Le 22-07-2011 à 09h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le Vendredi 22- 07-2011 | 11h50| PAR : Le POTENTIEL
Pendant deux jours, les principaux coordonnateurs des projets financés par la Banque mondiale et la Banque africaine de développement se sont donné rendez-vous à
Roméo Golf de la Gombe pour interroger le passé et scruter l’avenir. Présent jeudi à l’ouverture de ces travaux, le ministre des Finances, Matata Ponyo Mapon, s’est voulu à la fois «honnête et
direct», rappelant que l’heure est venue de replacer le gouvernement aux commandes de tous les projets exécutés en RDC. Une véritable interpellation.
Plus question de voir le gouvernement recevoir des directives des bailleurs de fonds dans le montage ou la mise en œuvre des projets et programmes financés en
République démocratique du Congo. Matata Ponyo Mapon, ministre des Finances, a tapé du poing sur la table, hier jeudi 21 juillet 2011, à l’ouverture à Roméo Golf de la Gombe de la quatrième revue
conjointe du portefeuille de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement (BAD) en RDC.
Tout en saluant l’apport des bailleurs de fonds dans les efforts de lutte contre la pauvreté, Matata Ponyo s’est voulu plutôt «honnête et direct», en rappelant
solennellement que «l’heure est véritablement arrivée afin que les principes de la déclaration de Paris se reflètent dans les faits, en laissant le gouvernement assumer son leadership dans le
choix des projets et le design des arrangements institutionnels». De ce point de vue, note-t-il, «le rôle des partenaires doit se concentrer primordialement dans l’accompagnement indispensable
pour mieux évaluer les projets et en assurer la nécessaire cohérence avec les stratégies du développement au niveau sectoriel et national». Pour autant, soutient-il, que «certaines conditions
auxquelles sont assujettis les projets peuvent devenir une source de difficulté et d’incompréhension susceptible d’affecter non seulement la capacité des projets à délivrer les outputs que la
population attend, mais aussi constituer des sources de malentendus fort regrettables pour la qualité de la relation qui doit se tisser avec nos principaux partenaires».
Pour la quatrième revue du portefeuille de la Banque mondiale, combinée à celle de la Banque africaine de développement, le ministre des Finances s’est voulu
persuasif, se refusant à «pointer une quelconque responsabilité exclusive des bailleurs» dans la mise en œuvre de certains projets, dits à problème. Aussi, a-t-il nuancé, en faisant remarquer que
dans un exercice de revue de la performance, il semble utile que «les questions à caractère stratégique et transversal soient abordées sans langue de bois, y compris les lenteurs gouvernementales
dans les questions de paiement de fonds de contrepartie et les retards dans l’accomplissement des conditions de mise en vigueur et de premier décaissement, l’objectif étant de créer véritablement
un environnement propice à l’accélération de la mise en œuvre des projets ».
Ainsi, selon Matata Ponyo, la 4ème revue du portefeuille de la Banque mondiale et de la Bad doit être une occasion de changer de fusil d’épaule pour un nouveau
départ dans la mise en œuvre des projets en RDC. Il est temps, a indiqué le ministre des Finances, de sortir des sentiers battus pour innover dans les schémas jusque là en vigueur dans
l’exécution des projets.
Ce qui explique, a-t-il souligné, la mise en place au sein de son cabinet d’une cellule de suivi des projets et programmes, répondant spécialement « à ce souci
d’exercer un suivi de proximité permettant d’anticiper sur les problèmes et d’offrir à l’ensemble des coordonnateurs un espace de dialogue, d’échanges de bonnes pratiques et de discussions sur
les problèmes récurrents et les solutions susceptibles de faciliter leur résolution».
C’est dire, pense le ministre des Finances, que loin d’être un simple exercice protocolaire, la revue du portefeuille de deux de plus grands bailleurs de fonds de
la RDC «doit nous permettre de nous assurer que les efforts déployés en commun par l’ensemble des équipes de bailleurs de fonds et du gouvernement facilitent la réalisation des objectifs de
développement de différents projets, dans les meilleures conditions de coût, de qualité et de délais». En même temps, cet exercice, a-t-il rappelé, «doit également nous permettre de cerner les
difficultés, conjoncturelles ou récurrentes, et de mettre en place des dispositifs, en termes de plans d’actions, qui nous permettront de résoudre les difficultés et de renforcer la performance
des projets».
L’ESSENTIEL DE LA REVUE
Prenant à son tour la parole, la directrice des opérations de la Banque mondiale en RDC a abondé dans le même sens que le ministre Matata.
Quatrième revue de la Banque mondiale depuis son réengagement en RDC en 2001, Marie-Françoise Marie-Nelly a souligné, «témoigne une fois de plus de notre volonté de
nous arrêter périodiquement pour examiner avec toutes les parties prenantes les forces et les faiblesses de nos interventions dans le pays». C’est dire que «la revue 2011 revêt quelques aspects
particuliers». Une façon, a-t-elle dit, de s’aligner à la dynamique affichée par le gouvernement depuis l’Agenda de Kinshasa de «mieux coordonner les actions des partenaires au
développement».
Que dire des résultats obtenus par la Banque mondiale dix ans après son réengagement en RDC ? Sans devoir présenter le bilan de dix ans de la Banque en RDC,
Marie-Nelly s’est dit néanmoins satisfaite des actions déployées sur le terrain. «En ce qui nous concerne, en dix ans, nous avons beaucoup progressé et nous nous réjouissons d’avoir obtenu des
résultats tangibles dans des secteurs aussi prioritaires que l’eau, le transport, l’éducation ou la santé », a-t-elle déclaré.
Pour la directrice des opérations de la Banque mondiale en RDC, la 4ème revue a pour ambition de traiter de deux grands défis majeurs. En premier lieu, celui de la
«performance» des projets: «spécifiquement, nous devons nous poser les questions suivantes: où en sommes-nous dans la mise en œuvre ? D’ou viennent ces profonds retards de décaissements ? Est-ce
que les calendriers sont réalistes ? Est-ce qu’il y a un manque de suivi ? Est-ce que les structures ne sont pas adaptées ? Quel est l’état de la mise en œuvre du plan d’actions issu de la revue
de 2010 ?» Le deuxième défi est celui de la «pérennisation» des actions en RDC. Car, de l’avis de Marie-Nelly, « les projets doivent s’intégrer davantage dans les cadres stratégiques sectoriels
et que les ministères de tutelle prennent véritablement en main le suivi des projets qui relèvent de leurs secteurs respectifs».
A noter que Le portefeuille des projets financés par la Banque mondiale et la BAD totalise une enveloppe globale qui avoisine aujourd’hui 3,3 milliards Usd. Si l’on
tient compte des opérations approuvées tout récemment par la Banque mondiale en date du 28 juin 2011, le financement total des opérations du gouvernement par ces deux bailleurs de fonds passera
très bientôt à 3,7 milliards Usd – une somme importante qui représente plus du tiers de l’ensemble de ressources reçus des bailleurs de fonds au titre de l’aide publique au développement