Créé le 17 -06-2011 à 09h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le VENDREDI I 17- 06-2011 | 21h29| AFRIQUE REDACTION PAR : CONGO NEWS
Remake, bis, repetita. Le fameux “avec ou sans autorisation” d’Etienne Tshisekedi se répète. Cette fois-ci est sorti de la bouche de l’intraitable Moïse Moni Della,
secrétaire général du RCD-N de l’ancien chef rebelle Roger Lumbala. “S’il nous refuse de tenir notre manifestation, alors que c’est illégal, il y aura affrontement”, menace Della dans une
interview exclusive à “COVNGONEWS”. Une menace qu’il adresse au gouverneur André Kimbuta Yango qui n’a toujours pas répondu à la demande du SET -Soutien à Etienne Tshisekedi- de manifester le 30
juin prochain au stade municipal de Bandalungwa. En réalité, l’attitude de Kimbuta n’est pas pour déplaire à ce Moni Della partisan du “bouleversement par la rue’’ qui scrute l’horizon chaque
jour à la recherche d’un prétexte pour reproduire les mouvements sociaux qui ont fait basculer le régime Ben Ali à Tunis et celui d’Osni Mubarak au Caire. D’ailleurs il l’évoque sans détour. Moni
se montre hospitalier envers Vital Kamerhe mais sans lui concéder la possibilité de négocier avec Etienne Tshisekedi pour la candidature de l’opposition à la prochaine élection présidentielle. Il
prend faits et causes pour Tshisekedi, jugeant que la tournée qu’il effectue en Occident s’inscrit dans une logique qui a vu un homme comme Barack Obama ou Nicolas Sarkozy faire le tour du monde
avant son élection. Tshisekediste inconditionnel, Moni Della est compté parmi les pionniers de l’UDPS, dans les années 80. Il a même connu la persécution pour s’exiler à Brazzaville. Il apporte
au RCD-N et à Lumbala cette fougue combattante propre à ceux qui ont pratiqué l’activisme tshisekediste.
Confirmez-vous que le SET -Soutien à Etienne Tshisekedi- tient un meeting à Masina le 30 juin?
Je le confirme. L’article 26 de la Constitution permet à un groupe de citoyens, une association ou un parti politique de manifester librement. C’est dans ce cadre
que nous avons écrit aux bourgmestres des différentes communes du district de Tshangu avec copie pour information au gouverneur de la ville. Mais, nous sommes l’objet d’une restriction -une sorte
de discrimination.
Votre manifestation n’a pas été autorisée donc?
L’autorité de la ville n’a pas à autoriser. Elle a à prendre acte. Je l’ai dit tantôt que la Constitution nous l’autorise. Mais, le gouverneur refuse. Nous lui
avons écrit plus de dix fois, mais nous n’avons toujours pas de suite favorable.
Le gouverneur ne vous a pas répondu?
Pas du tout! Mais, nous, nous sommes dans la logique constitutionnelle. Nous respectons les textes de la République. Je suis dans la logique d’Obama, qui a dit que
la Constitution est la volonté d’un peuple de vivre ensemble.
La Constitution nous exige d’écrire et nous avons écrit. S’il nous refuse de tenir notre manifestation, alors que c’est illégal, il y aura affrontement.
Affrontement, c’est-à-dire à notre requête. De toutes factions, le gouverneur peut ne pas nous accorder cette autorisation, mais nous, avec ou sans celle-ci, nous
tiendrons nôtre meeting à Masina le 30 juin date anniversaire de notre indépendance. On ne peut pas refuser aux Congolais de l’opposition de manifester ou de festoyer le 30 juin. Nous, en tant
que politiques, nous avons décidé de fêter en mobilisant nos militants à Masina, pendant qu’eux seront entrain de défiler sur le triomphal. Ça ne sera pas seulement le SET, qui va manifester. Il
y aura également la DTP et toutes les structures politiques qui soutiennent Tshisekedi.
Vous ne trouvez pas que c’est de la provocation, quand vous organisez votre meeting le jour de la célébration solennelle de l’indépendance?
Est-ce de la provocation, lorsque les gens veulent librement fêter les 51 ans de leur souveraineté! Il n’y a pas démocratie ni indépendance si le peuple n’est pas
libre de s’exprimer. Ce n’est pas de la provocation, c’est une expression démocratique. Nous allons manifester parce que nous sommes conscients et nous nous soucions de notre devenir.
Si vous trouvez le stade fermé, vous allez manifester en dehors du stade?
Ça c’est stratégique. Ce n’est pas dans les colonnes d’un journal que nous allons ce que nous avons prévu de faire dans ce cas. Nous sommes convaincu que le
gouverneur finira par céder parce qu’il sait que nous sommes dans la légalité. Admettons que Kimbuta refuse de nous autoriser, ne voyez-vous pas qu’il violerait la lettre et l’esprit de la
Constitution.
Apparemment vous êtes très déterminés d’y aller, mais vous ne craignez pas de faire couler le sang?
