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15-08-2014 - 11H20 | AFRIQUE
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AFRICAINE. à JOURLUN
vendredi le 15-08-2014 - 11H50 PAR : ARTV NEWS
Par Joël Asher Lévy-Cohen
Michael-Brown 18 ans assassiné aux Etats Unis à Ferguson
Officiellement parlant, les États-Unis d’Amérique ne sont pas, par définition, un pays raciste. Cela est d’autant plus vrai que ceux-ci ont adopté, au cours de leur
histoire mouvementée, bon nombre de législations draconiennes qui répriment ce comportement abject. Mais, qu’en est-il véritablement dans la réalité quotidienne ?
En effet, il ne se passe pas un jour de la semaine sans que ce pays ne soit rapidement rattrapé par ses vieux démons racistes, lesquels ne sont pas sans rappeler
les dures années cinquante et soixante, tout à fait, au cœur des politiques discriminatoires des populations africaines-américaines.
Le dernier événement en date, à la base de toutes les crispations et frustrations, est bien entendu le meurtre gratuit de Michaël Brown, âgé de 18 ans, à Ferguson,
une banlieue périphérique de la ville pittoresque de Saint-Louis dans l’État de Missouri. Ce jeune homme africain-américain, dans la fleur de l’âge, a été abattu par un constable blanc. Ce drame
est intervenu au cours d’un contrôle policier alors qu’il avait, selon les badauds et les témoins, effectivement les mains en l’air. Donc, celui-ci ne présentait apparemment aucun danger pour la
sécurité des policiers.
Toujours est-il que pendant son interpellation que d’aucuns ne s’expliquent, un coup de feu assourdissant est parti du véhicule de police qui lui demandait de
s’immobiliser. En s’effondrant à terre, Michaël Brown a reçu pas moins de huit balles mortelles. Ce qui a déclenché, spontanément, des manifestations qui ne faiblissent point et au cours
desquelles les protestataires, scandant des slogans de justice, ont effectivement les mains en l’air. Ceux-ci ne demandent qu’une et une seule chose : ‘‘Que la justice soit faite !’’
Ce qui est, à n’en pas douter, plus frappant dans cette histoire épouvantable, c’est abord et avant tout l’attitude des médias américains tentés plutôt de protéger,
comme à l’accoutumée, les institutions étatiques, donc de couvrir par des reportages, on ne peut plus biaisés et orientés, des bavures policières. En effet, en vue de préparer l’opinion publique
blanche à soutenir, de manière inconsciente, la Police de Ferguson contre un membre d’une minorité dépeinte comme systématiquement violente et irrécupérable, ils ont commencé à diffuser nombre
d’images impliquant des manifestants qui s’adonnaient au vandalisme.
Aussi ont-ils diffusé, dans la foulée desdits événements, nombre d’images de la victime, lesquelles ne sont pas sans rappeler certaines postures des ténors de la
‘‘Gangsta Rap’’ de triste mémoire. Ce qui est de nature à discréditer le pauvre regretté et ses nombreux soutiens inconditionnels. Pourtant, le jeune Michaël Brown mortellement fauché par
plusieurs balles policières est, plutôt, reconnue dans sa communauté comme une personne au comportement raisonnablement digne et respectable.
Par ailleurs, depuis que cette Police de Ferguson s’est compromise dans l’interpellation suivie de l’arrestation brutale des journalistes venus couvrir des
manifestations qui se transforment davantage en émeutes urbaines, l’attitude des médias officiels a complètement changé. Celle-ci a, depuis cet incident, basculé en faveur des protestataires.
Elle est devenue, du moins, assez raisonnable. En effet, les reporters sur le terrain insistent, désormais, sur la disproportion des moyens militaires utilisés par les policiers à l’encontre des
manifestants ayant, la plupart du temps, des mains en l’air pour souligner la position dans laquelle a été abattu le jeune Michaël Brown.
Ensuite, ce qui frappe dans ce drame, c’est le comportement criminel de la Police de Ferguson. Cette Institution dont la transparence laisse, à vrai dire, à désirer
dans le cadre de cette affaire, préfère plutôt démontrer ses muscles. En fait, elle est plus soucieuse d’attester la présence de l’Ordre et de la Loi que de désamorcer la crise. Force est
d’admettre que celle-ci n’a fait que creuser un fossé abyssal entre les Citoyens et leurs constables dont la mission primordiale consiste en réalité à protéger la Communauté, à assurer la
sécurité de la population. En l’espèce, Ferguson est plutôt en présence d’une Police qui est devenue une insécurité pour sa propre communauté.
Ce conflit a fini par trouver son écho jusqu’aux portes de la Maison Blanche dont le présent locataire est un Africain-américain, en l’Occurrence le démocrate
Barack Hussein Obama et du Ministre de la Justice Éric Holder, également un africain-américain. Pour désamorcer cette crise qui échappe de plus en plus au contrôle des autorités administratives
locales, le président des États-Unis d’Amérique a appelé, depuis ses pénates sur l’Ile de Martha’s Vineyard, dans l’État de Massachussetts, où il passe ses vacances estivales, au calme et à la
paix.
Aussi a-t-il exigé la transparence dans l’enquête policière, tout en prenant soin de condamner vivement, dans les termes les plus appropriés, les violences faites
aux journalistes et aux forces de l’ordre dans la mesure où certains manifestants au profil des professionnels de la casse ont naturellement fait usage des cocktails Molotov.
Ce qui est clair, ces protestations mettent pratiquement mal à l’aise tout le monde. Y compris la communauté blanche sans nul doute choquée par cette théorie
loufoque de ‘‘Home War’’ [la guerre chez nous] promue par des institutions officielles des USA, en l’occurrence la CIA et le FBI. En effet, impressionnée par la lourdeur des moyens militaires mis
en œuvre pour étouffer les manifestations de Ferguson, celle-ci ne cesse dorénavant de dénoncer l’hypermilitarisation des polices locales des États fédérés par le Pentagone, pourtant une
Institution officielle – le Ministère de la défense – des États-Unis d’Amérique.
Joël Asher Lévy-Cohen
Journaliste indépendant