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EN S'ATTAQUANT A LA PRESSE : Des députés se suicident politiquement

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Créé le 13 -06-2011 à 09h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le LUNDI I 13- 06-2011 | 13h30| AFRIQUE REDACTION PAR :  AFRICANEWS

 

 

Thomas Jefferson qui fut bien plus que Richard Nixon le président des Etats-Unis le plus maltraité par la presse, put ainsi écrire : «Si on me donnait à choisir entre un gouvernement sans journaux ou des journaux sans gouvernement, je n'hésiterais pas préférer cette dernière formule ».

L'affaire Assemblée nationale-médias, par le journal CONGONEWS interposé, vient de passer de l'étape de la provocation à celle d'action. En quelques 48 heures, les députés ont décidé d'attaquer la presse, s'autorisant, sans aucun mandat, d'exiger d'un journaliste de révéler sa source. C'est grave. Non seulement qu'aucun texte ne le leur autorise, bien plus, certains députés ont cru qu'ils étaient devenus les objecteurs de conscience de toute la nation de qui ils ont obtenu mandat. Un mandat provisoire, qui s'achève et qui risque fort de ne point être renouvelé. En se mettant ainsi en porte à faux avec les vrais représentants de l'opinion politique que sont les médias, ces députés viennent de se suicider politiquement. Nous nous chargerons donc de les y aider, de bonne foi. L'heure est grave. 

Jean-Lucien Bussa et Garry Mabongo, députés de leur état, devraient pouvoir se souvenir du tollé soulevé en 1996 par l'incise liberticide dite «Incise Mende». Mal ou bien compris, ce bout de phrase avait réussi à mettre dans la rue des centaines des journalistes qui n'entendaient point perdre leur liberté constitutionnelle. Et, plus de 15 ans plus tard, entendre des députés qualifier leurs électeurs de chiens ou entendre un autre menacer de «peser de tout mon poids pour obtenir la fermeture du journal CONGONEWS», est plus qu'une déclaration de guerre. En d'autres circonstances, dans les pays réellement démocratiques, ce forfait aurait entraîné des sanctions exemplaires à l'encontre des personnes qui bafouent ainsi !a loi fondamentale alors qu'elles sont censées la protéger. En effet, la Constitution de la RD-Congo est claire en ce qui concerne la liberté d'expression et celle principalement de la presse. Le saint des saints, l'article 24

C'est la teneur des articles 22 à 24 que nous revisitons. Article 22: «Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion … sous réserve du respect de la loi, de l'ordre public, des bonnes moeurs et des droits d'autrui. La loi fixe les modalités d'exercice de ces libertés». Ce n'est qu'un début. Article 23 : «Toute personne a droit à la liberté d'expression. Ce droit implique la liberté d'exprimer ses opinions ou ses convictions, notamment par la parole, l'écrit et l'image, sous réserve du respect de la lai, de l'ordre public et des bonnes moeurs». Les choses sérieuses commencent. Hugues Michael Mukebayi Nkoso n'a fait qu'exprimer ce qu'il savait, sous réserve de la loi, en l'occurrence la loi sur la presse. Et enfin le saint des saints: «Toute personne a droit à l'information. La liberté de presse, la liberté d 'information et d 'émission par la radio et la télévision la presse écrite ou tout autre moyen de communication sont garanties SOUS réserve du respect de l 'ordre public, des bonnes moeurs et des droits d 'autrui. La loi fixe les modalités d 'exercice de ces libertés..» Qu'en pensent JL Bussa et Garry Mabongo? Qu'ont-ils à reprocher à ces prescrits de la loi ou à l'attitude du vaillant journaliste Mukebayi qui n'a fait qu'exercer un droit constitutionnellement reconnu aux médias et aux journalistes. Par contre, le fait d'entendre un journaliste sur un ton inquisiteur est-il permis, par quel texte? Le Règlement d'ordre intérieur de l'Assemblée nationale est muet à ce sujet. Alors, de quel droit ces honorables députés ont-ils pu s'arroger autant de prérogatives ?

Cet épisode rappelle bien un pan de la lutte pour la liberté de presse aux Etats-Unis d'Amérique que nous nous faisons le devoir de rappeler une fois de plus aux députés frondeurs. Sous la plume de Marie-France Toinet, le texte sous examen traite de «La liberté de presse aux Etats- Unis : des documents du Pentagone au scandale du Watergate» et démontre comment le président Nixon s'est suicidé en amorçant la censure contre la presse.

