Créé le 08 -06-2011 à 00h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le mardi 08- 06-2011 | 14h20 | AFRIQUE REDACTION PAR :LE POTENTIEL
Le gouvernement n’a plus l’intention d’adhérer à la poursuite du mixage des troupes au sein des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).
Kinshasa estime que trop de tentatives ont échoué dans ce sens. Il est, pense-t-il, temps de changer de fusil d’épaule. Ce qui ne semble pas plaire à ceux qui militent en faveur des opérations.
Pour exprimer leur désapprobation, ils ont mis à contribution la Société civile pour jouer le jeu. Mais, la décision du gouvernement est sans appel.
Trop de ratés sur le terrain ont suffi pour convaincre Kinshasa à changer de tactique dans la mise en œuvre des stratégies de pacification et de stabilisation de la
partie orientale de la République démocratique du Congo.
Ainsi, fin mai 2011, le ministre de la Défense et des Anciens combattants, Charles Mwando Nsimba, a annoncé la décision univoque d’arrêt des activités de la
Structure militaire d’intégration (SMI). Ce qui, par conséquent, met fin à la participation des éléments des Forces armées de la RDC (FARDC) aux opérations de brassage, suivies de mixage mises en
place.
La SMI avait pour mission d’accueillir les combattants désireux de déposer les armes et de revenir à la vie civile ou d’intégrer les FARDC. Dans les jours à venir,
il n’en sera plus ainsi, Kinshasa ayant décidé d’adopter une autre stratégie.
Pour le porte-parole des opérations Amani Leo au Nord et au Sud-Kivu, le colonel Ekenge qui s’était exprimé sur Radio Okapi, les combattants désireux d’entrer dans
les FARDC doivent se présenter pour être intégrés dans les régiments qui sont encore en formation. Une fois cette formation terminée, a-t-il dit, ils ne pourront qu’être démobilisés.
LES MOBILES CACHES
La décision n’est pas tombée de manière fortuite. Pour nombre d’observateurs, elle est la résultante d’une série de ratés dans la mise en œuvre de maintes
opérations développées à l’Est pour intégrer dans les rangs des FARDC des militaires issus de divers groupes armés et milices disséminées.
Après plusieurs tentatives infructueuses, le gouvernement s’est certainement rendu compte de la nécessité de changer de tactique. Logiquement, on devrait,
susurre-t-on dans les services spécalisés, essayer une autre thérapie comme celles expérimentée par les Américains au travers sa force spéciale basée à Kisangani, l’Africom.
Une fois de plus, la volte-face de Kinshasa est la preuve éloquente de l’échec des stratégies élaborées dans le cadre du plan de stabilisation de reconstruction de
la partie Est de la RDC (Starec).
Conçu comme un programme intégré de stabilisation de la partie Est de la RDC, le Starec a clairement démontré ses limites. En effet, tout s’est passé comme si les
parties associées à ce plan n’avaient pas les mêmes objectifs. Ainsi, chacun est venu au Starec avec un agenda caché qui n’était pas forcément la recherche de la paix. Pour certains – et c’est la
plus grande catégorie – le Starec devrait plutôt servir au maintien du chaos à l’Est pour pérenniser le commerce illicite des minerais qui y sont extraits.
Pourtant, le gouvernement a toujours cru au Starec. Pour quelle raison ? On n’en sait rien. En effet, après la conférence de paix organisée à Goma en 2009, il avait
voulu restaurer la paix rapidement. Aussi avait-il accepté tout ce qui lui était proposé comme plan de sortie de crise.
Aujourd’hui, avec un peu de recul, le Gouvernement s’est rendu compte que le pays cheminait sur une pente raide, avec des opérations de brassage- mixage mal
définies.
RECADRER L’ACTION
Trop d’initiatives de paix ont fini par tuer la paix dans l’Est du pays. Le Programme Amani, le Starec et tant d’autres initiatives se sont avérés inappropriés.
L’erreur est que tous ont été préparés dans le même moule, avec les mêmes animateurs et les mêmes bailleurs de fonds.
Par conséquent, le résultat ne pouvait être que l’échec, les mêmes causes produisant les mêmes effets.
Apparemment, le Gouvernement semble avoir tiré les leçons de tous les ratés de ces programmes de paix qui, quoiqu’ayant visé la réforme, n’ont pas permis réellement
la restructuration des FARDC.
Bien au contraire, ils n’ont fait que fragiliser davantage les FARDC, réduisant leur force de frappe, entretenant méfiance et désordre dans les rangs des unités de
l’armée. A la limite, les FRADC ressemblaient à un puzzle dont les pièces ne sont pas bien assemblées.
Malgré le brassage, le mixage et leur intégration dans les FRADC, les éléments issus de différentes groupes armés ont toujours gardé leur attache avec leurs anciens
commandements, donnant à l’armée congolaise l’image d’un monstre à plusieurs têtes. D’où, l’inefficacité des troupes sur le terrain, la multiplicité des commandements au sein des FRADC ayant fini
par les affaiblir.
La décision de suspendre toutes les opérations dans le cadre de la SMI va donc dans le sens de retrouver et de rétablir cette unité brisée, en reconstituant
l’esprit de corps au sein des FARDC. Mais, avec qui refaire cette nouvelle opération ? Certains pensent qu’il y a lieu d’expérimenter la méthode américaine qui a fait ses preuves avec des
bataillons intégrés formés dans le cadre de l’Africom.
Mais, comme toujours, tout dépendra de la détermination du Gouvernement d’aller jusqu’au bout de sa logique, en passant outre les injonctions de ceux qui, tout en
faisant semblant de travailler à l’Est, ne font qu’éloigner, par des stratégies incohérentes, les chances d’un retour progressif et effectif de la paix dans l’Est de la RDC.