Créé le 16 -05-2011 à 00h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le lundi 16- 05-2011 | 16h30 | AFRIQUE REDACTION PAR : REFERENCE PLUS
Même si elle na pas encore éclaté au grand jour, une crise de confiance couve depuis quelques jours au sein de la Majorité présidentielle. Les signes qui ne
trompent pas de cette mésentente se manifestent actuellement au Palais du peuple où les députés de la coalition kabiliste ne parlent plus le même langage. Cette discorde est apparue au grand jour
à l'hémicycle, mi-avril dernier, lors de la présentation d'une proposition de la loi électorale. Présenté par Me Tunda ya Kasende du Pprd, le texte concocté par la hiérarchie du parti
présidentiel avait été rejeté par la quasi-totalité des députés. Outre le fond jugé antidémocratique, les élus MP opposés à cette proposition de loi n'avaient pas appréciés les méthodes
cavalières de leur hiérarchie: le texte n'avait pas été soumis à la concertation ni au sein de la Mp et moins encore dans les groupes parlementaires.
La méfiance à l'hémicycle persiste encore autour du projet de la même loi électorale soumis par le gouvernement. Le texte gouvernemental apporte des modifications à
certaines dispositions de la loi électorale du 9 mars 2006. Plusieurs questions essentielles continuent de diviser les élus de la majorité sur certaines de ces modifications.
Il y a tout d'abord le seuil d'éligibilité fixé à 10% pour le partage des sièges dans les circonscriptions à deux sièges ou plus. Cette disposition soutenue par
certains caciques du Pprd n'arrange pas les partis alliés de la MP qui craignent de disparaître aux prochaines élections. Leurs députés ne jurent que par le scrutin proportionnel intégral, avec
le plus fort reste, sans seuil d'éligibilité comme en 2006. « Nous n'allons pas nous tuer politiquement pour faire plaisir au Pprd. Le Pprd, trop gourmand, ne doit pas chercher à gagner dans la
loi électorale ce qu'il n'a pas su gagner sur le terrain », commentait hier soir un élu de la majorité présidentielle opposé à cette réforme. Vétéran de la politique, l'élu de Bandundu soupçonne
les responsables du Pprd de vouloir flouer les autres partis de la MP.
Le critère de niveau d'étude universitaire exigé pour br4guer aux prochaines élections ne fait pas non plus l'unanimité. Plusieurs élus de la MP s'opposent à cette
condition proposée par la Commission politique, administrative et judicaire de l'assemblée nationale et soutenue par certains ténors du parti présidentiel au sein de cette commission. Les députés
hostiles à ce critère soutiennent que la candidature aux postes politiques électifs ne doit pas être l'apanage des seuls universitaires. “L'Union interparlementaire mondiale a formellement
interdit cette condition à tous les parlements membres”, rappelle un élu du parti présidentiel, qui s'insurge contre cette discrimination. Il pense que te peuple congolais est suffisamment
responsable pour se choisir ses élus. Le diplôme, relève-t-il, ne confère pas les aptitudes à diriger.
La prestation de Joseph Ileo Songo Amba
L'échec de notre pays depuis plusieurs années, soutient ce député Pprd, n'est pas imputable aux non universitaires. Il y a des exemples à travers le monde et même
dans notre pays qui montrent ce que des dirigeants non universitaires ont su entreprendre au bénéfice de leurs populations. Certains ont réalisé des exploits qui forcent l'admiration, dit-il.
C'est le cas de l'ancien président brésilien Lula da Silva qui, en huit ans, a hissé son pays parmi les dix nations les plus prospère du monde.
Chez nous, relève-t-il, la prestation de feu Ileo Songo Amba à la tête de l'assemblée nationale est un modèle incontestable. Le député Pprd pense que certains de
ses successeurs universitaires n'auraient pas fait mieux que lui.
