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La bonne gouvernance ne garantit pas l’exercice de la liberté et la démocratie

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Créé le 03-06-2011 à 00h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |  ACTUALITE | RDC | Mis à jour le VENDREDI  03- 06-2011 | 13H19| AFRIQUE REDACTION  PAR : LE POTENTIEL 

 

Quand l’Afrique anglophone part du principe que tout discours sur le développement suppose l’implantation de la démocratie, l’Etat de droit et la liberté sur le continent, l’Afrique francophone, qui est en retard par rapport à l’espace anglophone, continue de tabler sur le terme de la «bonne gouvernance», c’est-à-dire les politiques d’ajustements structurels qui sont des diktats imposés aux pays africains par les institutions financières internationales telles que la Banque mondiale et le FMI, fait remarquer l’analyste politique togolais Bacary Goudiaby.

La bonne gouvernance est une conséquence de la pratique de la démocratie et l’Etat de droit, et non pas, sa cause. Autrement dit, la liberté, la démocratie et l’Etat de droit, pris comme option politique, peuvent engendrer la bonne gouvernance, c’est-à-dire la bonne gestion des affaires publiques, ou alors, la mauvaise gouvernance qui en est sa faillite. En revanche, il faut noter que la bonne gouvernance ne garantit pas l’exercice de la liberté et la démocratie. Elle demeure un concept qui piège la construction de l’Etat de droit en étant sélective sur l’aspect économique au détriment de l’aspect social et institutionnel. Il n’est pas incongrue d’affirmer que la bonne gouvernance est une expression arithmétiquement erronée de la démocratie et l’Etat de droit, vue comment il est impossible de quantifier le concept de la liberté et l’indépendance politique à la différence du PIB/PNB pour justifier la croissance économique liée la bonne gouvernance.

Tout discours sur la bonne gouvernance qui ne découle pas de la démocratie et l’Etat de droit comme Chirac entendait l’imposer aux pays africains, reviendrait à survoler les réformes institutionnelles et à truquer le suffrage universel demandé par l’opinion africaine pour perpétuer les régimes dictatoriaux en Afrique. La Côte d’Ivoire, au temps de Félix Houphouët-Boigny, fut la parfaite illustration de l’échec de cette fameuse bonne gouvernance économique de Chirac et ses amis du FMI. En somme, le terme cache assez mal ce qui fait son fondement, à savoir la caution apportée aux dictateurs africains. Les pays africains dirigés d’une main de fer par des despotes depuis des décennies, ont rempli, à en croire le FMI et la Banque mondiale, les principes de la bonne gouvernance, c’est-à-dire que ces pays ont enregistré d’excellentes entrées fiscales et non fiscales pour honorer leurs créances auprès des investisseurs étrangers.

Cependant, leur déficit démocratique sur le plan politique lié à l’absence de liberté, de droits de l’Homme et la mise en place systématique des stratégies de fraude électorale suivie de répression à grande échelle est disproportionnée au regard de leur taux de croissance qualifié de «bonne gouvernance». L’exemple le plus frappant est celui du Congo qui dispose de la rente pétrolière dont le principal indicateur de développement selon la Banque mondiale est de 700 dollars par habitant et par an, c’est-à-dire que le Congolais dispose de presque 1,3 dollars par jour pour vivre. C’est, en somme, déjà mieux que certains pays dont le Togo, où un habitant dispose de moins de 1 dollars par jour pour vivre. Ce chiffre qui est un indicateur de la bonne gouvernance, selon la Banque mondiale et le FMI, est complètement erroné dans la réalité sur le plan de la démocratie, l’Etat de droit et les libertés fondamentales.

La «bonne gouvernance» du Congo, selon les institutions de Brettons Wood, est en réalité une régression sur le plan institutionnel et politique dans un pays où l’alternance est confisquée. En tout cas, cette «bonne gouvernance» n’est pas synonyme de démocratie, ni des droits de l’Homme et encore moins, des libertés fondamentales.

La démocratie, la base qui génère la bonne gouvernance

En conséquence, la bonne gouvernance, qui est un concept a priori dépolitisé de la gestion des ressources publiques de l’Etat, demeure la fille aînée de la démocratie, la liberté et l’Etat de droit dont elle est issue. Dans ce rapport mère-fille, où la démocratie est la base qui génère la bonne gouvernance, on ne saurait inverser ces deux concepts au risque de les vider de leur substance. En d’autres termes, on parle tout simplement dans l’ordre chronologique, de démocratie et bonne gouvernance et non pas, bonne gouvernance et démocratie.

De plus, la démocratie, l’Etat de droit et la liberté s’imposent comme un régime politique à l’ensemble des acteurs politiques qui animent l’espace public d’un pays moderne, alors que la bonne gouvernance s’impose exclusivement aux seuls responsables qui sont aux affaires vis-à-vis de l’opinion et des institutions. Il en découle, l’exigence d’un résultat chiffré. Autrement dit, une opposition qui n’a jamais exercé le pouvoir d’Etat, ne pourra pas répondre de la bonne gouvernance vis-à-vis de l’opinion, même si elle jouit de la démocratie, la liberté et l’Etat de droit dans sa quête du pouvoir.

Aussi, doit-on constater, ce n’est qu’après l’échec des politiques d’ajustements structurels imposés aux pays africains par le FMI et la Banque mondiale dès les années 80, que ces deux institutions financières ont trouvé un autre slogan de guerre : la bonne gouvernance qui veut dire très exactement : ajustement structurel, sauf que les politiques d’ajustements structurels étaient imposées dans une Afrique des partis uniques.

Il faut savoir que ni les politiques d’ajustements structurels ni la bonne gouvernance ne sont en aucune manière le choix politique des Africains. Les Africains veulent la démocratie fondée sur les valeurs de l’Etat de droit et la liberté. Ces mêmes valeurs garantissent les droits de l’Homme aux citoyens, une justice équitable pour tous, ainsi que des institutions républicaines qui reflètent cette société libre incarnée par l’Etat de droit


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