Créé le 21 -04-2011 à 08h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le jeudi 21 -04-2011 08h00 | AFRIQUE REDACTION PAR : LE POTENTIEL
Floribert Chebeya et Fidèle Bazana ont été exécutés par trois terroristes. C’est ce qui ressort du réquisitoire du ministère public prononcé par l’auditeur général
Alidor Makelele Kabunda.
Dans son réquisitoire du jeudi 14 avril 2011 sur le procès qui l’oppose aux assassins présumés des activistes des droits de l’Homme Floribert Chebeya Bahizire et
Fidèle Bazana Edadi, l’organe de la loi a planché sur la prévention de terrorisme mise à charge des prévenus Christian Ngoy, Paul Mwilambwe et Jacques Migabo.
Faisant un aperçu historique du terrorisme, qui déjà en novembre 1794 était considéré comme une doctrine des partisans de la terreur, le colonel magistrat Alidor
Makelele Kabunda a précisé qu’au sens moderne, c’est le recours délibéré à la violence pour provoquer la peur, selon l’entendement d’un ministre américain de la Défense. Il a aussi ajouté que
selon le FBI, c’est le recours illicite à la force et à la violence contre des personnes pour les intimider.
Après cela, l’organe de la loi a relevé pour le major Christian Ngoy, commandant du bataillon Simba, que le fait d’avoir offert une de ses chambres à Paul Mwilambwe
n’était pas étranger à l’objectif de donner la mort. Et le colonel Makelele Kabunda a martelé : «’’Simba One’’ était un tueur à gage, un tueur à mains nues. Ils étaient tous célibataires et leur
mode de vie était la discrétion ».
Pour appuyer sa thèse, le ministère public a rappelé qu’à l’époque de la Conférence nationale souveraine (CNS), les dérives autoritaristes se manifestaient souvent
ces genres d’agissements. Les terribles «hiboux» incendiaient même des maisons de presse. Tel est le cas des journaux ’’Le Potentiel’’ et ’’Elima’’ qui en ont payé le prix. Il en est de même pour
l’église Saint Joseph de Matonge. Aussi, les pasteurs et leurs fidèles avaient été terrorisés par des militaires cagoulés. Et ces militaires-là n’ont jamais été retrouvés jusqu’à ce jour. Mais le
gouvernement a tout fait pour que cela ne soit plus de mise aujourd’hui.
Soucieux de disculper l’inspecteur général de la Police nationale congolaise, l’avocat général Makelele Kabunda a fait cette réflexion : « Après l’intervention
salvatrice de Floribert Chebeya qui a aidé John Numbi à traverser le fleuve Congo, John Numbi pouvait-il vouloir sa mort ? ».
Faisant une lecture croisée des textes, le colonel magistrat Alidor Makelele Kabunda a parlé du droit international humanitaire qui définit le terrorisme comme
toute mesure d’intimidation. Il a fini par déclarer qu’on peut assimiler les terroristes aux mercenaires, tout en ajoutant que les mutilations, les tortures et les supplices ne sont pas
autorisés.
Evoquant l’article 157 du Code pénal militaire congolais, le ministère public a dit que cette infraction est en relation avec des actes individuels ou collectifs
ayant pour but de troubler l’ordre public. Il a épinglé les atteintes à l’intégrité physique, les enlèvements, les séquestrations et les détentions arbitraires. Citant l’article 158 du même Code,
le colonel Makelele a dit que le terrorisme est puni de 20 ans de servitude pénale principale. S’il entraîne la mort, le terrorisme est passible de la peine de mort.
SOUS LA HANTISE DE LA PEUR
Les auteurs peuvent être militaires ou policiers, c’est-à-dire qu’il n’y a aucune restriction même pour les civils, qu’ils soient de nationalité congolaise ou
étrangère. Prenant pour jurisprudence l’arrêt du procès colonel Charles Alamba Mungako sur l’assassinat de Steve Nyembo, l’organe de la loi a déclaré que le terrorisme fait partie des infractions
de droit commun, commises dans certaines circonstances.
Revenant sur le cas des prévenus Christian Ngoy, Paul Mwilambwe et Jacques Migabo, le ministère public a soutenu que ce groupe poursuivait un but abominable, et les
autres ont adhéré.
