Créé le 09-10-2011 à 08 h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le dimanche 09 -10-2011 à14h20 | AFRIQUE REDACTION PAR :LE SOFT ONLINE.NET
Il est temps que justice soit rendue en faveur des victimes de crime relevant du droit international, revendiquent les activistes de défense des droits de l'homme.
Celles-ci peinent à obtenir justice à cause du manque de connaissance des recours et la crainte d'une vengeance des bourreaux, pour certains en uniforme.
«Un matin en septembre 2010, j'ai quitté ma maison pour aller couper des bananes, raconte Marie, 37 ans . Deux soldats sont arrivés dans la bananeraie. Ils m'ont
arrêtée et m'ont dit que si je parlais, ils me tueraient... J'ai été violée six fois par un des soldats. Il a insisté pour que je l'emmène chez moi. Quand je suis rentrée au village, j'ai vu des
soldats en train de piller les maisons. Le soldat m'a pris un matelas, quatre chèvres et quatre poulets. Puis il est parti». Cette mère de huit enfants habite Masisi, un territoire de la province
du Nord-Kivu, dans l'Est de la R-dC. Dénoncer ses agresseurs? Marie n'y pense même pas. «Obtenir justice n'est pas ma priorité. Mon premier souci est de survivre et de trouver une assistance
médicale; mes enfants ne peuvent pas aller à l'école car j'ai tout perdu», explique-t-elle dans un rapport de l'ONG Amnesty International intitulé «Il est temps que justice soit rendue» publié le
10août2011.
Le document souligne que quelques poursuites ont été engagées, notamment dans le domaine des violences sexuelles fréquentes dans l'est du pays, où les Forces armées
de la R-dC (FARDC) affrontent régulièrement des rebelles r-dcongolais, ougandais ou rwandais. Parmi les avancées, on note le procès à FIZI-Baraka (Est), dans lequel 7 soldats des FARDC, dont un
officier haut gradé, ont été jugés coupables de crimes contre l'humanité. Encourager la population à dénoncer ce qui lui est arrivé. «Cependant, précise le rapport, la lutte contre l'impunité
pour les crimes de droit international progresse globalement très peu». Les causes sont multiples.
SYSTÈME JUDICIAIRE,
Le système judiciaire r-dcongolais souffre d'un manque de personnel qualifié et de moyens financiers, matériels et humains. Résultat, la plupart des enquêtes menées
à la hâte et les décisions, souvent mal rédigées, ne se fondent pas sur des motifs juridiques ou sur des preuves. Les victimes, elles, sont souvent trop démunies pour financer jusqu'au bout une
procédure. Aussi, elles ne connaissent pas toujours leurs droits et ne savent pas comment les faire valoir. C'est le cas de Sophie, 45 ans, qui dit avoir été violée deux fois à Masisi : en 2005
par des rebelles du Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), puis en octobre 2009 par des éléments des FARDC.
Autre obstacle : les tribunaux militaires sont habilités à juger les crimes de génocide, les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre. Alors les victimes
redoutent un procès perdu d'avance si leur agresseur porte l'uniforme. Paul, 30 ans, originaire de Masisi, a été frappé, en septembre 2010, avec sa famille par des militaires, qui ont par la
suite brûlé sa maison et celle «autres villageois. «Si je porte plainte à Goma, j 'ai peur que notre communauté ait à faire face à des représailles car les mêmes soldats sont toujours là-bas». Et
lorsque les tribunaux militaires convoquent des suspects, certains font blocage. Plusieurs États et des ONG r-dcongolaises et internationales plaident pour la création d'une cour spécialisée pour
juger les crimes de droit international, Cette instance compterait des magistrats r-dcongolais et étrangers pour garantir l'impartialité et transparence des procédures. Au Sénat. des élus ont
estimé qu'au lieu d'une telle instance, il faudrait renforcer les juridictions existantes ou mettre en p1ac un tribunal pénal pour la R-dC, sur le modèle des tribunaux existant déjà pou - Rwanda
ou l'ex-Yougoslavie.
Les femmes sont doublement victimes. Après avoir été violées, elles sont rejetées par leur propre famille et la plupart sont renvoyées de leur maison conjugale
comme si elles étaient responsables de leur sort. La majorité d'entre elles préfèrent le silence plutôt que l'humiliation. Pour ceux qui ne connaissent pas la région, ce phénomène est encore
nouveau. Pourtant, le viol comme arme de guerre pour dominer le peuple vaincu remonte à très longtemps, entre le XVè et le XIXè siècle. Depuis la création et l'expansion des royaumes de la
sous-région africaine (Grands Lacs), les femmes et les filles étaient violées avant de faire partie des butins de guerre. Une stratégie pour dominer le peuple vaincu. Les violences sexuelles
avaient été une arme de terreur au cours du génocide rwandais de 1994 (800.000 morts dans l'ethnie Tutsi et parmi les Hutus modérés). L'exode massif de plus de 2 millions de Hotus à l'Est de la
R-dC après la tragédie a exporté cette arme de guerre. Toutes les fractions armées, y compris les armées régulières impliquées dans le conflit régional par la suite, ont commis des viols. Au fil
des années, le viol est devenu banal. Ce terrorisme sexuel est la cause principale de la propagation du virus du VIH/sida à l'Est de la R-dC. En 2004, le taux de prévalence estimé par l'Unicef et
d'autres organismes internationaux s'élevait à 15% pour toute la population du Kivu et à 27% chez les femmes et les enfants victimes de viols.
Alain DIAVITA