Dans les affaires, fait-il remarquer encore ; les non universitaires ont brillament réussi dans notre pays. Jeannot Bemba, Dokolo, Kisombe Kiakumwisi, Papa Moleka,
Kinduelo, Moïse Katumbi champwe ont un palmarès que bien des cadres universitaire ne peuvent approcher. L'élu kabiliste n'a pas mâché ses mots en citant Moïse Katumbi comme le meilleur gouverneur
de province actuellement dans notre pays. Les prouesses de son club de football, le Tp Mazembe méritent notre admiration, estime-t-il.
Une autre pomme de discorde qui risque de provoquer des étincelles entre les élus de la majorité et leur hiérarchie à l'assemblée nationale concerne l'érection des
24 communes de la ville de Kinshasa en circonscription électorale. La grande majorité des élus de la capitale, toutes tendances confondues, sont catégoriquement opposés à cette réforme. Ils
promettent de barrer la foule à cette innovation proposée par certains barons du parti présidentiel pour la seule ville de Kinshasa et non pour toutes les villes du pays.
A la tribune du Palais du peuple le jeudi 12 mai dernier, les élus de la ville de Kinshasa avaient enchaîné des questions : “Pourquoi cette loi doit- elle
s'appliquer pour la ville de Kinshasa et pas pour les autres villes ? Pourquoi un élu de Kinshasa doit être élu dans une commune et son collègue de Lubumbashi par toute la ville? Pourquoi un
député de la capitale doit-il avoir la commune comme circonscription électorale au même titre qu'un conseiller communal ou un bourgmestre ? Pourquoi veut-on émietter les quatre aires
géographiques de la capitale-Lukunga, Funa, Mont Amba et Tshangu-retenus depuis longtemps comme des circonscriptions électorales?
Pour bon nombre de députés MP, l'érection de la commune comme fief électoral dans la capitale procède des calculs politiques visant à donner Un, avantage au parti
présidentiel. “Des dignitaires du régime qui ont pillé l'Etat espèrent, par ce raccourci, se faire élire facilement dans une commune en y déversant de l'argent acquis frauduleusement, exploit
qu'ils ne peuvent pas réussir dans plusieurs communes réunies”, accuse un député Pprd de la ville de Kinshasa hostile à cette modification.
Débat interne sacrifié
Pour ces élus, la crise de confiance qui prend corps à l'hémicycle est imputable au manque de concertation. Ils reprochent aux responsables du parti présidentiel de
vouloir régenter la MP, à l'assemblée nationale, à 1im-age de ce qui se fait au Pprd où le débat démocratique fait cruellement défaut. Ils en veulent pour preuve le rejet de la proposition de la
loi électorale initiée par leur collègue Katunda ya Kasende et présentée à la chambre basse sans concertation avec ses collègues du Pprd et de la MP. Le texte, renvoyé à son initiateur, avait
pourtant été boutiqué dans une officine proche des dirigeants du parti présidentiel.
Autre preuve de manque de concertation relevée par ces élus, la léthargie qui paralyse certains organes du Pprd. ils citent en exemple le Conseil national et le
Bureau politique du parti présidentiel mis au frigo par ses dirigeants pour contourn9r le débat démocratique.
En cette période de grands enjeux politiques et électoraux, l'absence de débat démocratique à la MP risque de se' révéler catastrophique pour le parti présidentiel.
Nul ne peut en effet prévoir les conséquences politiques des frustrations qui habitent les élus de la majorité. On ne sera pas surpris demain si ce manque de concertation aboutisse à un
affrontement politique, à l'interne, entre les partisans, du président de la République au grand dam de l'autorité morale de la MP. Dans la pire des hypothèses, il faut craindre la rupture des
alliances, à l'instar du refus des dirigeants du Rcd/Kml qui continuent à ce jour de bouder la MP. Le démon de la désunion est désormais bien présent dans la famille politique
présidentielle.
Felix Kabwizi Baluku