Quant à la résolution criminelle, il a dit qu’elle est généralement préméditée. Et dans le cas sous examen, a fait remarquer l’organe de la loi, on voit ce qui
s’est passé avec la lettre adressée à Floribert Chebeya par le général John Numbi.
Tout en précisant que le terrorisme est pratiqué pour frapper l’imagination, le colonel Alidor Makelele a affirmé que les trois agents se sont vengés contre
Floribert Chebeya à cause de son rapport sur les crimes commis contre les adeptes du mouvement politico-religieux « Bundu dia Kongo », où il cite nommément le major Christian Ngoy Kenda-Kenda.
L’avocat de la société a fini par épingler : « Des témoins comme Gommer Martell ont été envahis par l’horreur, la stupeur et la désolation en voyant ce qui s’est passé avec Floribert Chebeya
».
Toujours dans son réquisitoire, le ministère public a fait voir aux juges militaires que le 31 mai 2010, ces gens ont participé à différentes réunions dans le
bureau du colonel Daniel Mukalay. Et le but de ces rencontres était l’élimination de Floribert Chebeya. Après quoi, l’organe de la loi a fait cette remarque : « La police scientifique nous a dit
qu’on doit avoir étranglé Chebeya, mais nous ne savons toujours pas de quelle manière on a traité Fidèle Bazana ». Le colonel magistrat Makelele a aussi relevé à l’attention de la Cour militaire
que la hiérarchie de ces trois terroristes leur a fourni deux jeeps de marque Challenger pour aller déposer le corps de Floribert Chebeya à Mitendi. Et cela a provoqué la peur dans la
population.
Après avoir examiné le mobile spécifique, le ministère public a dit : « Il est établi à charge de Christian Ngoy, Paul Mwilambwe et Jacques Migabo que ce double
assassinat a fait peur à bien de gens. Que la circonstance aggravante soit retenue dans l’application de la peine ». Selon le colonel Makelele, ces trois agents semaient la terreur dans le
quartier «Anciens Combattants» de la commune de Ngaliema, où ils avaient élu domicile. Et la quiétude y est revenue depuis leur départ.
DETOURNEMENT D’ARMES ET MUNITIONS
A son tour, le magistrat colonel Agabu Paryo a abordé la prévention de détournement des armes et des munitions de guerre mise à charge du prévenu Christian Ngoy
Kenda-Kenda seul. A ce sujet, il a précisé que l’agent peut être militaire ou assimilé, et la peine prévue par la loi est de 10 ans de servitude pénale principale.
L’avocat général Agabu a expliqué que la doctrine a tenté d’en cerner les contours, en précisant que cette infraction est commise en vue de se procurer un avantage
illicite au préjudice de l’Etat. Il a aussi expliqué que le détournement est le fait de donner à quelque chose une destination autre que celle initialement prévue. Au vu de cela, le colonel Agabu
a déclaré aux juges que les armes et munitions saisis dans la maison du major Christian Ngoy devaient se trouver au magasin d’armement du bataillon Simba, mais non dans une résidence
privée.
A cet effet, l’organe de la loi a rappelé la déposition du renseignant Ngoy wa Kabila, S4 du bataillon Simba qui s’était ainsi confié à la Cour militaire : « Les
éléments du bataillon Simba étaient venus de la Force aérienne avec leurs armes et munitions ». De son côté, le directeur de la logistique à l’Inspection générale de la Police nationale
congolaise, le général Kabulo, a affirmé devant la Cour qu’il n’a jamais doté ce bataillon en armes et munitions.
Bien que reconnaissant que ces armes et munitions ont été déplacées avec la bénédiction du général John Numbi, le ministère public a néanmoins fait remarquer que le
commandant du bataillon Simba, qui n’est autre que le major Christian Ngoy Kenda-Kenda, leur a donné une autre destination. Le colonel Agabu Paryo a fini par conclure : « Ces armes avaient été
détournées à dessein ».
Pour terminer, le colonel Agabu a révélé aux juges militaires qu’avant la fuite du major Christian Ngoy, il y avait l’insécurité totale dans le quartier. Cela, pour
la simple raison que le commandant du bataillon anti-terroriste Simba, qui à vrai dire est un véritable terroriste, possédait chez lui-même des cagoules, des produits toxiques, des fusils, des
grenades et des bombes.