Créé le 18 -02-2011 à 00 h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le vendredi 18 -02-2011 à 2 h10 | PAR : LE POTENTIEL
Tout le monde les a vus. Moi aussi. Les uns les ont admirés, d’autres les ont haïs, certains ont carrément été scandalisés. La scène s’est passée la semaine
dernière. Débout sur les tombes du cimetière de Gombe, les jeunes « sapeurs » exhibent fièrement leurs vêtements griffés. Que s’est-il exactement passé ?
Sur le portique d’entrée du cimetière de Gombe, une banderole frappe tous les pairs d’yeux qui passent sur le boulevard du 30 juin. Il invite « tout adepte sapeur à
venir participer au 16ème anniversaire de la mort du fondateur de la ‘religion kitendi’, Stervos Niarcos ». Apparemment, l’invitation était ouverte. Ainsi, tous les amoureux de la grande «
Société des ambianceurs et des personnes élégantes » (Sape) , venus de deux rives du majestueux fleuve Congo, ont répondu massivement à l’appel. De qui ?
Le décor est planté. La cérémonie démarre par un défilé sur un tapis rouge déroulé pour la circonstance sur l’allée bordant le cimetière. Sous le regard friand de
badauds et dans une ambiance de folle rigolade. Chaque « sapeur » fait quelques pas, s’arrête, claque des talons pour attirer l’attention sur ses chaussures. Malheur à celui dont l’habit n’a pas
de « griffe ».
La plupart tirent une valise bourrée de vêtements et chaussures, qui est déballée sur le tapis comme sur un marché aux fripes. Veste en cuir, manteau, blouson,
pantalon, parfois relevé à mi-mollet, bermuda, kilt, chaussures en cuir – version croco ou verni – , chapeau, casquette, lunettes de soleil, costume ample, cravate, nœud papillon, écharpe… tous
les mélanges sont permis. Circonstance oblige.
Après le défilé et après le dépôt de gerbes de fleurs sur la tombe de leur idole, Mombele Ngatshie alias Stervos Niarcos, les sapeurs prennent d’assaut d’autres
tombes et s’exhibent en spectacle. Chacun sur une tombe qui concorde avec les couleurs de sa sape. Les tombes transformées en podiums de célébration de la religion kitendi. Quelles trouvailles
!
Nous ne donnons aucune leçon de morale à quelqu’un. D’ailleurs, qui condamnerait ces jeunes ? Dans une large opinion, la « sape » passe pour leur seul moyen
d’expression et d’existence, le chômage ayant battu son plein. De son vivant, Stervos Niarkos n’avait-il pas dit aux riches : « vos villas, vos châteaux, vos yachts resteront, mais moi, je serai
enterré avec mes cuirs griffés ». Lui, le « pape » de la sape, leur a légué une religion. Quoi de plus normal que le jour de sa mort, ses milliers d’adeptes remémorent son idéologie. Par tous les
moyens. Même sur les tombes des autres.