Créé le 02 -04-2011 à 03h20 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le samedi 02 -04-2011 à 06 h20 | AFRIQUE REDACTION
PAR : LE SOFT
Les résolutions du Vè Atelier national des acteurs politiques catholiques continuent d’alimenter le débat autour des élections dans certains salons de Kinshasa.
Placée sous le thème de «lutte contre la corruption: de la légalité de l’élection à la légitimité du choix», cette rencontre initiée par la CÉNCO (Conférence épiscopale nationale du Congo) avec
le concours technique de sa Commission pour l’apostolat des laïcs, a réuni, du 25 au 27 mars, au Centre Béthanie à Kinshasa, plus de 350 acteurs catholiques venus des partis politiques et de la
société civile. D’importantes résolutions y ont été prises après six communications délivrées par des spécialistes suivies des débats constructifs. Les résolutions ainsi que les engagements pris
par les participants dénotent de la détermination des évêques catholiques d’épargner au pays une tragédie avant, pendant et après les élections.
CORRUPTION, UN FLÉAU MORTEL.
Le spectre d’une violence postélectorale continue de hanter le pays depuis les élections de 2006 dénouées avec des armes lourdes en pleine capitale. Contrairement à
ces élections pour lesquelles l’Église catholique a beaucoup tergiversé quant à savoir s’il fallait autoriser la création d’un parti politique chrétien ou soutenir des candidats cathos, cette
fois, l’option de demeurer au milieu du village est sans équivoque. C’est pour aider les acteurs politiques à organiser des élections démocratiques, transparentes et apaisées que les évêques, en
leur qualité de «Pères spirituels», organisent, depuis trois ans, des ateliers annuels réunissant la crème politique catholique sur le thème général de la corruption. Le choix de ce thème se
justifie.
Secrétaire de la Commission épiscopale pour l’apostolat des laïcs (CEAL) et modérateur du forum, l’abbé Ambroise Mutshembe souligne que la corruption fait perdre à
l’individu son identité et engendre la violence. Planchant sur «Légalité et légitimité, deux concepts de droit pour une lutte permanente contre la corruption», l’abbé professeur Gratien Mole
indique: «Si la culture de la justice et de l’équité est assurée, la question de la légalité et légitimité ne se poserait même pas en termes antitaniques ou antinomiques». Pour lui, les acteurs
politiques catholiques doivent s’inspirer de l’exemple de Saint Thomas Moore, patron des hommes politiques, et du Bienheureux Isidore Bakanja, modèle d’engagement pour les laïcs r-dcongolais.
Conscience et responsabilité. Quant à lui, l’abbé professeur Georges Kalenga a parlé de la liberté de conscience et d’esprit de responsabilité comme socle d’un engagement au service du bien
commun. Il a rappelé l’état des lieux d’engagement et de participation à la gestion de la chose publique en R-dC depuis 1960. Pour lui, cette liberté se forge au sein de la famille, à l’école,
dans l’Église et dans les autres institutions comme les partis politiques. Dans le même registre de la liberté, la révérende Chantal Nsongisa a parlé de «Libre suffrage et attitude face aux
résultats», en s’appuyant sur le cas du roi David pour illustrer le lien entre le pouvoir et la violence. Son constat est: «Nous vivons dans un milieu malsain qui est certainement détruit par la
population pourtant majoritairement chrétienne en nombre». Elle a invité les chrétiens à une attitude et à un comportement d’humilité, de tolérance face à une défaite aux élections. L’Hon. Député
Aurélie Bitondo a dénoncé le mal qui ronge déjà le processus électoral. Contre les dons du candidat pour acheter la conscience de l’électeur, elle appelle à une élection sur base de projet de
société: «La remise des cadeaux à la population à la veille des élections constitue une gangrène, un moyen puissant pour accéder au pouvoir». En 2006, les femmes en ont été les grandes victimes
par manque d’argent. Pour elle, les parlementaires qui s’apprêtent à revisiter la loi électorale, doivent prévoir une disposition de plafonnement de la somme de campagne électorale afin de donner
la chance à tous, riches et pauvres.
Député MLC (Idiofa, Bandundu) Constant Ndom Nda Ombel est revenu sur le «Voter utile. Le dit et le non dit». Pour lui, la loi aurait dû imposer le programme
politique parmi les conditions pour postuler: «Le concept Voter utile pousserait les gens à réfléchir avant de poser cet acte qui engage la communauté sur toute une législature et sur son avenir.
Le programme a l’avantage de permettre aux électeurs de comparer les prétendants» Sur le volet «Contestation des résultats et acceptation de la défaite. Réflexion sur la démocratie à la lumière
des situations postélectorales en Afrique», l’abbé professeur Veron Okavu a souligné que le mot «contester» est dévastateur. Il est source de haine.
Il attise le tribalisme, il engendre la guerre, et les conséquences sont légion. Par contre, les vertus de l’acceptation de la défaite calment les esprits et
contribuent au maintien de la paix. Il a rencontré ainsi les préoccupations du Comité permanent de la CÉNCO exprimées le 25 février dans cette année électorale, que devons-nous faire? Notre pays
a connu trop de violences et des guerres à répétition. Il faut donc choisir la voie de la sagesse, de la compréhension et de la concorde au service du bien commun pour régir la vie politique de
notre pays. Le professeur Biyoya a souligné que le mal n’est pas dans le chrétien député ni dans le ministre chrétien, mais plutôt dans le système caractérisé par une culture égoïste. Partant de
ce constat, il estime que les acteurs politiques ne peuvent pas changer sans que les structures de la culture égoïste ne changent. Cependant, fait remarquer Ambroise Mutshembe, les structures
sont au service de l’homme et ce dernier doit tout faire pour qu’elles répondent à ses besoins: «Il faut, recommande-t- il, un sursaut d’orgueil pour refuser la corruption car on y perd sa
personnalité et puis, on a des mauvais élus lorsqu’il y a corruption. La première façon de dénoncer un mal, c’est d’en parler. Il faut éviter la conjuration du silence».
DÉSIRÉ M. MUWALA-BOL’MAKOB