Créé le 16 -06-2011 à 09h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le JEUDI I 16- 06-2011 | 12h43| AFRIQUE REDACTION PAR : LE POTENTIEL
La ville de Kinshasa connaît une recrudescence du banditisme urbain appelé phénomène « kuluna » (des bandits de grand chemin : NDLR) ces derniers temps. D’où vient
ce phénomène et comment a-t-il pris de l’ampleur au point d’inquiéter tout le monde : population et gouvernants ? Autant de questions que l’on se pose.
L’homme naît bon mais la société le corrompt, a dit Jean-Jacques Rousseau, le préromantique français.
A l’origine du phénomène « kuluna » se trouve la dégradation des conditions de vie de la population. Le lendemain n’étant plus sûr, les gens ont commencé à vivre de
la débrouille, même ceux qui ont un emploi mais dont le salaire est dérisoire ou hypothétique. Beaucoup de travailleurs se retrouvent dans la première catégorie. Conséquence : des mariages se
disloquent et les enfants, soustraits de la vigilance parentale, préfèrent vivre dans la rue et gonfler les rangs des enfants en rupture avec la famille, communément appelés « shegués
».
Grandissant dans la rue où ils vivent dans un environnement dégradé et avec des gens aux mœurs légères, ils apprennent à commettre des actes répréhensibles par la
loi. Au fil du temps, ils passent aux actes.
Autres canaux à la base du phénomène « kuluna » : la télévision et la vidéo. La télévision, contrairement à ce qui se passe sous d’autres cieux, diffuse des images
des arts martiaux en République démocratique du Congo, sans tenir compte de la vulnérabilité des enfants. Ces derniers imitent facilement ce qu’ils voient ou entendent.
Comme la télévision, la vidéo diffuse des images analogues. A ces canaux s’ajoute la consommation des drogues et des boissons à forte dose d’alcool, notamment «
supu na tolo ».
A ses débuts, le phénomène « kuluna » était caractérisé simplement par des actes de vandalisme, marqués par la destruction des biens d’autrui. Preuve : lors des
pillages du tissu socioéconomique survenus en 1991 et 1993 dans la ville de Kinshasa, aucune arme, de guerre ou blanche, n’avait été utilisée par les civils.
Au fil du temps, les délinquants ont opté pour des méthodes fortes, caractérisées par une cruauté inouïe. D’abord, par l’utilisation de tessons pour blesser leurs
victimes dont certaines ont succombé des suites de leurs blessures. Ensuite, c’était la place à l’usage des armes blanches dont la machette. Une pratique qui était loin d’épouser les mœurs
congolaises. Ils n’hésitent pas à donner des coups de machettes aux gens qu’ils croissent sur leurs chemins pour s’accaparer de leurs biens, notamment les appareils de téléphone portable, de
l’argent, des bijoux, etc. Les vols avec violence sont enregistrés dans plusieurs communes de la ville de Kinshasa.
Outre les communes de Matete et les quartiers Yolo Nord et Sud (commune de Kalamu), le phénomène « kuluna » est enregistré d’abord dans les quartiers non urbanisés
tels que Camp Luka (Ngaliema) et Kingabwa (Limete). Les délinquants profitent de l’obscurité pour commettre leurs forfaits.
Le phénomène a ensuite gagné les quartiers populaires urbanisés, bien qu’éclairés.
Aujourd’hui, aucune commune de la capitale n’est épargnée par le phénomène « kuluna ». Les communes de Kasa-Vubu et Bandalungwa, considérées comme oasis de paix,
sont aujourd’hui confrontées à cette pieuvre.
Les délinquants, dont l’âge varie entre 15 à 35 ans, ne choisissent par leurs victimes. Hommes et femmes, toutes catégories et tous âges confondus, sont sous leur
coupe.
Il y a quelques années, le gouvernement central avait décrété une guerre contre ces délinquants de tout bord. Un battage médiatique avait été mené autour de cette
guerre, visant à dissuader ceux qui voulaient devenir des « kuluna ». Des délinquants arrêtés en flagrance étaient jugés en audiences foraines. Reconnus coupables, certains ont été acheminés à
Buluwo (Katanga) pour purger leur peine d’emprisonnement, souvent lourde. D’autres dans les prisons basées à EKafela, à l’Equateur, et à Angenga, en Province Orientale.
Mais quelques années plus tard, le phénomène « kuluna » a repris avec force dans la capitale. Des audiences foraines sont organisées depuis quelque temps, dans le
but est de dissuader les potentiels kuluna en gestation, selon le gouvernement central.
La lutte contre les « kuluna » est loin d’être gagnée…