Créé le 18 -05-2011 à 11h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le mercredi 18- 05-2011 | 13h20 | AFRIQUE REDACTION PAR : LE PHARE
Un témoin a déclaré que des généraux de la République centrafricaine (RCA) lui avaient indiqué que lorsque les troupes de l'accusé de crimes de guerre Jean-Pierre
Bemba, étaient présentes dans le pays, elles étaient commandées par l'ancien président Ange Félix Patassé. Pamphile Oradimo, le doyen des juges d'instruction de la RCA, a interrogé plusieurs
officiers supérieurs dans le cadre de son instruction sur les personnes responsables des crimes commis dans le pays pendant le conflit de 2002-2003. Il a cherché, entre autres, à établir qui
avait commandé les troupes du pays et leurs alliés du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) à l'époque où M.Patassé combattait une rébellion armée.
Lors du contre-interrogatoire mené par l'avocat de la défense Aimé Kilolo-Musamba, M. Oradimo, qui témoignait pour la deuxième semaine, a confirmé les déclarations
qui lui avaient été faites par des responsables militaires. Dans ces déclarations, dont M. Kilolo Musamba a lu des extraits, M. Oradimo a demandé au général Ferdinand Bombayake, qui avait dirigé
la garde présidentielle, de quelles autorités militaires dépendaient les différentes forces armées qui prenaient part au conflit.
« Les Banyamulenge [soldats congolais] opéraient sous le commandement du sous-chef d'état- major, le général [André] Mazzi, ainsi que sous celui du colonel Lengebe.
Seules ces deux personnes peuvent vous donner des détails sur les mesures concrètes qui ont été mises en oeuvre », est-il indiqué dans la déclaration du général Bombayake.
Le général Bombayake a également indiqué que les forces dirigées par Koumatamadji Martin, alias Abdoulaye Miskine, un ressortissant tchadien, « rendaient des
comptes directement au chef de l'Etat ». Il a précisé que les troupes libyennes qui combattaient aux côtés des forces loyalistes de M. Patassé, rendaient également d?s comptes au chef de l'Etat.
Un certain nombre de témoins à charge ont déclaré que les troupes de M. Miskine avaient commis des crimes, notamment des meurtres, à Bangui bien qu'il aient indiqué que la plupart des crimes
avaient été commis par les forces de M. Bemba.
Selon la déclaration d'un autre responsable militaire, les Banyamulenge étaient ensuite passés sous le commandement direct de M. Bombayake. De son coté, le général
Mazzi a affirmé que le colonel Lengebe avait fait défection aux forces rebelles de François Bozizé et que, « dès lors, toutes les opérations [Banyamulenge] à Bangui et dans les provinces avaient
été organisées et dirigées par le général Bombayake ».
La déclaration de l'assistant de M. Bombayake a également été lue en audience aujourd'hui. L'assistant à indiqué que la coordination des opérations entre les
Banyamulenge et les membres de la garde présidentielle de
M. Patassé était sous la responsabilité de M. Bombayake et d'un « représentant de M. Bemba ». L'assistant de Bombayake a ajouté qu'ils étaient sous la supervision
du ministre de la défense.
M. Bemba, en tant que commandant en chef du MLC, est jugé devant, la Cour pénale internationale (CPI) pour manquement à arrêter ou punir ses soldats alors qu'ils se
seraient livrés à des viols, des pillages et des meurtres sur des civils en RCA. Le MLC était dans le pays pour aider M. Patassé à combattre une tentative de coup d'état.
Selon le Statut de Rome qui fonde la CPI, les commandants peuvent être accusés de manquement à punir ou arrêter leurs troupes qui ont commis des crimes M. Bemba a
plaidé non coupable, principalement au motif qu'il n'avait pas le commandement de ses troupes que les procureurs allèguent avoir commis des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité dans
Bangui et dans ses alentours.
Entretemps, M. Oradimo a également témoigné que son enquête avait découvert que des groupes armés locaux avaient commis des crimes dans ce pays avant l'arrivée du
MLC. Son instruction avait découvert que les crimes commis dans le pays à la suite d'une tentative de coup” d'état contre M. Patassé dataient de novembre 2001. C'était un an avant que les crimes
pour lesquels M. Bemba est jugé ne soient commis. « Lors de l'instruction, nous n'avons fait aucune distinction entre les victimes [de crimes], que ces derniers aient été commis avant ou après le
25 [octobre 2002].
