Créé le 01-06-2011 à 09h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le MERCREDI 01- 05-2011 | 14H15| AFRIQUE REDACTION PAR : LE POTENTIEL
Le gouvernement n’a pas tiré les leçons de l’expérience malheureuse du démantèlement de la Générale des carrières et des mines (Gecamines). A l’avantage du Code
minier de 2002, la Gecamines, alors géant minier de la RDC, a été réduite en pièces, en s’ouvrant au partenariat avec des privés. Comme si cela ne suffisait pas, aujourd’hui, le projet du Code de
l’électricité, en examen au Parlement, prépare le matelas au dépeçage de la Société nationale de l’électricité (Snel). Avec la privatisation annoncée de cette entreprise du portefeuille de
l’Etat, c’est le bradage du site hydroélectrique d’Inga qui est visé.
Ce qui se passait dans le secteur minier, est en voie de se répéter dans le secteur énergétique. Les leçons sont loin d’avoir été tirées. Le même schéma est en
vigueur dans le secteur de l’énergie. En effet, pour arriver au démantèlement de la Gecamines, le gouvernement avait pris le soin de se doter, en 2002, d’un nouveau Code minier. C’est par ce Code
minier qu’est arrivé tout le mal de la Générale des carrières et des mines (Gecamines).
S’appuyant sur le Code minier, la Gecamines s’est ouverte à divers partenariats dans l’opacité la plus totale. Des contrats et conventions ont été signés dans
l’irrégularité la plus totale.
En 2007, le gouvernement s’est rétracté en amorçant, sans convaincre, la revisitation de certaines conventions et contrats miniers signés par la Gecamines. Ce
sursaut d’orgueil n’a pas eu d’effet sur le sort de l’entreprise. Pour le géant minier du Katanga, la sentence était déjà prononcée. Ainsi, des «mining» ont poussé partout au Katanga comme des
champignons sur ses cendres. La Gecamines des années 1990, avec des pics de production de 400.000 tonnes, n’était plus qu’un vieux souvenir.
SUR LE SCHEMA DE LA GECAMINES
Visiblement frappé d’amnésie, le gouvernement s’apprête à faire subir le même sort à la Société nationale de l’électricité. Comme avec la Gecamines, le mode
opératoire est le même. Tout commence par l’adoption d’une nouvelle législation du secteur, puis vient la phase opérationnelle du démantèlement. Un dépeçage en règle.
Pour le cas de la Snel, la présentation par le gouvernement d’un projet de Code de l’électricité suit la même voie. Une machine bien huilée, préalablement pensée et
mise en application de manière quasi-automatique. D’ailleurs, le ministre de l’Energie n’a pas caché les intentions du gouvernement lors de la présentation de ce projet à la plénière de
l’Assemblée nationale. Tout est fait, a semblé dire le ministre, non seulement pour redynamiser le secteur, mais surtout pour aboutir à la privatisation de la Snel.
Avait-on pris soin, dès lors, d’interroger le sort réservé à la Gecamines en empruntant la même voie ? C’est tout le nœud du problème.
INGA SUR LA LIGNE DE MIRE
En réalité, les problèmes que connaît la Snel actuellement remontent à des décennies. La megestion, caractéristique principale de la conduite des affaires à la
Snel, est l’œuvre des politiques déterminés à réaliser le macabre projet du démantèlement de la poule aux œufs d’or. Certes, la poule aux œufs d’or, la Snel l’est à plus d’un titre. D’abord, le
barrage hydroélectrique d’Inga avec une capacité installée de près de 1.700 MW est un atout qui fait baver. Tous les vautours rodent déjà, pour prendre possession de cette importante unité de
production. Il est vrai que les problèmes de réhabilitation de l’ensemble de groupes se posent avec une rare acuité. L’unique machine actuellement en état d’inspirer confiance à Inga II où sont
installées les machines les plus puissantes, plus ou moins 175 MW par unité) est le G23 réhabilité avec l’appui financier de la canadienne MagEnergy.
Cette firme était contrainte de débarrasser le plancher à la suite des intrigues politiciennes ayant pour fonds des commissions ! Le projet s’est arrêté net. Les
miniers et la Banque mondiale qui devraient prendre le relais traîneraient encore les pieds pour des raisons difficiles à comprendre. First Quantum qui avait gagné l’un des marchés n’étant plus
en odeur de sainteté en RDC. Adieu vaux, vaches, cochons et couvées !
