Créé le 13 -06-2011 à 09h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le LUNDI I 13- 06-2011 | 13h43| AFRIQUE REDACTION PAR : AFRICANEWS
Sensés siéger à l'Assemblée nationale au nom de leurs électeurs, les députés donnent de plus en plus la preuve, sinon de méconnaître leur mission, du moins
d'ignorer totalement qu'ils ont le devoir de défendre les intérêts de ce même peuple. De plus -et cela semble évident-, dire que les élus, dans leur majorité, ne s'embarrassent pas de connaître à
fond la loi sur l'organisation et le fonctionnement de leur institution, est une lapalissade.
Pas plus tard que samedi dernier, à la suite d'un article paru la veille dans CONGO NEWS dénonçant l'absentéisme des députés aux séances plénières de la session de
mars en cours, les élus se sont empressés de mettre en place une commission parlementaire aux allures de tribunal chargée d'identifier et sanctionner gorge profonde, la source qui a fait parvenir
le document du relevé des présences des députés au journal incriminé. Ce tribunal illégal au ton comminatoire commence son sale boulot par la convocation du directeur de CONGO NEWS, notre ami et
confrère Michel Mukebayi Nkoso. Ses juges qui ne sont autres que les représentants des groupes parlementaires conduits par le FONUS Emery Okundji, exigent le nom de sa source, en violation de la
déontologie et de l'éthique du métier de journaliste qu'ils sont censés, en leur qualité de législateurs, promouvoir et protéger. Devant la résistance de leur interlocuteur qui s'est présenté
plus par égard et courtoisie, l'initiative a tourné court. Dans ce conflit ouvert entre liberté et responsabilité, entre démocratie et sécurité, on peut à nouveau se demander ce qui du droit des
citoyens à être complètement informés et du droit des élus du peuple à garder secrets certains de leurs faits et gestes doit l'emporter ? Disons tout de suite que si l'Assemblée nationale existe,
c'est en vertu de la volonté du peuple RD-congolais, dont les journalistes qui ont accordé leurs suffrages à ses membres. Dès lors, quoi de plus normal que de simples représentants rendent compte
du travail qui leur confère la légitimité de siéger à la chambre basse du Parlement et de jouir des immunités de fonction? L'on peut aussi s'interroger sur l'interprétation qu'ont nos élus de
différents textes, non seulement du règlement intérieur de leur chambre, mais aussi et surtout du droit à l'information reconnu à tout citoyen par la Constitution, chapitre 1, article 24 sur les
droits humains, les libertés fondamentales, les devoirs des citoyens. Par maladresse, méconnaissance, ignorance de la mission ou arrogance, les députés se sont arrogé le droit de convoquer un
journaliste pour l'entendre sur la provenance de l'information qu'il a livrée au public. Un dangereux précédent, qui fait craindre les pires dérapages. L'acte posé par les députés RD-congolais
dénotent leur mépris envers les journalistes et leur refus délibéré de reconnaître son droit à protéger ses sources, qui peut tout aussi bien être le député lui-même, ce qui constitue le socle
même du métier d'informer tel que consacré à travers le monde. S'il en était encore besoin, cette affaire illustre à suffisance la médiocrité tant décriée de notre classe politique. Il n'est dès
lors pas étonnant de se voir exiger une accréditation pour couvrir les activités de l'Assemblée nationale ou voir cette dernière traîner les pieds pour investir le CSAC.
Jean-Marie Kapongo