Créé le 04-06-2011 à 10h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le SAMEDI 04- 06-2011 | 17H45| AFRIQUE REDACTION PAR :LE POTENTIEL
Floribert et Fidèle, un an déjà ! Le 1er juin 2011, jour de la commémoration du premier anniversaire de l’assassinat de ces deux défenseurs des droits de l’Homme,
l’abbé Jean-Paul Lwanga a prononcé une homélie émouvante en leur mémoire.
Le mercredi 1er juin 2011 est un jour ordinaire, mais pas pour les organisations de défense des droits de l’Homme. Après avoir été au cimetière de Benseke Futi/
Nouvelle cité où Floribert Chebeya Bahizire – l’homme qui plaidait pour les sans voix – repose désormais pour l’éternité, ils se sont dirigés à la cathédrale Notre-Dame de Lingwala. Où devait
être célébré le culte d’actions de grâce. Il y avait là des hommes politiques congolais de toutes tendances, certaines autorités haut placées, ainsi que des ambassadeurs des pays amis.
A cette occasion, l’abbé officiant, le recteur Jean-Paul Lwanga, a prononcé une homélie pathétique pour ces deux humains qui ont été fauchés sur la route de leur
destin.
S’adressant aux députés, aux sénateurs, aux membres du gouvernement et aux représentants des missions diplomatiques, il a dit que son homélie est le fruit d’une
méditation qu’il aurait voulue silencieuse. Et il a ajouté : « Je voudrais tout simplement, pour ceux qui ont cru en ce qu’ils faisaient, croire en leur résurrection. Nous apprenions, il y a une
année, le décès de Floribert ; et plus tard celui de son chauffeur ».
Au sujet de cette triste fin, l’abée a ainsi extériorisé son indignation : «Ils sont morts dans des circonstances que je ne me rappelle plus ici, ils sont morts
comme ça… Mon paroissien de Sacré-Cœur m’a dit : ‘’J’essaie de comprendre, mais je ne comprends pas’’. Comment comprendre ? Ils sont morts comme ça, brutalement, brusquement ; Floribert et Fidèle
sont partis… ».
Pour Foribert et Fidèle, a déclaré l’abée Lwanga, la mort est venue comme une fatalité. Après les tortures, la mort s’ensuivit, brutale et inaudible. D’une voix
grave, l’abée a ainsi stigmatisé le mal qui mine la République démocratique du Congo : « Notre douleur est à la hauteur de la dérision, cette dérision qui s’est installée chez nous comme une
culture. Pour une mort éclair, frustrante, horrible, on parle d’une crise cardiaque. Tout cela paraît absurde. Face à cette brutalité, cette barbarie, Floribert et Fidèle n’ont bénéficié d’aucune
circonstance atténuante. C’est là la folie humaine, la folie congolaise, qui est une dégénérescence ».
Ces deux morts, a stigmatisé l’officiant de la messe, sont le résultat d’une dérive, politiquement bête, économiquement stupide, spirituellement débile. Et il s’est
ainsi adressé à l’assistance : « Chers frères et sœurs, on ne tue pas Floribert et Fidèle comme ça. Face à la fragilité de l’existence humaine, il faut centrer notre vie sur l’essentiel : nul ne
connaît ni le jour ni l’heure. Ils avaient centré leur vie sur leur désir de servir leur peuple, et ils ont connu une mort déraisonnable. Jésus-Christ a connu le même sort, il y a 2.000 ans
».
Ainsi, a-t-il précisé, ils deviennent le symbole de la résistance et de la lutte, le symbole du courage, de leur fidélité dans une société bloquée et en panne. Mais
malgré cela, il s’agit d’aimer, d’aimer toujours, de pardonner, de pardonner quand même. De plus en plus pathétique, l’abée a demandé : « Qui soignera les blessures des veuves, des frères et
sœurs, de ces petits qui sont les sans voix ? Qui soignera les plus démunis, ici comme ailleurs ? » En guise de réponse, l’abée recteur a noté qu’il y a l’assurance de la résurrection, et Dieu
n’abandonne jamais les siens.
Après avoir affirmé que Floribert et Fidèle sont victimes de la mégalomanie de quelques insensés, il a ainsi conclu : «Que les éclairs de la vie céleste inondent la
méchanceté de la vie humaine. Prions pour les deux défenseurs des droits humains, victimes de la barbarie et de la violence aveugle ».
Il faudrait noter qu’après le culte, il y a eu la remise solennelle du Prix Floribert Chebeya Bahizire pour les droits de l’Homme en République démocratique du
Congo, édition 2011. Ce premier prix a été décerné à titre posthume à Floribert Chebeya par M. Hamza Oyoko, président du Conseil d’administration du Réseau national des organisations non
gouvernementales de défense des droits de l’Homme de la République démocratique du Congo (RENADHOC). Ces mots y étaient inscrits : « Restez l’encadreur de tous les hommes ». C’est Mme Adélaïde
Chebeya, sœur du défenseur des droits de l’Homme assassiné, qui a réceptionné le prix, sous les pleurs de leur mère.