Je crois que le gouverneur de la ville ne mesure pas les conséquences qui peuvent s’en suivre à la suite de cette interdiction. De notre côté, nous n’allons pas
reculer. Notre lutte nous l’avons débuté depuis 1982. Nous avons la culture des manifestations de rue. Si par entêtement, le pouvoir en place nous en empêche, ne vous étonnez pas de vivre la
Tunisie ou l’Egypte. Nous cherchons pas à faire couler le sang. Comment parler de faire couler le sang quand notre démarche ne consiste qu’à manifester pacifiquement. Les gens au pouvoir refusent
de nous laisser manifester, ne voyez-vous pas que ce sont eux qui veulent faire couler le sang. Plus de dix fois nous leur avons écrit et ils ne nous ont jamais répondu favorablement. Ça risque
d’apparaître comme une faiblesse de notre part. C’est pourquoi nous sommes décidés de tenir notre meeting avec ou sans autorisation.
Kimbuta n’a pas le droit d’enfreindre les lois de la République ni contrarier les aspirations du peuple.
Vous attendez combien des personnes à cette manifestation?
Nous attendons 30.000 personnes. Nous nous demandons d’ailleurs si le terrain municipal de Masina pourra contenir’ tout le monde. Au Camp Luka, il y avait un grand
monde. Aujourd’hui, nous enregistrons une forte demande de la population qui aspire au changement. Elle se lasse, elle a besoin d’écouter un discours d’espoir de notre part. C’est pour cette
raison qu’elle répond massivement à notre appel. Après que nous ayons mobilisé à Tata Raphaël, au Camp Luka et à Masina, notre prochaine cible sera le stade des martyrs. Les Congolais sont
déterminés et totalement engagés dans notre lutte pour l’alternance.
Vous parlez du stade des martyrs. Vous ne craignez pas le risque. Aucun homme politique n’a pris ce risque d’affronter ce stade de plus de 80.000 places
assises?
Tshisekedi a rempli l’ex 20 mai. Nous, nous allons faire le plein du stade des martyrs au nom de Tshisekedi. A travers le meeting du 24 avril, Tshisekedi a
ressuscité la démocratie qui était étranglée par le régime actuel. Tshisekedi a redonné l’espoir à la nation. L’écho de son action a dépassé même les frontières nationales. Le 30 juin, nous
allons demander à notre population de s’apprêter pour bouter dehors à travers les urnes ces dirigeants qui nous ont mis dans une situation sociale et économique très catastrophique.
On parle d’un rapprochement entre le SET et la DTP. Est-ce-que c’est vrai?
Ce n’est pas seulement avec la DTR C’est avec toutes les structures qui soutiennent la candidature de Tshisekedi. On a toujours accusé les opposants d’être
incapables de parler d’une seule voix. Nous sommes partis de l’adage qui dit: ceux qui s’assemblent, se ressemblent. Donc, nous n’avons pas intérêt à disperser nos énergies, alors que nous
poursuivons les mêmes objectifs, à savoir élire
Etienne Tshisekedi à la magistrature suprême pour un changement qualitatif et quantitatif dans notre pays. Tshisekedi est notre dénominateur commun et autour de
lui, il fédère tout le monde (partis, personnalités et associations).
DTP et SET sont des sous-ensembles d’un grand ensemble qui va bientôt se dessiner. Je rejoins ici, Tshisekedi quand il dit que bientôt, l’opposition sera ensemble
pour des négociations. C’est dans le même état d’esprit et le même schéma de l’unité dans la diversité. Comme l’a dit Sarkozy, la politique c’est l’addition des idées. Il nous faut additionner
toutes les forces, parce que disait De Gaule, l’élection présidentielle, c’est le rendez-vous d’un homme avec l’histoire et son peuple. Certes que Tshisekedi est de l’UDPS mais il est un
patrimoine national. Tshtsekedi c’est au-delà de sa famille politique.
D’où il doit nécessairement gagner?
Bien sûr que oui. Et pour qu’il gagne haut la main, nous devons ratisser large. C’est dans ces mouvements des masses au-delà des clivages politiques, ethniques et
religieux que nous réussirons. Dans les partis politiques, il y a des limites liées à l’idéologie. Voilà, pourquoi, nous devons descendre dans la masse pour mobiliser et sensibiliser. Nous allons
organiser des séminaires pour former nos compatriotes, nous allons faire des campagnes de proximité.
Quand vous parlez de ratisser large, vous allez également impliquer Vital Kamerhe qui se présente aussi comme opposant?
Je commence à changer d’avis sur Vital Kamerhe. Je voyais très mal un Kamerhe qui vient juste de quitter le pouvoir, se faire passer pour un opposant. J’étais très
virulent à son endroit, mais aujourd’hui je constate qu’il a un poids politique que nous devons prendre en compte au niveau de l’opposition. Ensemble, nous devons quantifier nos forces. Mais,
nous ne sommes pas d’accord quand Kamerhe vient avec des revendications du genre, on doit discuter sur la candidature unique de l’opposition. Pour nous, il n’y a pas de négociations à faire
autour de la candidature de l’opposition. Tshisekedi est notre candidat naturel. Ça ne se discute pas. Pour le reste, nous pouvons discuter avec Tshisekedi.
