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Premier acte de campagne : Kamerhe veut se donner de l’étoffe face à Kabila et Tshisekedi

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Créé le 10 -06-2011 à 09h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le VENDREDI 10- 06-2011 | 18h45| AFRIQUE REDACTION PAR : AFRICA NEWS

 



Dans une interview express au journal Le Soir de Belgique, paru sous le titre : «Quand Kamerhe sort, Kabila n’a pas sommeil», le président de l’Union pour la nation congolaise -UNC-, ex-speaker démis de l’Assemblée nationale et ancien secrétaire général du Parti du peuple pour la démocratie et la reconstruction -PPRD-, s’est encore positionné comme un challenger de taille face aux deux candidats les plus sérieux de la prochaine présidentielle. Surclassant Kabila et essayant de jouer franc jeu face à Tshisekedi, Vital Kamerhe veut se donner une étoffe d’homme d’Etat, soucieux avant tout des intérêts du peuple. Une stratégie qui peut payer si on considère la faiblesse des stratégies dans le camp de la Majorité et de la vieille opposition. Mais, attention, la démagogie est souvent une arme à double tranchant. Conseils contenus dans ce petit «Manuel à l’usage des opposants qui veulent devenir de bons présidents » dont la première règle stipule clairement: «Ne pas confondre politicien» et homme politique. Et voici ce que dit le texte: «La différence sémantique peut paraître subtile, mais elle est importante. Si vous êtes guidé par l’intérêt du peuple et de vos administrés, si vous êtes sincèrement soucieux de gérer les problèmes de la ville ou du pays, alors vous êtes un homme politique. En revanche, si vous ne vous intéressez qu’au siège et à la façon d’y accéder, alors vous êtes un politicien. Un homme politique est mû par ses idéaux; un politicien par son ambition. Déterminez rapidement quel type d’homme politique vous êtes et adaptez votre stratégie en fonction. Souvent, les deux types coexistent ou se succèdent chez un même individu. Tout est question d’équilibre entre l’ambition que l’on a pour soi et celle que l’on a pour son pays. Celui qui débute est sans doute bien plus idéaliste et sincère qu’un vieux routier de la politique. Le cynisme croît avec l’âge, et l’homme politique qui reste trop longtemps dans l’opposition finit par perdre sa fraîcheur et ses idéaux Il se laisse contaminer par le modèle dominant qui, en Afrique, est souvent celui du pouvoir autoritaire. Ceci explique pourquoi un jeune opposant idéaliste et frais peut faire un président conservateur et ranci. Au Sénégal, on résume cet état de fait en disant que Wade est arrivé au pouvoir vingt ans trop tard».

Vital Kamerhe, VOUS venez de publier un ouvrage dans lequel apparaît une sorte de fascination pour le Brésil. Pour quelle raison?
J’ai observé des similitudes entre les deux pays, géographiques et historiques. Durant longtemps, à l’instar du Congo, le Brésil était surtout connu pour sa musique, son football. Mais entre temps, il est devenu une économie puissante.’ et c’est un nouveau leadership, celui de Luta, qui a rendu possible un tel essor. Les grands rêves sont toujours portés par de grands hommes. Luta, Mandela, le général de Gaulle... Quant au Congo, je pense que nous avons tous les atouts pour devenir une grande puissance au coeur de l’Afrique...

Quelle est votre appréciation des grands chantiers dits de la reconstruction ?

Depuis 2006, il n’y a pas eu de redémarrage : après les élections, c’est même pire qu’avant... Malgré son jeune âge, le président Kabila avait bien su gérer la transition, mettre tous les anciens adversaires autour de la table et amener le peuple congolais aux élections. Nous pensions qu’il allait continuer sur cette lancée. Mais dès le lendemain de sa prestation de serment, il a mis Antoine Gizenga au poste de Premier Ministre. A ce moment là, dans les yeux, j’ai dit à Kabila: «Monsieur le président, nous allons échouer...»
Aujourd’hui, il y a de la prédation au niveau de la présidence, de la primature, il existe un gouvernement parallèle. A Kinshasa, par exemple, les quelque 5 kilomètres du Boulevard du 30 juin, ont coûté près de 80 millions de dollars, la seule électrification 6 millions de dollars. La pose d’un seul poteau électrique coûte 18.000 dollars au lieu de 500... Personne n’ayant été sanctionné, la responsabilité du Président de la République est engagée...