Résultat: Le scandale du Watergate et l'empêchement.

Voici l'histoire: Le 13 juin 1971,. Le New York Times commence la publication dans son édition du dimanche d'une suite d'articles consacrés aux débuts de l'engagement américain au Vietnam. Rien de très original si ces articles étaient fondés sur une étude en 47 volumes faite à la demande de Robert Mec Namara, à l'époque secrétaire Etat à la Défense et qui avait été classée secrète. Cette étude deviendra célèbre sous le nom de «Documents du Pentagone». L'administration Nixon, non sans quelque hésitation, décide le 15 juin alors que trois articles ont déjà été publiés de demander à la justice de surseoir à la publication des articles à venir. Ce même jour, Gurfein, juge fédéral de New York, ordonne une interdiction provisoire de publication. Le préjudice temporaire que subit le journal décide-t-il est sans commune mesure avec le préjudice irréparable que pourraient subir les intérêts des Etats-Unis. C'est la première fois dans l'histoire des Etats-Unis qu'un juge, à la demande du gouvernement, interdit la publication d'un journal ou d'un article de journal. Le 18 juin Le Washington Post ayant lui aussi obtenu communication des documents entreprend leur publication. Le juge fédéral de district, Gesell ayant refusé une interdiction temporaire de publication, c'est la Cour d'appel fédérale du District de Columbia qui l'ordonne le 19 juin. Au fur et à mesure que certains journaux sont ainsi empêchés de publier, 1352 autres leur succèdent: Le Boston Globe puis Le Chicago Sun Times et d'autres encore. Pendant ce temps, Le Post et Le Times font appel. Le dernier mot appartient à la Cour suprême. Elle rend sa sentence le 30 juin par une majorité de la Cour qui refuse de donner raison à I'Etat et autorise Le New York Times et Le Washington Post à reprendre la publication interrompue. Premier acte. L'honorable Garry Mabongo, ancien Inspecteur de police judiciaire, et ancien acteur de feuilleton digne d'un film Western à Ngaba selon notre confrère Réveil FM, peut se calmer, il ne saurait faire disparaître aucun journal de la circulation !

Et voici la suite de la leçon:

Un des droits les plus sacrés des Américains est la liberté expression. Il est codifié par le premier article du Bill of Rights. «Le Congrès ne pourra faire aucune loi ayant pour objet d 'établir une religion ou en interdire le libre exercice de limiter la liberté de parole ou de presse ou le droit de s 'assembler pacifiquement et de présenter des pétitions au gouvernement pour qu 'il mette fin aux abus». Et voici l'esprit de ce texte qui va constituer le Premier amendement de la constitution américaine: Il faut ici reprendre les textes des Pères fondateurs qui sont les mieux à même d'éclairer les raisons d'un droit absolu. Les Pères fondateurs étaient profondément convaincus de l'absolue nécessité d'une opinion complètement informée dans le type de régime politique qu'ils voulaient réaliser. Thomas Jefferson qui fut bien plus que Richard Nixon le président des Etats-Unis le plus maltraité par la presse, put ainsi écrire: «Si on me donnait à choisir entre un gouvernement sans journaux ou des journaux sans gouvernement, je n 'hésiterais pas un moment de préférer cette dernière formule. En effet, notre liberté dépend de la liberté de la presse qui ne peut être limitée sans être perdue. Etant donné la méfiance qu'éprouvaient la plupart des constituants à égard de tout système de gouvernement et notamment de l'exécutif et la crainte qu 'ils avaient des abus, ils estimaient inhérents au pouvoir politique qu 'il fallait contrôler le gouvernement par l'institution d'une presse libre. Le gouvernement, en effet, n 'existe que par l'accord des gouvernés. Ceux-ci doivent donc être aussi bien informés que possible afin de leur accorder leur soutien à bon escient. Un gouvernement populaire sans information populaire ou 'sans les moyens de l'acquérir est un prologue à une farce ou une tragédie ou aux deux. Le savoir gouvernera toujours I 'ignorance et un peuple qui veut se gouverner lui-même doit s 'armer du pouvoir que confire le savoir». Les députés provocateurs devraient l'apprendre à leur dépend. Et surtout savoir qu'ils ont décidé de se suicider politiquement, puisque, de toute manière, le compte à rebours a commencé.

                                                                                       Adelard OBUL'OKWESS


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