Crée le 22-02-2012- 13h20 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE
PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le mecredi 22-02-2012 - 21H48 AFRIQUE REDACTION PAR :OBSERVATEUR
Au niveau du ministère des Finances, interface des bailleurs de fonds de la RDC, la culture des résultats est une option irrévocable levée pour tous les projets
exécutés en RDC. Lors de la dernière revue conjointe en 2011 de portefeuilles des projets de la Banque mondiale et de la Banque Africaine de Développement, cette exigence pour l’efficacité a été
rappelée aux coordonnateurs de projets soumis désormais à une obligation des résultats.
En phase avec cette recherche des résultats, le ministre des Finances n’entend pas faire dans la demi-mesure. Au regard de la correspondance
N°6349/CAB/MIN/FINANCES/PP/PK/2011 que Matata Ponyo a adressée fin 2011 à son collègue des Travaux Publics, Infrastructures et Reconstruction, Fridolin Kasweshi, il est déploré des méthodes de
management qualifiées d’inefficaces dans le projet Pro Routes.
Le ministre des Finances a écrit à son collègue des ITPR une lettre qui traduit son dépit. «Dans les conditions politiques du moment, le gouvernement ne peut pas se
permettre de maintenir en poste des consultants bien payés et dont la capacité à délivrer n’est pas à la hauteur des défis à surmonter », souligne Matata. Dans un contexte électoral, l’on peut
comprendre cette préoccupation. Il était question de chercher des résultats palpables à brandir à la population pour défendre le bilan des actions du gouvernement, mieux de la majorité. Des
actions réalisées par rapport à la vision des « Cinq chantiers ».
Pour faire concret, Augustin Matata Ponyo énumère une série des faiblesses qu’il met à charge du management de la Cellule Infrastructures qui exécute le Projet
PROROUTES. Financé pour réhabiliter et entretenir plus de 1800 Km de routes prioritaires à travers le pays, ce projet a été lancé en juillet 2008. Il est financé à hauteur de 180 millions de
dollars par la Banque Mondiale et DFID, la coopération britannique. Matata stigmatise particulièrement des faiblesses. « Le manque d’anticipation et de suivi de management de la Cellule
Infrastructures qui pose un problème d’efficacité dans la mise en œuvre des activités de ce projet dont le taux de décaissement, à fin septembre 2011, atteignait à peine 27,7% ». Ancien
responsable du BCECO, pionnière et première agence d’exécution des projets créée en RDC, l’argentier national sait de quoi il parle. Il est lui-même très en phase avec les procédures et méthodes
de travail des bailleurs de fonds, notamment de la Banque mondiale, principale bailleresse des fonds de Pro Routes.
Selon les informations disponibles qui circulent sur ce dossier, la Banque mondiale avait déjà sonné l’alarme en son temps. La première fois, c’était au cours d’une
mission de supervision courant décembre 2008 à l’issue de laquelle l’aide-mémoire de la mission attirait déjà l’attention des décideurs sur les faiblesses managériales de la coordination de la
Cellule Infrastructures. La seconde fois, La Banque va remettre sur le tapis ces faiblesses lors de la revue de performances du portefeuille d’octobre 2011 pour confirmer ses appréhensions,
surtout que le décaissement, indicateur essentiel du projet, accusait le coup des contreperformances du leadership de la cellule.
Cet aide-mémoire était adressé au gouvernement, par le biais du ministère des Finances et du département sectoriel des Infrastructures, comme à la fin de chaque
mission des experts de la Banque à Kinshasa. Elle n’a suscité aucun écho de la part du cabinet des TP. A en croire les mêmes sources, le cabinet du ministre des ITPR a, en ce qui le concerne, une
autre appréciation des réalisations du management du Projet Pro Routes. Cette tendance a été confirmée lorsqu’à la fin de son contrat, le 15 octobre 2011, le cabinet Kasweshi a demandé à
prolonger le mandat du coordonnateur grâce à un avenant au contrat. La Banque Mondiale n’a pas apprécié, dit-on, et s’en est remis au ministre des Finances. Ainsi, s’explique la démarche
entreprise par Matata Ponyo qui se charge ainsi d’attirer l’attention de son collègue sur la recherche des résultats et de l’efficacité.
Au-delà des faiblesses reprochées, le ministre Matata fait de l’obligation des résultats un leitmotiv. Parce qu’il s’agit, selon lui, d’aider «le Chef de l’Etat à
répondre aux impatiences de la demande sociale qui se sont exprimées très clairement lors des récentes élections présidentielles ». L’obligation de rendre compte de la gestion au souverain
primaire au terme des échéances fixées est aujourd’hui un exercice incontournable, et auquel on ne peut plus s’exonérer comme autrefois. L’amélioration des conditions de vie des Congolais est la
raison d’être des projets mis en œuvre avec l’assistance des bailleurs. C’est l’Alpha et l’Omega dans l’exécution des projets, dit-on. Pour ce faire, la création d’une cellule chargée de
l’exécution, du suivi et de l’évaluation des projets au niveau du ministère des Finances, est un signal clair lancé sur les attentes du gouvernement et mais aussi des bailleurs. La tenue des
réunions régulières entre le ministre des Finances et les coordonnateurs des agences d’exécution de projets participe à cette volonté et à la culture des résultats mise en place.
Implacable et précis, le ministre Matata ne verse pas dans la langue de bois dans cette lettre à son collègue. « je voudrais saisir l’opportunité de la présente
pour vous inviter à tirer froidement les conséquences du manque de pro activité et d’efficacité de l’équipe de gestion du PROROUTES pour non seulement limiter les avenants en cours de négociation
sur les contrats du Coordonnateur et du Coordonnateur Adjoint à une période maximale de 3 mois, mais aussi à mettre à profit cette période pour lancer le processus de recrutement de leurs
remplaçants ». La chute ne s’accommode pas d’états d’âme : « je serai à vos côtés pour soutenir toute initiative visant à renforcer le management du PROROUTES ».
A tout prendre, la balle se trouve maintenant dans le camp du ministre Fridolin Kasweshi. Comment va-t-il réagir ? C’est difficile de le prédire. Dans le sens
indiqué par son collègue, c’est-à-dire en privilégiant la recherche des résultats ? Ou en laissant perdurer le statu quo ? Dans l’hypothèse où rien n’est fait, l’on peut croire qu’il y a des
incohérences et des agendas opposés entre d’une part le ministère des Finances et de l’autre le ministère sectoriel de tutelle. Il va falloir harmoniser les vues pour faire avancer la qualité du
management des projets exécutés en RDC.
En définitive, pour plusieurs observateurs le retour de Matata des soins en Afrique du Sud, annoncé pour les jours à venir selon des sources concordantes, peut
faire évoluer ce dossier. Les perspectives dans ce projet s’annoncent houleuses.
Didier Munsala Buakasa