Créé le 19-10-2011 à 10 h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le MERCREDI 19-10-2011 à 11 h35 | AFRIQUE REDACTION PAR : LES DEPECHES DE BRAZZAVILLE
Comme prévu lors de la dernière audience du tribunal de première instance de Bruxelles, les avocats de la maison d'édition Casterman et ceux de la fondation
Moulinsart ont répliqué, le 14 octobre, à la demande de suppression de la bande dessinée incriminée.
Tintin au Congo est un ouvrage vendu à ce jour à dix millions d'exemplaires. La demande de son retrait du marché a été introduite par un ressortissant de la
République démocratique du Congo (RDC), Bienvenu Mbutu Mondondo, soutenu par le Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN).
Me Sandrine Carneroli et Me Alain Berenboom ont estimé plaidé qu'il n'y avait jamais eu d'intention de Hergé de poser un acte raciste mais uniquement de créer une
œuvre de fiction. Bien plus, indique lexpress.fr, Me Alain Berenboom a affirmé que la bande dessinée Tintin au Congo est le reflet du « paternalisme gentil » typique des années 1930 et il faut en
faire une « lecture totalement tordue » pour l'accuser de racisme et vouloir l'interdire.
En 1929, lorsqu'il imagine les premières aventures de Tintin, d'abord en Union soviétique puis au Congo belge, Georges Rémi, dit « Hergé », est un jeune homme de 23
ans qui n'a jamais quitté la Belgique et qui ne connaît du Congo que les articles publiés dans la presse « bourgeoise et conservatrice » et les récits de missionnaires, a expliqué Me Alain
Berenboom, l'avocat de Casterman et de Moulinsart SA, la société qui gère les droits dérivés de Tintin.
Hergé était dans l'air du temps
« C'est l'époque de la Revue nègre de Joséphine Baker, de l'exposition coloniale de Paris... Hergé est dans l'air du temps, ce n'est pas du racisme mais du
paternalisme gentil », a poursuivi Me Berenboom, cité par l'express.fr.
Les juges « n'ont pas à refaire l'histoire » en interdisant la diffusion de Tintin au Congo, sans quoi les « écrits de Dickens concernant les juifs, de Jules Vernes
à propos des noirs ou le regard de la Bible sur les femmes » encombreront bientôt les prétoires, a-t-il ajouté. Pour lui, « le propos du livre n'est pas de nourrir les stéréotypes, Hergé joue
avec les clichés pour mettre un message moral derrière, d'ouverture et de bienveillance, sans intention cachée de diffuser des idées sur la supériorité raciale, que du contraire ». Pour ce faire,
il a estimé que Tintin au Congo n'a rien d'un album dangereux.
15 000 euros réclamés au plaignant
Estimant que Bienvenu Mbutu Mondondo avait terni la réputation de Casterman pour « faire de la publicité pour ses propres idées », l'avocat lui réclame une «
indemnité de 15 000 euros ». Le tribunal rendra son arrêt au plus tard le 12 février 2012, a annoncé sa présidente qui devra notamment dire si les faits ne sont pas prescrits.
Selon lesoir.be, le tribunal a invoqué un article du code judiciaire lui permettant de rendre son avis par écrit. « Compte tenu de la particularité de cette
affaire», le procureur a préféré ne pas s'exprimer publiquement. Il transmettra son texte aux avocats des deux parties le 31 octobre. Après avoir entendu leurs réactions écrites, le tribunal de
première instance de Bruxelles aura deux mois, à dater du 12 décembre, pour rendre son jugement.
Décision autour de la prescription des faits
La décision du tribunal devrait se fonder sur la prescription car la version la plus récente de Tintin au Congo porte un copyright de 1946 alors que la première
plainte de Bienvenu Mbutu Mondondo a été déposée en 2007 devant le tribunal pénal. Dans ce cadre, la justice avait déjà estimé que « les faits ne représentaient ni un délit ni une contravention
aux yeux de la loi», a rappelé Me Sandrine Carneroli, avocate de Casterman et Moulinsart, cité lesoir.be
Le tribunal avait aussi « exclu toute intention dans le chef d'Hergé de diffuser des idées de discrimination ». La seconde plainte, au civil, remonte à 2010. C'est
celle qui reste pendante aujourd'hui mais selon la défense, il y a prescription et la loi contre le racisme de 1981 ne peut, par ailleurs, être interprétée rétro-activement.
« Ce n'est pas parce que l'album est toujours en vente que la prescription ne joue pas », a précisé Me Sandrine Carneroli. « La date à partir de laquelle le délai
de prescription de cinq ans commence à courir est celle du premier acte de mise en vente de la dernière édition connue de l'album : 1946. Depuis, il s'agit de tirages à l'identique sans aucun
changement de case, de texte ni de couleur ». Sur la non-rétroactivité, elle ajoute qu'« au moment où Hergé a écrit et dessiné Tintin au Congo, la loi contre le racisme n'existait pas
».
Patrick Kianimi