Créé le 12 -08-2011 à 05 h20 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN
| ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le vendredi 12 -08-2011 à 20 h30 | AFRIQUE REDACTION PAR : CONGO NEWS
Le Tshisekedi du stade des Martyrs a fait preuve de beaucoup de maturité. Avec le plein des tribunes du mythique temple de football, l'historique opposant avait toutes les raisons de s'en laisser monter à la tête.
L'homme s'est plutôt montré humble et très ouvert à l'endroit de ses pairs de l'opposition. Tout le contraire du message de la ville cuprifère de Kolwezi, dans la
province du Katanga, qui avait suscité des inquiétudes quant à la perspective de voir les opposants fédérer autour d'un candidat commun sur la base d'un programme commun également. «Nous
souscrivons à l'idée de la candidature commune de l'opposition. Nous y arriverons avec des structures et non des individus. Voilà pourquoi chaque parti doit d'abord travailler sur le terrain.
Ensuite, je m'appliquerai à réunir les opposants dans un forum», a déclaré Etienne Tshisekedi dans un stade des Martyrs rempli à ras bord avec ses 80.000 places assises. Tshisekedi a donc compris
qu'au delà des foules -là où il est maître le plus dur, c'est le terrain diplomatique et l'adhésion des autres autour de sa candidature.
Une adhésion commandée par la réalité politique congolaise dont l'expérience récente a démontré que nul ne peut prétendre gagner seul. Une adhésion également dictée
par le souci de cimenter la réconciliation nationale pour Etat post-conflit qui a failli connaître la balkanisation, notamment de sa partie Est. Dans les capitales occidentales, la position de
Tshisekedi a été très bien perçue. Déjà lors de sa tournée euro-américaine, Tshisekedi y avait reçu des recommandations assez claires. Des noms lui ont même été cités, des noms avec lesquels
former le noyau pour fédérer l'opposition, selon des personnalités qui ont accompagné Tshisekedi dans son voyage.
Des noms, notamment celui de Vital Kamerhe et Léon Kengo wa Dondo. C'est d'ailleurs ce qui a poussé Kengo à aller se mesurer stade des Martyrs, étant donné qu'il
est seul dépourvu d'une base réelle dans ce trio. Dommage, il n'a pas réussi à démontrer le contraire dans un meeting où les tribunes du stade ont été à peine remplies au deux dixième. Ceux qui
le portent sont passés depuis à l'idée d'un ticket entre Tshisekedi et Kamerhe, quitte à ce que le président du Sénat se laisse arrimer comme une remorque. Certains encouragent l'idée d'impliquer
le MLC dans ce schéma mais avec l'indisponibilité de Jean-Pierre Bemba on ne voyait pas avec quel leader boucler le deal. «Le MLC n'a qu'à attendre pour être intégré au niveau du deal global de
toute l'opposition. Dans un premier temps, il faudra chercher à privilégier le ticket gagnant, celui qui nous assure la victoire à l'élection présidentielle à 99 pc et le contrôle de la majorité
parlementaire. C'est ticket, c'est Tshisekedi-Kamerhe», analyse un stratège de l'opposition convaincu que Tshisekedi a tiré toutes les leçons du passé pour ne pas laisser échapper le pouvoir
cette fois-ci. Les anti-Kamerhe de l'opposition tshisekediste confortent eux-mêmes ce ticket lorsqu'ils affirment que la candidature de Kamerhe à l'élection présidentielle fera plus mal à Joseph
Kabila qu'à Tshisekedi. Le Dr Tharcisse Loseke de la DTP a soutenu cette position dans une interview accordée récemment à «CONGONEWS». Pour quiconque a assimilé la stratégie politique, une
candidature de Kamerhe présentée comme nuisible à Kabila constitue, de toute évidence, un plus pour Tshisekedi si jamais l'un et l'autre parviennent à un compromis. Que cela veut que Kamerhe fera
plus mal à Kabila, sinon qu'il lui prendra des pas entiers des voix, notamment à l'Est. Et à l'Est, Tshisekedi a besoin d'un grand tribun originaire du même coin pour dissiper le malentendu quant
à son alliance passée avec le RCD-Goma dans le cadre de I'ASD -Alliance pour la sauvegarde du dialogue inter- congolais. La politique étant addition comme l'a dit Nicolas Sarkozy et comme aime le
répéter le secrétaire général du RCD-N, Moïse Moni Della, Kamerhe vaut la peine comme allié.
Nombreux parmi ceux qui le critiquent n'ont pas grand chose à apporter à Tshisekedi mais utilisent plutôt le label UDPS et son leader comme un fond de commerce. Il
n'y a qu'à remonter l'histoire récente pour constater que rares parmi eux avaient mobilisé avant la moindre foule à Kinshasa ou ailleurs. L'homme le plus opposé à un rapprochement entre
Tshisekedi et Kamerhe reste Valentin Mubake Numbi connu pour, ses positions tranchées sans possible conciliation. «Les grands ensembles se gèrent au centre. Un homme de la trempe de Tshisekedi
l'a compris pour ne pas laisser l'intégrisme légendaire de Valentin Mubake tout compromettre», espère un membre de la cour tshisekediste à la 10ème rue Pétunias, dans la commune de
Limete.
Quand Kamerhe répond positivement à Tshisekedi qui a demandé que «les petits aillent vers le vieux», c'est Mubake le premier qui prend la voie de tout empêcher.
Voilà qui est mesquin au point de priver Tshisekedi de ce qu'il n'a pas encore repris de Nelson Mandela, se mettre au dessus de la mêlée pour accorder la nation sur son statut de «père de la
démocratie congolaise». C'est justement parce que Tshisekedi est grand qu'il doit composer. Il n'y a que les grands pour accomplir un tel sacerdoce dans l'histoire des nations. Crédité d'une
large victoire, Mandela n'a eu de cesse de négocier avec Mangosutu Butelezi pour la cohésion nationale en Afrique du Sud.
H.M. MUKEBAYI NKOSO