Discuter avec Tshisekedi qui dit, qu’il faut d’abord aller aux élections, ce n’est qu’en suite on pourra voir comment faire les calculs?
Tshisekedi est égal à lui-même. Mais, je crois que nous allons trouver un terrain d’entente dans l’intérêt bien compris de toutes les parties. Le moment venu, nous
ferons des concessions pour dégager un compromis.
Comment jugez-vous la tournée de Tshisekedi à l’extérieur, notamment les aspects des foules et des contacts diplomatiques?
Ça ne me surprend pas. Je suis de ceux qui ont cru à Tshisekedi dès le premier jour. Ce que Tshisekedi récolte, c’est le fruit de ce que nous avons semé depuis très
longtemps à travers une lutte périlleuse. Dans tout ceci, il y a une prise de conscience de la part de notre peuple. Les Belges ne pensaient pas que les Congolais pouvaient réclamer
l’indépendance. Mais, ils avaient été surpris le 4 janvier 1959. Donc, le peuple congolais est capable du meilleur comme du pire. Ce n’est pas un peuple distrait. C’est un peuple capable de
révolutionner les choses. Tshisekedi aujourd’hui incarne cet esprit et l’avenir de notre nation. Un tel personnage qui incarne le changement de tout un peuple ne peut qu’être adulé partout où il
passe. L’âge de Tshisekedi d’ailleurs le prouve. C’est un atout énorme. Ce n’est pas un monsieur qui est encore attaché aux besoins temporels. Tshisekedi ne peut pas brader les richesses du
pays.
Mende a réfuté cette démarche. Il soutient que le pouvoir ce n’est pas à l’extérieur, c’est à l’intérieur du pays?
Lambert Mende est un homme d’Etat. Ce statut exige une probité pour ne pas dire une chose et faire le contraire dans la pratique. Quand lui-même Mende était dans
l’opposition, ne s’était-il pas rendu à Bruxelles. Qu’est- ce qu’il y a été faire? N’est ce pas jour sensibiliser l’Occident? Aujourd’hui, l’Occident finance les élections chez nous. Il a un mot
à dire.
Donc, vous êtes de ceux- là qui soutiennent que l’Occident à un mot à dire sur le choix des dirigeants au Congo?
Je ne dis pas ça. Mais, l’Occident doit connaître ce que va faire celui qui va diriger le Congo. C’est normal. Tshisekedi n’est pas allé chercher le pouvoir à
l’extérieur. Il s’est toujours appuyé sur son peuple. Dans le monde moderne, nous devons communiquer et échanger avec les puissances de ce monde. On ne doit pas s’enfermer sur soi-même. Mende
peut faire autres reproches à Tshisekedi, mais pas l’accuser de rechercher le pouvoir à l’extérieur. Si cela était le cas, Mende le sait très bien que Tshisekedi serait président de ce pays
depuis longtemps. Ce que Mende doit savoir, ce que Tshisekedi n’est pas un combinard, c’est un démocrate attaché au bien de son peuple. Tshisekedi a compris que l’Occident est aujourd’hui ouvert.
Si Joseph Kabila a déçu l’Occident comme son propre peuple et que personne ne veut plus de lui, ce n’est pas en s’en prenant à Tshisekedi que Mende va renverser la situation. C’est normal, que
Tshisekedi qui va devoir diriger ce pays demain fasse une tournée à l’extérieur pour des contacts avec le FMI, Banque mondiale et autres partenaires de développement. Il faut qu’il fasse
connaître ce qu’il pense faire de la RD-Congo demain. Barack Obama a fait le tour du monde comme candidat à la Maison-Blanche. Il est allé jusqu’en Allemagne. Nicolas Sarkozy a fait de même
à la veille de la campagne pour la présidentielle française. Tout comme Ségolène Royal. Souvent ceux qui tiennent à accéder au pouvoir établissent ce genre des contacts. Mende le sait très
bien.
On vous accuse de manquer un programme à présenter au peuple?
Je rigole quand les gens évoquent cela. Dans ce pays le problème ne se pose pas en terme des programmes ou des projets. L’homme est lui- même la première richesse.
Nous connaissons une crise d’homme. Lorsque vous avez un homme d’exception qu’est-ce que vous pouvez encore chercher? Si ce n’est que se mettre autour de cet homme pour élaborer un programme.
Qu’à cela ne tienne, je vous informe qu’il y a un programme en chantier. Nous allons présenter un programme cohérent à notre peuple. Je vous rappelle le Manifeste de la N’sele était un très bon
programme. Aucun professeur de l’université ne peut le réfuter. Mais, l’exécution a posé problème. Nous avons manqué un homme pour mettre ce programme en musique. Nous devons considérer l’homme
comme une richesse. On peut élaborer un programme meilleur soit- il, mais quand vous n’avez pas un homme perspicace, déterminé, visionnaire pour l’animer, vous n’atteindrez pas le résultat
escompté.
H.M. Mukebayi Nkoso