Le 18-07-2011 à 09h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le Lundi 18- 07-2011 | 09h20| PAR : OBSERVATEUR
Hewa Bora se retrouve avec 1200 " morts sociaux " sur les bras
C'est vraiment incroyable les choses qui arrivent dans ce pays. Et qui, curieusement et généralement, n'arrivent très souvent qu'ici. Où l'on prend rarement le
temps de faire à froid le tour d'un problème sans qu'aussitôt l'on plonge déjà dans des solutions extrêmes.
L'opinion craint, avec raison, de découvrir, surtout à l'occasion de ce malheureux et gravissime accident, que dans le domaine de la gestion de l'aviation civile,
la République patauge encore dans le pilotage à vue.
C'est la conséquence, je pense de ce penchant qu'affectionnent les Congolais à vouloir toujours tout politiser.
Les mauvaises habitudes ont, dit-on, la vie dure. C'est peut-être pour ça aussi qu'elles coûtent inutilement la vie à de simples innocents. On gère, ou on laisse
gérer, avec une légèreté déconcertante des structures qui ne devraient pas l'être. Et, dont de leur bon fonctionnement dépend souvent la vie de beaucoup de gens.
A la faveur du crash de Kisangani, quelques petits malins s'acharnent à tirer à boulets rouges en vue de casser les reins de Hewa Bora. Qui comet la faute,
impardonnable aux yeux de beaucoup de Congolais, de ne pas échouer dans le secteur de son activité principale, c'est-à-dire le transport aérien dont il couvre avec plus de bonheur que de malheur
l'ensemble du territoire national.
A croire finalement que l'on fait tout dans ce pays pour que quelqu'un se retrouve dans des misères, même imméritées, pour mieux le décapiter. C'est la philosophie
obscurantiste du nivellement par le bas.
Hewa Bora, que je ne connais que par ses aéronefs, 'n'est pas une société des anges célestes. Mais il a un bilan qui plaide pour lui, et qui nous oblige, pour
autant que nous aimons ce pays, à ne pas accompagner, les yeux fermés, ceux qui veulent immoler cette société sur l'autel des jalousies propres au monde congolais. Hewa Bora est plus. Il figure,
il ne faut pas l'ignorer, parmi les plus performantes machines économiques de notre pays. Il est même un leader incontestable dans son domaine.
Maintenant la question : qui, dans cet accident de Kisangani, a perdu plus que Hewa Bora que d'aucuns, par pure méchanceté, tentent de culpabiliser sur la place
publique ?
La République a perdu des citoyens, beaucoup de familles inconsolables, y ont vu périr les leurs, tandis que Hewa Bora, le plus grand perdant, a vu quelques-uns des
meilleurs de son staff totalement calcinés et consumés dans ce crash. Sans compter qu'il y a perdu un précieux outil de travail, désormais irrécupérable.
A ces morts, que nous pleurons tous à chaudes larmes, vont s'ajouter d'autres morts, sociaux cette fois-ci, que nous ne pouvons pas ne pas pleurer.
Car Hewa Bora, c'est au bas mot, 1200 travailleurs déployés sur l'ensemble du territoire national. Si on prend en compte les charges qui sont celles de tous les
Congolais actifs, il ne serait pas exagéré de dire que pas moins de dix mille Congolais vivent, directement ou indirectement de Hewa Bora. Cela mérite une profonde réflexion lorsque l'on veut,
dans une précipitation injustifiée, clouer tout Hewa Bora au sol.
En attendant de revenir plus amplement sur ce crash, regardons ce qui, en toute objectivité, plaide pour que Hewa Bora ne soit pas étranglé.
D'abord la loi, que nous nous devons tous de respecter, n°10/014 du 31 décembre 2010 relative à l'aviation civile. Elle dispose en son article 13 ce qui suit : "
les conditions de délivrance, de renouvellement, de suspension ou de retrait de la licence d'exploitation et du certificat de transporteur aérien sont fixées par décret du Premier ministre
délibéré en Conseil des ministres ".
