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Sud-Kivu : désespérés, des malades d'Uvira vont se "soigner" en Tanzanie

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Créé le 13 -08-2011 à 05 h20 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |   ACTUALITE  NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le samedi 13 -08-2011 à  10 h30 | AFRIQUE REDACTION  PAR : SYFIAGRANDSLACS

 

 

congo afrique santé médecin


De nombreux malades d'Uvira, au Sud-Kivu, vont en Tanzanie prendre la potion présumée magique d'un guérisseur. Pour eux, peu importe les dépenses et le fait que d'autres, qui ont fait ce voyage avant eux, sont toujours aussi malades, voire plus…

"Après une longue et pénible maladie, il suffit de prendre une solution au goût un peu amer dans un petit gobelet à moitié rempli pour voir sa santé recouvrée et sa vie sauvée." Cette phrase se chuchote ou se prononce à voix haute dans plusieurs familles et hôpitaux d’Uvira, au Sud-Kivu. Pour ces désespérés, aller jusqu'en Tanzanie se faire soigner par Mzee Babu est la dernière chance de guérir. Les plus crédules se disent que si, pour un autre malade, ça n'a pas marché, ils auront plus de chance.
 Une crédulité qu'entretient ce vieux guérisseur de plus en plus connu depuis fin 2010 qui affirme pouvoir soigner pour 1 500 shillings tanzaniens ou 1 $ un cancéreux, un séropositif, un diabétique, etc. "Si vous avez foi en Dieu, vous avez déjà 40 % de guérison et, après avoir pris le médicament, c'est 100 % !" Telles sont les paroles extraordinaires que Babu prononce habituellement lors de la prière matinale organisée pour ceux qui ont passé la nuit dans sa parcelle. En tout cas, d'après le témoignage de Manenga Ndagora, qui a longtemps souffert d'un cancer du sein et exhorte d’autres personnes à aller chercher la guérison à Loliondo, localité située dans la région d’Arusha, en Tanzanie. Elle ajoute cependant : "Le voyage est très long. Près de 2 000 km aller-retour, soit six jours et il coûte cher." Un malade qui part d'Uvira en bus, débourse ainsi entre 200 et 300 $, visa compris. Avides de gagner de l’argent, les agences de voyage express se multiplient. Par avion, c'est plus rapide, mais trois fois plus coûteux (900 $ aller/retour).

 Coûteux et dangereux
 Cher, le voyage est surtout risqué. Certains reviennent plus malades qu’avant après avoir parcouru ce très long trajet. Un homme est mort à son retour à Uvira. Un autre pendant qu’il allait chercher la guérison... Plusieurs professionnels de santé doutent par ailleurs de la qualité des "soins" administrés par Babu. Le docteur Gildo Magadju, médecin directeur du Centre hospitalier de la 8ème CEPAC/Kasenga explique que les diabétiques qui abandonnent leurs médicaments à leur retour de Loliondo voient leur état se détériorer. Chez les hypertendus, il remarque des complications de type accident vasculaire cérébral. Et, toujours selon lui, les séropositifs ne présentent aucun signe de guérison, l’examen de laboratoire se révélant toujours positif.
 Justin Balenga, technicien de laboratoire d’un centre hospitalier local, explique que ces soi-disant guéris du sida ne font que promettre de passer chez lui se refaire dépister pour confirmer ou infirmer leur état sérologique. Un responsable de l’Union congolaise des personnes vivant avec le sida à Uvira, est lui aussi sceptique : "J'en connais un qui a proclamé sa guérison à son retour de Tanzanie. Quelques jours plus tard, après avoir abandonné ses antirétroviraux, il est retombé malade... Aucun de ceux qui sont rentrés ne peut être guéri, il faut attendre trois mois pour refaire des tests. Si c'était fiable, moi-même, je n'hésiterais pas à me rendre là-bas !"
 Plusieurs témoignages de malades ayant fait le voyage vers la Tanzanie font douter des réelles capacités du guérisseur. Jean-Claude Kalala, un habitant d’Uvira, diabétique depuis plus de 10 ans, explique : "Lorsque j'ai pris son médicament, j’ai recouvré la santé, mais pendant deux jours seulement… Je me suis efforcé de ne plus prendre mes comprimés habituels qui régulent le taux de sucre dans mon sang, durant toute une semaine. Quand j'ai testé ma glycémie, l'infirmier qui me soigne m’a dit que je risquais de connaître des complications graves si je continuais à traîner les pieds avec mon traitement. Il ajoute, encore un brin crédule : Un de mes amis avec qui je suis allé en Tanzanie, diabétique également, dit être complètement guéri. Mais, il m’a avoué qu’il ne trouvait pas de raison de vérifier s’il était encore malade ou pas..."

 Robert Shemamba


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