Créé l 15-12-2011- 06h23 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le jeudi 15-12-2011 17H10 AFRIQUE REDACTION PAR :LE POTENTIEL
Le groupe Areva, fleuron de la filière nucléaire française, a annoncé mardi dernier la suspension d’investissements en France, aux Etats-Unis et en Afrique, dans le
cadre d’un vaste plan d’économies contesté par les syndicats de l’entreprise. Ce qui du coup met fin aux ambitions du géant français du nucléaire civil sur l’uranium de la RDC, malgré l’accord
signé en 2009 entre Areva et la RDC, au terme de la visite à Kinshasa de Nicolas Sarkozy.
Après avoir marqué un intérêt particulier pour la RDC au terme de la visite éclair en mars 2009 de son président, Nicolas Sarkozy, la France est en voie de se
détourner. Parmi les entreprises françaises du passage de Sarkozy, l’on citait notamment Lafarge qui s’est intéressé à la Cimenterie nationale (Cinat) et Areva, n°1 mondial du nucléaire
civil.
Mais, depuis deux ans, c’est presque le point mort. Rien n’a évolué sur le terrain. Pire, le groupe Lafarge qui était en contact très avancé avec le gouvernement
congolais s’est finalement rétracté dans la Cinat. Et comme s’il n’en suffisait, depuis Paris, capitale de la France, Areva vient d’annoncer le gel de tous ses investissements en France, aux
Etats-Unis et en Afrique. Ce qui indirectement suppose la suspension de l’accord signé en 2009 entre la France, via Areva, et la RDC sur l’exploration par l’opérateur français de l’uranium sur le
sol congolais.
Fini donc le grand amour entre la France et la RDC. Même si l’uranium réveille toutes les convoitises – celle de la France en particulier, dont 80 % de
l’électricité est produite par les centrales nucléaires d’EDF, au nom de la crise qui frappe les économies de l’Union européenne, Areva a donc décidé de mettre une croix sur ses ambitions en
terres congolaises.
La visite du chef de l’Etat français en RDC, au Congo-Brazzaville et au Niger, jeudi 26 et vendredi 27 mars 2009, avait ainsi pris une dimension énergétique
importante avec la signature à Kinshasa d’un important accord sur l’uranium entre Areva et le gouvernement de la RDC. Le groupe nucléaire français avait obtenu le droit d’explorer et d’exploiter
les futurs gisements découverts dans un pays en proie à l’anarchie, mais qui détient, selon les experts, « un potentiel uranifère significatif » par sa surface et son profil géologique. Précision
de taille : la convention ne portait pas seulement sur l’exploration de la riche région minière du Katanga, mais sur l’ensemble du territoire de la RDC.
Malgré cette magnanimité du gouvernement de la RDC envers la France, Areva n’a pas pu tenir le coup, rattrapé par la crise dans la zone euro. Kinshasa devait donc
piocher ailleurs pour trouver enfin un opérateur bien disposé à valoriser son potentiel uranifère.
LE FRANÇAIS JETTE L’EPONGE
C’est le mardi 13 décembre 2011 que le groupe Areva a annoncé la suspension d’investissements qui devaient aboutir à des extensions de quatre sites français dont
celui de La Hague, de l’usine d’enrichissement d’Eagle rock aux Etats-Unis et de trois gisements africains de l’ex-Uramin.
Pour la France, Areva a indiqué dans un document de présentation que sont suspendues les extensions de capacités du site de La Hague (Manche), de l’usine Melox
(Gard) et des sites Georges Besse 2 et Comurhex 2 au Tricastin, ces deux derniers restant des investissements prioritaires.
Outre les investissements de mise en exploitation du gisement d’uranium de Bakouma en Centrafrique, Areva indique également qu’elle suspend ceux sur le gisement
namibien de Trekkopje, qui s’est révélé beaucoup moins prometteur que prévu, et celui de Ryst Kuil en Afrique du sud.
Au final, Areva réduit d’environ un tiers le niveau de ses investissements en passant à 7,7 milliards d’euros au total entre 2012 et 2016. Les investissements
prioritaires d’Areva sont les gisements d’uranium de Cigar Lake au Canada et d’Imourarène au Niger, les sites Comurhex 2 et Georges Besse 2, le réacteur de 1.000 mégawatts Atmea et les énergies
renouvelables, pour un montant de 5,7 milliards d’euros, ainsi que 2 milliards d’euros dans la sûreté et la maintenance.
Areva a présenté le même jour des détails de son vaste plan de réorganisation adopté la veille par son conseil de surveillance, qui doit mettre un terme aux lourdes
pertes que va subir Areva cette année, en visant un milliard d’économies annuelles à partir de 2015. Selon le document d’Areva, il est prévu 1.200 à 1.500 réductions d’effectifs en Allemagne,
ainsi qu’un gel des embauches dans les fonctions non industrielles dites support.