Le 22-07-2011 à 09h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le Vendredi 22- 07-2011 | 11h50| PAR : Le POTENTIEL
Le crash le 8 juillet 2011 à Kisangani d’un régulier de Hewa Bora aura été l’élément de déclic. Désormais, le gouvernement veut voir clair sur la gestion des fonds
générés par la Régie des voies aériennes au titre de la redevance IDEF, censé avoir été institué il y a deux ans pour moderniser les installations aéroportuaires de la RDC. Avec le crash de
Kisangani, le gouvernement exige des explications sur ce qui a été fait des millions de dollars américains collectés à ce jour par la RVA. Décidément, des têtes vont tomber.
Sur décision du ministre de la Justice et Droits humains, Luzolo Bambi Lessa, le procureur de la République a été instruit d’ouvrir une enquête judiciaire sur
l’utilisation des fonds collectés par la Régie des voies aériennes (RVA) au titre de la redevance IDEF.
Instituée il y a deux ans par Jean Assice, alors administrateur délégué général de la RVA, sous mandat du consortium ADPI-KPMG, le produit de cette taxe devait
servir à la modernisation des installations aéroportuaires de la RDC. Apparemment sur le terrain, rien de tel n’est constaté. Le crash de l’avion de Hewa Bora à son atterrissage à Kisangani,
chef-lieu de la Province Orientale, a mis à nu cette réalité relative aux équipements et état des aéroports. Donnant ainsi des arguments au patron de Hewa Bora qui a saisi l’occasion pour
fustiger la non-fiabilité des instruments de navigation aérienne déployés par la RVA à l’aéroport de Kisangani-Bangboka.
Critiques acerbes, certes, mais qui ont eu l’avantage de mettre la puce à l’oreille des autorités. Le ministre de la Justice et Droits humains vient d’instruire le
Procureur Général près la Cour d’appel de Kinshasa/Matete d’ouvrir une information dans le compte Go Pass de la RVA. Dans ce communiqué daté du 20 juillet et signé par le directeur de cabinet de
Luzolo Bambi Lessa, il est recommandé la prise de toute mesure conservatoire relative à la gestion du Go Pass pendant la durée de l’enquête judiciaire.
Un acte de rattrapage
Mieux vaut tard que jamais, dit-on. Le Garde des Sceaux vient de rejoindre l’opinion publique qui s’interrogeait sans cesse sur l’utilisation réelle des recettes
réalisées dans le cadre de l’ IDEF, taxe qui fait obligation à chaque voyageur de débourser avant embarquement 10 USD sur les vols intérieurs et 50 USD pour les vols internationaux.
Ce regain d’intérêt de la justice à la gestion de l’IDEF conforte Le Potentiel dans ses suspicions. A l’époque, le quotidien avait publié dans ses colonnes ce qu’il
avait qualifié de «tripatouillage» des chiffres, après la publication par la RVA d’un rapport sur les montants collectés en 2010 au titre de l’IDEF. Après recoupement, Le Potentiel était arrivé à
la conclusion que le comité de gestion de la RVA avait omis d’inscrire dans ses comptes les vrais chiffres, minorant ainsi les fonds recueillis en 2010 sous la rubrique « redevances IDEF
».
Toutefois, une préoccupation demeure. En l’absence de Jean Assice, principal initiateur de cette taxe, le gouvernement sera-t-il réellement en mesure de faire toute
la lumière sur cette question ? Difficile d’affirmer quoi que ce soit pour l’instant. Toujours est-il que l’on devrait s’attendre dans les tout prochains jours, à la chute des têtes au niveau de
la RVA et dans certains services des ministères sectoriels concernés (Transports et Portefeuille).
Ce rebondissement va, d’aucuns l’espèrent, conduire à mettre fin à la gestion opaque de ce compte. Cela va rassurer la Société civile, les responsables des
compagnies aériennes étrangères qui n’arrêtaient pas de se soucier de la sécurité de leurs aéronefs et de leurs passagers.
2 millions Usd par mois
Selon des sources fiables, le « Go Pass » rapporte à la RVA au moins 2 millions USD par mois. Soit un million pour les vols internationaux et un million pour le
réseau domestique. Où va tout cet argent ? L’audit envisagé lèvera le coin du voile.
Pour rappel, dans le but de répondre aux exigences internationales dans ce cas précis, le gouvernement avait institué le « Go Pass », taxe d’embarquement. En même
temps, il signait un accord avec une entreprise française pour moderniser les aéroports congolais. C’est aux termes de cet accord, M. Jean Accise fut été nommé pour prendre la tête de la RVA.
Mais depuis, rien du tout. Par contre, le délégué d’ATPI-KPMG se comportait comme un électron libre. Pire, il affichait une arrogance digne d’un conquistador.
Pour des raisons connues de lui seul et de ses protecteurs, Jean Assice avait ouvert un compte auprès d’une banque sud-africaine comme si en République démocratique
du Congo, le circuit bancaire n’existait pas. Raison avancée et soutenue : la RVA devrait solliciter un crédit auprès de cette banque pour démarrer au plus tôt les travaux de modernisation des
installations aéroportuaires. Dieu seul sait si ces travaux ont déjà commencé. La piste de l’aéroport international de N’Djili est parmi les plus caillouteuses du monde. Plus grave, cet aéroport
ne vaut rien par rapport à d’autres sur le continent, notamment celui de Johannesburg qui est un bijou et celui de Cape Town, un véritable fleuron. Juste en face, Maya Maya (Brazzaville) vient de
damer le pion à N’Djili qui ne dispose même pas des passerelles appropriées pour l’embarquement ou le débarquement.
Pas d’effet d’annonce
Le communiqué du ministre de la Justice ne devrait pas constituer du saupoudrage comme on en a vu d’autres se limitant au simple effet d’annonce destiné à la
consommation extérieure et endormir le peuple congolais.
L’enquête devra répondre aux questions suivantes. Quelle institution a autorisé la signature de cet accord ? Quelles sont les personnalités qui ont engagé cette
institution ? Qu’a-t-on fait des recommandations de l’Assemblée nationale sur ce dossier ? Quel est le montant du crédit alloué à la RVA par la fameuse banque sud-africaine et les modalités de
remboursement ? Quels sont les travaux de modernisation effectués jusqu’ ici dans le cadre de ce programme bien précis ? Combien a coûté la construction du salon d’honneur à l’aéroport de N’Djili
? … Les sanctions devront être à la hauteur des responsabilités établies dans ce qui a tout l’air d’un crime économique.
On espère que cette fois, le gouvernement ira jusqu’au bout de sa logique en laissant la justice faire son travail en toute indépendance. Car, à l’époque des
dénonciations de la forte magouille créée autour de cette taxe, il avait fait la sourde oreille, se refusant d’intervenir dans un dossier qu’il disait relever de l’entière compétence d’une
entreprise publique, dotée d’une personnalité distincte.