Dans ce qui frappe Hewa Bora aujourd'hui, je n'ai pas le sentiment ni l'information que cette disposition a été respectée. Il y a plus grave. Parce que cela relève
des choses que nous n'avons pas intérêt à mettre sur la place publique. Mais parce que la vie de 1200 employés et de leur société en dépend, il est bon que l'opinion sache, en attendant le
résultat de toutes les enquêtes actuellement en cours, de quel coté éventuellement pourrait se trouver la cause à la base de ce crash.
Etant donné que les enquêtes lancées sur le terrain n'ont pas encore livré leurs conclusions, je me contenterai d'en dire juste le minimum. Quitte à y revenir avec
force détails le moment venu.
Dans son rapport d'activités du mois d'avril 2011, le commandant de l'aéroport international de Kisangani dresse un tableau inquiétant de son bureau de navigation
aérienne. Dans lequel beaucoup de ceux qui le composent ne disposent d'aucune licence en cours de validité. Un seul a une licence, expirée depuis 6 ans.
Les contrôleurs de trafic aérien sont quatre dont un seul a une licence expirée. Deux autres sont des stagiaires en attente de leur qualification. Le jour du crash,
assurement le contrôle du trafic aérien, JP Wabulakombe Watongoka, licence expirée depuis 6 ans, Vincent Danapkali, stagiaire en attente de sa qualification. L'erreur vient-elle d'ici ou
d'ailleurs ? Il faut d'abord laisser parler la boîte noire qui à ce jour n'a pas encore livré ses secrets. Mais, en attendant qu'il en soit ainsi, dans le même rapport le commandant de l'aéroport
international de Kisangani note aussi que " le problème des équipements se pose avec acuité. Tous les équipements de radio communication sur pupitre ne fonctionnent plus. L'aéroport est tenu par
les équipements de secours fournis par la Monusco ". Plus grave, poursuit le rapport : " l'instrument d'atterrissage au sol est inexistant ".
Ceci pourrait-il expliquer cela ? Pas impossible. Mais il ne faut pas verser dans des anticipations que rien n'impose aujourd'hui.
Et si jusqu'à ce jour, on n'a pas connu beaucoup d'accidents d'avions sur l'aéroport international de Kisangani, c'est tout simplement parce que Dieu aime
particulièrement cette ville que nous appelons nous même " ville martyre ".
Dit autrement, les morts que nous pleurons beaucoup avec des larmes de crocodiles, n'auraient pas été si brutalement arrachés à notre affection si un travail de
suivi, et non politisé, avait été fait en amont par la RVA.
Ces morts, innocents à deux cents cinquante pour cent, ne reviendront pas à la vie parce que dans un geste qui trahit le désarroi et la peur de l'opinion, la
République décide contre ses propres intérêts, et ce avant tout jugement éventuel, de sanctionner une société qui opère à ciel ouvert et contribue à nourrir beaucoup de Congolais. Déjà pour
montrer que ce que l'on raconte sur Hewa Bora n'est que le fruit des esprits jaloux, son assureur a envoyé deux de ses agents venus de Londres pour évaluer l'ampleur de tous les dégâts subis par
l'avionneur congolais et par les tiers.
La meilleure des choses à faire aujourd'hui c'est de laisser la société Hewa Bora fonctionner afin de ne pas créer un surcroit de mécontentement dans
l'opinion.
Déjà, dans les provinces les gens ne savent plus comment se déplacer. Et déjà aussi, le billet Kin-Jobourg qui était à $600 est déjà à plus de 900
dollars.
En d'autres terme, on ne résoud aucun problème en créant un plus complexe. La République ne peut pas aujourd'hui s'offrir le luxe de " 1200 morts sociaux " qui
risquent de venir rejoindre les rangs déjà trop serrés et surchauffés de tous ces morts sociaux qui peuplent toutes les villes du pays.
Mankenda Voka