Créé le 03-06-2011 à 10h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le JEUDI 03- 06-2011 | 20H15| AFRIQUE REDACTION PAR :CONGOINDEPENDANT
Pendant que les politiciens sont occupés dans le lenderneau politique kinois à faire de la «musculation» avant de se lancer dans leur jeu favori de la course au
pouvoir, des millions de citoyens de la RD Congo de la partie orientale du pays vivent dans la peur. La peur face aux «hommes armés» qui répandent la violence. Devant l’apathie des pouvoirs
publics, des activistes de la société civile ont adressé un «ultimatum» aux autorités provinciales. Seront-ils entendus ?
A Bukavu, des activistes de la société civile ont décidé de conjurer la résignation. Dans une pétition datée du 24 mai 2011, ils ont interpellé les autorités
provinciales sur «l’insécurité» qui règne à Bukavu et dans les territoires de cette partie du pays. Une insécurité qui se traduit par des «tueries» frisant une campagne de «terrorisme». Ces faits
criminels sont attribué à des «hommes armés non autrement identifiés» ou encore à des miliciens des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda).
Manque de volonté politique
Les signataires se posent des questions sur l’impact que ces actes d’incivilité pourraient avoir sur le déroulement des opérations de révision du fichier électoral.
Et de fustiger au passage «l’inaction» des éléments des Forces armées de la RD Congo. Le même reproche est adressé aux agents de la police nationale. Inutile de dire que les auteurs présumés de
cette délinquance jouissent de l’impunité. Dépités, les initiateurs de cette pétition ont lancé un «ultimatum» aux autorités provinciales. Celles-ci ont «quinze jours» pour identifier et
«sanctionner sévèrement» ces délinquants.
Au-delà de son caractère symbolique, la démarche de ces acteurs de la société civile constitue un véritable cri de détresse qui vient enfoncer le clou planté
notamment par Denis Mukwege dans un entretien au «Soir» de Bruxelles. Médecin-gynécologue à l’hôpital de Panzi à Bukavu, Dr Mukwege vit au quotidien - à travers ses patientes - les effets
néfastes de l’insécurité prévalant au Sud Kivu. Pour lui, cette situation est imputable au «manque de volonté politique» de la part des dirigeants congolais. Un avis partagé d’ailleurs par le
sénateur Florentin Mokonda Bonza qui a estimé dans une interview au «Potentiel» que le gouvernement a été incapable d’instaurer la paix. Et ce, depuis l’investiture du président élu «Joseph
Kabila» à ce jour. Mokonda est allé plus loin en relevant qu’«en dépit de l’existence des forces de sécurité, le gouvernement n’a pas démontré sa détermination à vaincre les groupes armés ou à
négocier avec eux pour le rétablissement d’une paix durable.» Comment ne pas donner raison à ceux qui soutiennent, plus à raison qu’à tort, que la présence des groupes qui écument cette région
est devenue «un véritable fonds de commerce» pour certaines milieux aussi bien étrangers que congolais ?
La «guerre des Banyamulenge»
Au départ, deux événements ont enclenché la déstabilisation des deux provinces du Kivu. Primo : l’assassinat du président burundais Melchior Ndadaye en octobre
1993. Secundo : la destruction en vol de l’avion qui transportait le président rwandais Juvénal Habyarimana et son homologue burundais Cyprien Ntaryamira. C’était le 6 avril 1994. Dans les deux
cas, il y a eu un afflux massif des réfugiés Hutu burundais et rwandais sur le sol congolais exportant ainsi le conflit ethnique prévalant dans ces deux pays. Les exilés hutus ont commencé à s’en
prendre aux Tutsi du Congo-Zaïre. Ce dernier fait a servi de détonateur à la guerre civile au Rwanda.
Après la prise du pouvoir par le Front patriotique rwandais (FPR), les relations entre Kinshasa et Kigali n’ont pas cessé de se détériorer jusqu’au déclenchement de
la prétendue «guerre des Banyamulenge» en octobre 1996. En mai 1997, Laurent-Désiré Kabila est porté au pouvoir suprême avec l’aide des armées rwandaise et ougandaise. Après la rupture, fin
juillet 1998, entre LD Kabila et ses parrains rwandais et ougandais, les provinces du Kivu et la Province orientale sont occupées par les forces régulières de ces deux pays voisins jusqu’à la
mise en place des institutions de transition fin juin 2003.
Pendant plus de cinq ans, la partie orientale de la RD Congo sera occupée et pillée. Le Rwanda et l’Ouganda n’ont jamais fait mystère de leurs appétits
expansionnistes sur ces régions. La naissance du «phénomène Laurent Nkunda» et son CNDP (Congrès national pour la défense du peuple) en juin 2004 n’a pu naître qu’avec le soutien militaire du
Rwanda de Paul Kagamé en dépit des dénégations peu convaincantes de celui-ci.
«Capitulation» à Mushake
En octobre 2008, c’est la débâcle des FARDC face aux «combattants» du CNDP ou plutôt des soldats rwandais lors de la bataille de Mushake. C’est le point de départ
d’une capitulation qui ne dit pas son nom. L’Etat congolais a de facto abandonné sa souveraineté au profit des groupés armés internes et étrangers. Le 5 décembre 2008, «Joseph Kabila» fait
contresigner à un Kigali un «plan militaire conjoint» ayant pour objet le désarmement des Hutu des FDLR par les armées de deux pays. C’est le lancement de la nébuleuse opération «Umoja Wetu». Une
opération qui a permis une «occupation en toute légalité» des provinces du Kivu par les forces armées rwandaises camouflées en combattants du CNDP.
Selon des voyageurs en province du Sud Kivu, des militaires rwandais sont présents à Bukavu au vu et au su du gouverneur de province, le PPRD Marcellin Cishambo
Ruhoya. «Joseph Kabila» pourrait-il ignorer cette situation ? Des voyageurs en province du Nord Kivu ne disent pas autre chose. Selon eux, plusieurs localités de cette région seraient contrôlées
par des «officiers CNDP». C’est le cas notamment de Butembo, Beni, Lubero, Kiwanja et Kurumba.
«Le Congo n’est pas le Rwanda»
Signalons que les officiers proches de «Joseph Kabila» ont été maintenus au Kivu en dépit de leur incompétence avérée dans la conduite de la guerre contre le CNDP.
C’est le cas notamment du colonel Delphin Kahimbi et du général « Vainqueur » Mayala. Etiqueté maï maï, Kahimbi passe pour un intouchable. Il ne recevrait ses ordres que du «commandant suprême»
en personne. Chef d’état-major de la Force terrestre, le général Amisi Kikumba, alias «Tango fort», a été cité parmi les responsables militaires tirant profit de l’exploitation minière. L’homme
est un des «protégés» du «raïs».
Dans une déclaration datée 17 janvier 2009, des députés nationaux originaires du Sud Kivu dénonçaient les tractations entre Kinshasa et Kigali. Des observateurs
notent que l’insécurité ambiante rappelle le climat qui a prévalu au Rwanda à la veille de la dernière élection présidentielle «remportée» par Kagame. Un activiste de la société civile joint au
téléphone à Bukavu de tonner : «Joseph Kabila pourra réaliser très bientôt que le Congo n’est pas le Rwanda. Les deux pays n’ont pas la même histoire post-coloniale." Rodomontade? Et de conclure
: "Les opérations "Umoja wetu" et autre "Kimya" n’étaient qu’un alibi pour donner l’onction de la légalité à l’infiltration des soldats rwandais sur le sol congolais. Ce sont ces soldats qui
terrorisent la population...".
Issa Djema/B.A.W
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