Il va de soi que la réhabilitation des groupes de l’ensemble du site d’Inga permettra à la RDC de se doter des moyens adéquats pour faire face aux besoins vitaux de
l’expansion de son économie. Par ailleurs, la tentative amorcée avec le projet Westcor ayant accouché d’une souris, des sources renseignent que le Sud africain Zuma aurait décidé de passer à la
vitesse supérieure. La crise énergétique de son pays devrait trouver solution grâce au nucléaire. Le drame de Fukushima au Japon fait désormais réfléchir les décideurs à tous les
niveaux.
L’électricité propre et bon marché d’Inga devient alors un enjeu stratégique majeur. «Le coût de l’électricité produite par les grandes centrales hydroélectriques
dotées des turbines modernes s’élèvent en moyenne entre 1 et 4 cents de dollar US/KWH, et celui de Grand Inga serait de 1 à 1,3 cents/KWH, très inférieur au coût à partir d’autres ressources, le
tiers du coût de charbon, le quart du coût du gaz naturel et le quinzième du coût du fuel», indique le magazine African Bussiness. Une aubaine, face à la crise énergétique et au risque nucléaire
d’autant plus que sur le plan écologique, il n’y aurait aucune émission de gaz à effet de serre.
La rentabilité de ce projet de 80 milliards Usd dépend finalement de la détermination de la partie congolaise d’aller de l’avant, en rassurant les partenaires. Rien
n’oblige la RDC à se débarrasser de cette manne au profit des vautours. Procéder comme actuellement dans le projet Inga III démontrerait le peu d’intérêt pour la RDC de prendre sa place de leader
dans le secteur énergétique.
De même le dépeçage de la Gecamines ne profite pas à la nation congolaise. La production de 510.000 tonnes dépasse le pic de la Gecamine d’alors qui était de
400.000 tonnes l’an. Personne ne pourrait, pour autant soutenir que le budget national reçoive un financement de plus de la moitié du secteur minier. Les exploits de l’époque appartiennent donc à
l’histoire. Le dépeçage de la Gecamines n’a pas profité à la RDC. Bien au contraire.
La Snel qui est visée par la privatisation devrait-elle subir le même sort que la Gecamines dans l’indifférence totale des Congolais ? Bien sûr que non. Le souci de
tous les Congolais, à commencer par le gouvernement, est de tirer un maximum de profit de ce potentiel. Un pari qu’il faut prendre au bénéfice des générations actuelles et à venir.
Des milliards de dollars américains qui sommeillent à l’état sauvage sous force de puissance hydrique ne laisseront pas le monde indifférent pendant longtemps
encore. De gré ou de force, la RDC sera contrainte de s’ouvrir. Aussi, en lieu et place de subir les événements, il est temps de les précéder par une vision ambitieuse. Construire le plus grand
barrage du monde avec près de 40.000 MW est un challenge qu’il faille entamer déjà sans attendre. Ce rêve fou ne doit pas être hypothéqué maintenant. Les générations futures seraient sévères. Ce
qu’il faut faire c’est de planter le décor.
Le Code de l’électricité doit ainsi viser la libéralisation du secteur, sans nécessairement passer par le démembrement de la Snel. Le volet production
hydroélectrique ou gazière ne peut être confié à des privés. Mais, le transport et la distribution peuvent être accordés à des privés qui en ont les capacités.
Les difficultés conjoncturelles actuellement constatées à la Snel sont imputables au management politisé à outrance. Il n’y a pas de place pour la politique
politicienne dans une entreprise aussi technique que la Snel. Aussi curieux que cela puisse paraître, la soupe noire servie depuis un temps, a pu remettre sur la table les agendas cachés de la
privatisation. Tout est malheureusement fait, pour démontrer l’incapacité de l’Etat à gérer une entreprise stratégique de la taille de la Snel. Tout cela pour justifier la privatisation à
laquelle la transformation issue de la réforme des entreprises publiques et le Code de l’électricité sont des instruments destinés à réussir, en toute légalité ce hold-up.
L’heure est venue de ne point poursuivre un processus visant le bradage des intérêts vitaux de la république. La Snel est en péril particulièrement le site d’Inga.
Il faut ouvrir l’œil et le bon.