Parmi les hommes politiques qui se sont ralliés à vous, beaucoup ont un passé marqué par la guerre et la corruption … Où sont les hommes nouveaux ?
Je n’ai pas l’intention de les  inventer de toutes pièces. Ce que je veux, c’est amener tout le monde au repentir. Je ne vais pas demander aux mobutistes ou aux kabilistes de disparaître, mais ils devront s’adapter à la nouvelle perception des choses, celui qui voudra garder ses habitudes anciennes, sera balayé par le nouveau système. Nous devons entamer une nouvelle législature dans de nouvelles dispositions.

Avez vous déjà conclu des accords avec, d’autres formations importantes ou d’autres candidats à la fonction présidentielle?
Il faut privilégier les valeurs et non pas les individus... L’opposition, qu’il s’agisse d’Etienne Tshisekedi ou de Jean-Pierre -nous prions pour que ce dernier sorte de prison- doit en priorité se battre pour la transparence... On procède actuellement à l’enrôlement des électeurs, l’opposition devrait dire au pasteur Ngoy Mulunda qu’à Kindu ou au Katanga, on a enrôlé des enfants de moins de 14ans... Nous qui sommes dans l’opposition, nous, n’avons pas accès aux médias officiels... Qu’attendons nous pour faire pression afin que soit installée la Haute Autorité des médias ou la Cour constitutionnelle, pour exiger la sécurité des acteurs politiques…
Lorsque nous nous serons mis d’accord sur un programme minimum de gouvernement, nous pourrons établir le portrait robot des candidats à proposer pour les différentes fonctions, le chef de l’Etat, mais aussi le Premier Ministre, le président de l’Assemblée nationale..

Avant les élections, comptez-vous réunir des Etats généraux de l’opposition?

Mon parti, l’Union pour la nation congolaise, va proposer des Etats généraux et des primaires à la congolaise. Là ou le consensus n’est pas trouvé, on mettra en place un petit comité d’arbitrage. Même si le président Etienne Tshisekedi adit qu’il irait seul aux élections et qu’il verrait après, nous pensons que ce qui serait bénéfique, ce serait de faire un effort pour qu’il y ait un seul candidat
Si après avoir tenu les Etats généraux de l’opposition les amis d’Etienne Tshisekedi me montrent qu’ils ont un bon programme, susceptible de battre Kabila je serais prêt à faire des concessions, dans l’intérêt général. Mais chacun des candidats doit être prêt à faire la même chose...

Vous même ou votre parti avez-vous fait l’objet d’intimidations?

Certains de nos militants sont en en prison, la présidente des femmes de notre parti au Kivu a été assassinée. Tout le monde le voit : quand Kamerhe sort, Kabila n’a pas sommeil. Le but de mon combat n’est pas d’embêter le chef de l’Etat, ce qui compte c’est tourner la page, rédiger un programme commun. D’ici aux élections de novembre, Kamerhe peut mourir… Il est évident que je crains pour ma sécurité, et mes militants sont plus qu’intimidés. Au Maniema par exemple nous avons cessé nos visites sur le terrain à cause de l’insécurité. Quand je suis arrivé à Goma le 15 décembre 2010,’j’a été accueilli par des coups de feu et empêché de m’adresser, à la population, à Bukavu la même chose. A Kindu--Maniema- tous ceux qui m’attendaient ont été arrêtés, ceux qui voulaient installer mon parti à Kasongo ont été visés par des tirs nourris, un membre de mon parti a été arrêté... Nous avons gagné en première instance puis le procureur a interjeté appel pour qu’on nous arrête de nouveau.

Dans la course à l’élection présidentielle, n’allez vous pas vous désister en dernière minute soit pour Tshisekedi soit pour Kabila?
Je suis candidat à la présidence de la République et pour cela je n’ai pas seulement mon passé, j’ai aussi une vision, un programme. Le Congo, c’est une puissance endormie comme l’était la France sous l’Occupation. Ce pays va se relever comme la France l’a été, mais pour cela, il faut un nouveau leadership, celui des hommes du changement...


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