de la réflexion sur cette ancienne
problématique.
Une deuxième séance aura lieu autour « des aspects opérationnels de la politique budgétaire dans les pays riches en ressources naturelles », sous la
présidence du ministre des Finances de la RDC, Matata Ponyo. Dans le panel de cette séance, il y aura : Sanjeev Gupta, directeur adjoint du département des finances publiques du FMI, Joe Asamoah,
directeur général d’EnerWise Africa et Ologario de Castro, président du Comité consultatif des investissements pétroliers de Timor Leste. A en croire le FMI, cette séance va aborder les aspects
opérationnels de la politique budgétaire d’un point de vue théorique et pratique. Elle va se pencher sur le fait que dans les pays riches en ressources naturelles la politique budgétaire joue un
rôle primordial, compte tenu de la volatilité des recettes provenant de ces ressources et leur épuisement à terme. Ce constat soulève des questions complexes de viabilité et d’équité
intergénérationnelle, de gestion financière et de choix des supports d’épargne appropriés, y compris la formule des fonds souverains.
« L’investissement public, moteur de la croissance de l’Afrique subsaharienne » ; tel est l’objet de la séance 3. Le président de la séance sera Gilbert Ondongo,
ministre des Finances, du Budget et du Portefeuille public du Congo ; le panel sera constitué de Paul Collier, professeur de sciences économiques et directeur du Centre d’étude des économies
africaines de l’Université d’Oxford ; Anand Rajaram, responsable sectoriel (Région Afrique) à la Banque mondiale et Job Graça, vice ministre du Plan de l’Angola. A ce niveau, il est rapporté que
les recettes issues des ressources naturelles ont permis à nombre des pays africains d’élargir leur marge de manœuvre budgétaire, et de faire de l’investissement public un vecteur de croissance
et un instrument de lutte contre la pauvreté. Dans cette séance, il sera examiné les avantages et les inconvénients de l’expansion des investissements, les mesures propres à accroître leur
efficience, les contraintes potentielles et l’expérience de différents pays.
La séance 4 va tourner autour des « Exigences plus rigoureuses de gouvernance et de transparence dans la gestion des ressources naturelles ». Pour le FMI, la bonne
gouvernance et la transparence dans la gestion des ressources naturelles sont essentielles pour garantir la responsabilisation et tirer le meilleur parti de la mise en valeur du patrimoine
naturel d’un pays. Ainsi, il est retenu un panel plus large pour animer le débat sur les moyens optimaux d’atteindre ces objectifs. Ce panel comprend : Tim Bittiger, directeur régional pour
l’Afrique francophone et l’Europe de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), Gavin Hayman, directeur des campagnes de Global Witness, Yongpeng Zhang, chercheur
de l’Académie des sciences sociales de Chine,….
Aspects microéconomiques
La deuxième journée, le jeudi 22 mars, sera consacrée au thème : « les aspects microéconomiques de la gestion des ressources naturelles ». La cinquième séance
va tourner autour de « la part équitable qui revient à l’Etat ». Quant à la sixième séance, elle est consacrée à « l’administration et prévision efficiente des recettes des ressources naturelles
en présence de faibles capacités ». Du côté du FMI, l’on note que de nouveaux instruments de politique financière, comme l’imposition des rentes issues des ressources naturelles, reçoivent un
intérêt croissant de la part des gouvernements soucieux de mobiliser une grande part de recettes de ce secteur. Enfin, une table ronde va se pencher à la fin de cette conférence sur les
enseignements et les perspectives, avec la participation de la directrice du département Afrique du FMI, du ministre des Finances de la RDC,…
A tout prendre, l’Afrique reste une grande pourvoyeuse des ressources naturelles (pétrole, gaz naturel, bois, minerais,…) pour les autres parties du monde.
Cependant, les retombées financières pour les Etats ne sont pas toujours à la hauteur des attentes suscitées. L’incidence sociale de l’exploitation des ressources naturelles sur la réduction de
la pauvreté des populations sur le continent, n’est pas toujours perceptible. Cette exploitation des ressources naturelles débouche dans certains cas sur des guerres, des accusations de
corruption, de cas de pollution ou de détérioration de l’environnement, d’expropriation des paysans de leurs terres, de travail d’enfants,…En d’autres termes, l’exploitation des ressources
naturelles en Afrique au sud du Sahara ne fait pas que des heureux.
Entre autres, il y aurait, dit-on, sur le continent africain une relation entre l’exploitation des ressources naturelles faciles d’accès et une désindustrialisation
(une baisse de l’activité dans le secteur manufacturier), phénomène bien connu sous la dénomination de « syndrome hollandais ». Cette problématique appelle une réponse appropriée des
Africains, ainsi que des partenaires techniques et financiers, comme le FMI, la Banque mondiale, la BAD, DFID, USAID, PNUD,…D’où l’importance des discussions qui vont avoir lieu à Kinshasa sur la
problématique de l’exploitation des ressources naturelles sur le continent noir.
Didier Munsala Buakasa