Nous les avons tous entendus », a-t-il déclaré.
M. Oradimo a indiqué lors du procès, présidé par le juge Sylvia Steiner et qui se déroule dans un tribunal basé à La Haye, que lorsque lé président actuel du pays,
François Bozizé, avait lancé une rébellion contre M. Patassé, les batailles entre rebelles et forces loyalistes avaient commencé bien avant l'arrivée des troupes du MLC, Il a précisé que les
rebelles de M. Bozizé avaient débuté leur campagne depuis Chad, puis s'étaient rendus dans de nombreuses villes aux alentours de Bangui, dont Bossongoa, Mongoumba et Damara.
L'instruction de M. Oradimo a découvert que différents groupes armés, loyaux à M. Patassé tels que l'Unité de sécurité présidentielle (USP) dirigée par le colonel
Abdoulaye Miskine et la Société centrafricaine de protection et de surveillance (SCPS) - un groupe de sécurité privée dirigé par un associé de M. Patassé
- dont les hommes étaient mieux équipés que l'armée régulière du pays (Forces Armées Centrafricaines ou FACA), étaient à l'époque déployés, dans trois quartiers du
territoire de la RCA.
« Les [forces loyalistes] ont perpétré les abus les plus abominables sur la population civile et ses biens », a déclaré le juge de Bangui.'
« À aucun moment vous n'avez mentionné le MLC pour la commission de ces actes de violence.
Devons-nous comprendre que les actes de violence et les abus' les plus horribles commis contre la population civile et ses biens qui ont débuté le 2 novembre 2001
ont été commis par les hommes de Miskine, Paul Barrel [chef de la SPCS] … en excluant les hommes du MLC ?“, a demandé M. Kilolo-Musamba.
« Oui, c'était bien avant », a répondu M. Oradimo.
Il a été ensuite demandé au témoin combien de temps les groupes loyalistes de M. Patassé, en plus des FACA, étaient en activité.
« Ils étaient en activité jusqu'à la chute [de M. Patassé] le 15 mars 2003 », a-t-il répondu.
Bangui, Boy-Rabé, Bossongoa et Mongumba figurent parmi les villes centrafricaines dans lesquelles les procureurs de la CPI soutiennent que les crimes de M. Bemba
auraient été commis.
La défense a fait valoir qu'aucune troupe du MLC n'était parvenue dans la plupart de ces villes aux dates auxquelles de nombreux témoins avaient déclaré avoir été
brutalisés par des combattants du MLC présumés, En conséquence, la défense a soutenu que n'importe lequel des groupes armés présents dans ces zones à l'époque aurait pu être l'auteur des crimes
que les procureurs affirment avoir été commis par les soldats de M. Bemba.
Jeudi, un témoin qui avait comparu la veille a déclaré que des enfants soldats étaient présents dans les rangs du MLC. Selon le témoin, les mineurs avaient
principalement effectué des missions de reconnaissance dans les villes que le MLC prévoyait d'attaquer.
« Apparemment, ils ont été utilisés en tant qu'éclaireurs. Ils se rendaient donc en ville et se faisaient passer pour 'des enfants en difficulté à cause de la
guerre ... ils se baladaient et revenaient vers cinq heures de l'après-midi », a-t-il raconté. Le MLC pouvait ensuite progresser vers la zone si les renseignements rassemblés par les garçons
indiquaient qu'il n'y avait pas de danger.
Le “témoin 63”, qui a débuté sa déposition hier, a dépeint le comportement des troupes du mouvement de M. Bemba dans les banlieues PK 12 et PK 24 de la capitale
Bangui. Il a décrit comment les combattants congolais avaient volé des téléphones portables aux civils puis les avaient échangé contre de l'alcool et comment ils avaient occupé par la force les
maisons des civils.
Le “témoin 63” devait poursuivre, son témoignage hier mardi 17 mai.